Quatrième dose : le pourquoi d’une campagne qui commence

Paris, le mardi 15 mars 2022 - Comme annoncé par le Premier ministre ce week-end, les personnes âgées de plus de 80 ans et les résidents d’EHPAD (établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes) et d’USLD (Unités de soins de longue durée) peuvent bénéficier d’une seconde dose de rappel de vaccin anti-Covid depuis lundi (la plupart du temps une quatrième injection) 3 mois après le premier rappel.

En cas d’infection survenue plus de 3 mois après le précédent rappel, un deuxième rappel n’est pas nécessaire. En revanche, si l’infection est survenue moins de 3 mois après le premier rappel, un deuxième rappel est nécessaire.

Les résidents des EHPAD et des USLD se verront proposer le deuxième rappel vaccinal directement au sein de leurs établissements, comme pour le premier rappel, selon des modalités qui seront précisées prochainement.

Pour les autres personnes âgées de 80 ans et plus, ce deuxième rappel pourra être effectué soit en centre de vaccination, soit auprès d’un professionnel de santé de ville habilité à prescrire et à administrer le vaccin, dans une officine, un cabinet ou à domicile. Près de 2 millions de personnes, hors résidents des EHPAD et USLD, sont concernées.

Ce deuxième rappel est une recommandation qui ne rentre pas (pour l’heure…) dans le cadre du passe sanitaire (qui s’applique encore dans les établissements de santé).

Cette nouvelle campagne s’appuie sur les recommandations de janvier et février du COSV (Comité d’orientation de la stratégie vaccinale).

Dans ces avis, le COSV rapportait que si plusieurs études internationales et les données d’hospitalisation, d’admission en soins critiques et de décès de la DREES suggèrent que le rappel protégerait efficacement contre les formes sévères, elles montraient également que les formes sévères, depuis les dernières semaines de décembre, sont en légère augmentation chez les 80 ans ou plus qui ont reçu leur dose de rappel plus de 3 mois auparavant.

Une tendance mondiale

Les pays qui recommandent une quatrième dose se multiplient : Israël, la Hongrie, le Danemark, l’Allemagne, la Suède nous ont ainsi précédés…non sans certaines polémiques, en particulier dans l’Etat Hébreu.

Israël a lancé en décembre un essai clinique visant à mesurer la sûreté et l’efficacité d’une quatrième dose de vaccin Comirnarty de Pfizer.

Le 4 janvier 2022, les premiers résultats de cette étude étaient dévoilés : les anticorps des 150 soignants et 120 volontaires y ayant pris part avaient été multipliés par cinq une semaine après les injections.

Cependant, l’hôpital Sheba constatait que si cette quatrième dose de vaccin offrait bien une protection contre les complications graves, les résultats n’étaient toutefois « pas assez bons » en ce qui concerne la protection contre l’infection par le variant Omicron indiquait le Pr Regev-Yochay, coauteure des travaux.

En revanche, selon une étude canadienne portant sur 9000 échantillons de dons de sang, une infection par le variant Omicron pourrait procurer un « dividende immunitaire » offrant une nouvelle protection contre les infections futures, grâce à la mémoire de la protection immunitaire et à un répertoire immunitaire élargi.

L’évolution du COSV

Ainsi, dans le contexte de très forte circulation du variant Omicron, la population pourrait avoir développé une protection suffisante pour lutter contre les futurs variants, « ce qui atténuerait la nécessité d’une seconde dose de rappel vaccinal en population générale » écrivait le COSV en janvier. Compte tenu de ces données, le COSV apparaissait dont réservé à cette date.

Il s’appuyait notamment sur l’avis du Pr Zvika Granot, immunologue israélien à l'Université hébraïque de Jérusalem qui assurait que « l'initiative de commencer une campagne de quatrième dose n'est basée sur aucun essai clinique. Il n'y a aucune garantie que cela soit sans danger ».

Au total, le COSV considérait que les « données disponibles n’appellent pas actuellement à la mise en place d’un second rappel vaccinal, bien que la question soit rendue légitime par le contexte actuel de forte circulation virale ».

Les raisons d’un changement de pied

Mais, fin février, le COSV recommandait cette 4e dose pour les populations retenues par la DGS.

Il s’appuyait pour cela sur les nouvelles conclusions de l’étude Israélienne.

Il apparait en effet que le taux d’infections confirmées pour le groupe ayant reçu un second rappel il y a plus de 12 jours est plus faible d’un facteur 2 comparativement au groupe n’ayant reçu qu’un seul rappel et que le taux de formes sévères pour le groupe ayant reçu un second rappel il y a plus de 12 jours est plus faible d’un facteur 4,3.

A la lecture de ce nouvel avis, le gouvernement a donc décidé d’entrer dans l’ère de la quatrième dose…

F.H.

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Vos réactions (1)

  • Charlatanisme d'état

    Le 19 mars 2022

    Dans votre article vous citez plusieurs pays qui recommandent la quatrième dose appelée 2ème rappel, c'est mieux pour le marketing, probablement élément de langage recommandé par McKinsey. Pouvez vous me préciser les études scientifiques sur lesquelles se basent ces pays pour cette recommandation! Il me semble qu'Israël l'a fait sur une cohorte de 120 soignants et a décidé d'arrêter cette quatrième dose non convaincante. Si j'extrapole, la 5ème en juin, la 6ème en septembre et la 7ème pour passer les fêtes de Noël en famille sinon privé de cadeaux. Le réveil va être douloureux pour certains, mais probablement que certains lecteurs assidus des commentaires ont déjà des études en double aveugle randomisée sur la 7ème dose.

    Dr V Bentolila

    PS: Ah j'oubliais, Bourla nous a promis en avril un vaccin efficace sur tous les variants!! Noël avant l'heure. Je ne sais plus si il faut rire ou pleurer. A l'aide! A noter, à peu près le même nombre de mort en 2020 qu'en 2021, heureusement qu'il y avait le vaccin sinon cela aurait été beaucoup plus grave.

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