Paris, le mardi 5 avril 2022 – Selon les chiffres de l’USPO, ce sont 720 000 doses de vaccin contre la grippe en moins qui ont été dispensées cet hiver.
Les Français seraient-ils touchés par une fatigue vaccinale ? Alors que la plupart d’entre nous se sont faits injectés deux, trois (et même certains quatre) doses de vaccin contre la Covid-19 ces 15 derniers mois, nous avons été semble-t-il moins enclins à nous faire administrer une dose du vaccin contre la grippe cet hiver. Ainsi, selon les chiffres de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), seulement 11,8 millions de doses ont été dispensées en pharmacie lors de la campagne de vaccination 2021-2022 (qui s’est achevée le 28 février dernier), soit 720 000 de moins que l’année précédente.
Augmentation des doses administrées par les pharmaciens
Pour l’USPO, la cause de cet échec relatif de la campagne de vaccination est son démarrage tardif (le 22 octobre 2021, contre le 13 octobre en 2020). Le syndicat rejette ici la faute sur les industriels, qui auraient trop tardé à produire les doses nécessaires, reportant ainsi le lancement de la campagne. Pour éviter de nouveau cet écueil, l’USPO demande donc que la campagne 2022-2023 démarre plus tôt. Le 8 mars dernier, la Direction Générale de la Santé (DGS) a d’ailleurs invité les officines à d’ores et déjà finaliser leurs précommandes de vaccins, pour anticiper toute tension d’approvisionnement en vue du prochain hiver.
Par ailleurs, l’USPO constate que le nombre de doses administrées en officine par les pharmaciens est lui en hausse de 17 % par rapport à 2021, pour atteindre 4,75 millions de doses. La confirmation, pour le syndicat, que les pharmaciens sont devenus des acteurs clés de la vaccination contre la grippe saisonnière et la vaccination en général. Leurs compétences en la matière ont d’ailleurs été étendues par la nouvelle convention avec l’Assurance maladie adoptée le 8 mars dernier. Fort de ce constat, l’USPO demande donc que pour la prochaine campagne vaccinale, les pharmaciens soient habilités à vacciner toutes les personnes de plus de 18 ans dès le début de la campagne de vaccination. En effet, cette année, il a fallu attendre le 22 novembre pour que la vaccination, d’abord réservée aux personnes à risques (notamment ceux âgés de plus de 65 ans) soit étendue à tous les majeurs.
Une épidémie plus tardive qu’à l’accoutumée
L’insuffisance de la couverture vaccinale cet hiver est confirmée par les chiffres de Santé Publique France. Selon l’organisme, au 23 décembre 2021, seulement 77 % des résidents d’Ehpad et 48 % des résidents d’établissements pour personnes âgés hors Ehpad étaient vaccinés contre la grippe saisonnière. Ce chiffre monte certes à 91 % dans les Ehpad ayant terminé leur campagne vaccinale à cette date, mais cela reste inférieur au taux atteint en 2020-2021 (93 % de vaccinés). Les résultats sont encore plus décevants chez les professionnels de santé : seulement 20 % de ceux exerçants en Ephad et 14 % de ceux travaillant à l’hôpital sont vaccinés. Des taux considérés comme largement insuffisants par Santé Publique France.
Les Français les plus fragiles sont donc insuffisamment protégés alors même que l’épidémie de grippe est cette année étonnamment tardive. Selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé Publique France publié mercredi dernier, le virus continue de circuler activement et tous les indicateurs (taux d’incidence des consultations, nombre de passages aux urgences, nombre d’hospitalisations…) sont en nette hausse partout en métropole.
Quentin Haroche
