Le monde s’interroge sur la quatrième dose

Tel-Aviv, le lundi 28 mars 2022 – Les premières données scientifiques confirment l’efficacité de la 4ème dose, mais médecins et politiques restent prudent sur la question.

Comme toujours depuis l’arrivée des premiers vaccins contre la Covid-19 en décembre 2020, Israël aura été un pionnier. Le 31 décembre dernier, l’Etat hébreu est devenu le premier pays à administrer une quatrième dose de vaccin aux personnes âgées de plus de 60 ans.

Trois mois plus tard, 735 000 Israéliens ont reçu un deuxième rappel vaccinal, soit 40 % de la population âgée de plus de 60 ans.

78 % de risque de décès en moins avec quatre doses

Les scientifiques locaux sont donc déjà en mesure d’évaluer l’efficacité de la quatrième dose en population générale. A première vue, les résultats semblent sans appel. Selon une étude menée auprès de 560 000 patients (330 000 avec quatre doses et 235 000 avec trois doses), l’administration d’une quatrième dose diminue de 78 % le risque de décès comparé à seulement trois doses. Mais les auteurs de l’étude reconnaissent certaines limites à leur évaluation, notamment le fait qu’elle a été réalisé sur une période courte (seulement 40 jours) et qu’ils n’ont pas pu comparer la protection apportée par une quatrième dose et celle due à une précédente infection.

Comme souvent depuis le début de la vaccination de masse, les pays occidentaux ont suivi l’exemple israélien et ont tour à tour lancé une nouvelle campagne de vaccination de rappel à destination des personnes les plus âgées. C’est le cas notamment en Espagne, en Suède, en Australie et au Royaume-Uni. En France, l’administration d’une nouvelle dose de rappel aux personnes de plus de 80 ans et aux résidents d’Ehpad qui ont reçu leur dernière dose depuis au moins 3 mois a commencé le 14 mars après une décision gouvernementale. Dans un avis publié le 18 mars, la Haute Autorité de Santé (HAS) a en partie pris le contre-pied de cette décision, préconisant que la quatrième dose puisse être administrée à toutes personnes de plus de 65 ans à risque de forme grave, mais seulement 6 mois après la précédente injection.

Attention à la fatigue vaccinale

Alors que le nombre de contaminations augmente dans de nombreux pays en raison du variant Omicron BA2, certains se demandent s’il ne serait pas préférable d’étendre encore plus cette nouvelle vaccination. C’est le cas aux Etats-Unis, où la FDA, l’agence du médicament américaine, s’apprêterait à recommander une nouvelle injection pour tous les Américains de plus de 50 ans (contre 65 actuellement). Une décision loin de faire l’unanimité outre-Atlantique. « Nous n’avons aucune preuve définitive que donner une deuxième dose de rappel aux personnes âgés est nécessaire » estime Celine Gounder, professeur d’infectiologie à New York, qui considère que les données israéliennes ne sont pas suffisantes pour justifier cette nouvelle vaccination.

La question d’étendre le bénéfice de la quatrième dose à tous les adultes se pose cependant. Pour le moment, les scientifiques sont presque unanimes pour considérer qu’aucune donnée ne justifie une telle extension. « Il n’est pas pertinent de recommander actuellement l’administration d’une seconde dose de rappel en population générale » résume la HAS. On se souvient cependant que le même type de discours était tenu lorsqu’une troisième dose commençait à être administrée aux personnes âgées en septembre dernier, avant d’être rendu quasiment obligatoire pour tous les adultes. Le même scénario pourrait se reproduire avec la quatrième dose. Attention cependant à ne pas créer un sentiment de « fatigue vaccinale » et d’induire « un risque de désengagement à l’égard d’une vaccination perçue comme trop fréquente » prévient le Conseil d’Orientation de la Stratégie Vaccinale (COSV).

Quentin Haroche

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