
Paris, le mercredi 13 avril 2022 - En 2021, 72 782 médecins libéraux ont perçu le forfait structure au titre de l’année 2020, soit une augmentation de 11 % du nombre de bénéficiaires par rapport à l’année précédente. Le montant moyen versé, qui s’établissait à 3885, 82 euros était également en hausse. Les chiffres de 2022 ne sont pas encore connus mais le nombre de praticiens concernés pourrait fortement baisser en 2023.
En effet, « comme prévu depuis l’avenant n°7 signé en juin 2019, l’indicateur « exercice coordonné » devient d’ici fin 2022 un indicateur obligatoire pour percevoir la rémunération forfait structure », rappelle l'Assurance maladie.
Or, certains syndicats alertent : cette règle pénalisera de nombreux médecins, qui n’ont pas pu s’inscrire dans une démarche « d’exercice coordonné » en raison de la Covid.
Seul 1/3 des médecins libéraux en « exercice coordonné »
Ainsi, au 31 janvier de cette année, seuls 38 500 médecins libéraux ont déclaré être en exercice coordonné, dont 25 600 médecins généralistes et 12 900 médecins spécialistes, sur un total d’environ 120 000 médecins libéraux.
Les structures coordonnées sont assez diverses et ont été élargies par la CNAM : CPTS (Communauté professionnelle territoriale de santé), MSP (Maison de santé pluridisciplinaire), ESP (Equipe de soins primaires), ESS (Equipes de soins spécialisés), réunion de concertation pluridisciplinaires régulière protocolisée, participation à un réseau de soins pluridisciplinaire, Asalée, participation aux actions de coordination au sein d’une HAD ou d’un Ehpad.
Coordonné à la monsieur Jourdain
Pour autant, le Dr Luc Dusquenel, président des généralistes-CSMF et en pointe sur cette question, regrette cet aspect formaliste des choses, alors qu’il faut parfois plusieurs mois pour intégrer ce type de structure. Il souligne, auprès d’Egora, une certaine inanité de l’indicateur : « tout médecin libéral se coordonne avec d’autres professionnels de santé… dès le début de son exercice. C’est impossible de travailler tout seul ! Alors que ce n’est pas parce que j’adhère à une CPTS que je me coordonne… »
L’assurance maladie se montre malgré tout intransigeante et pour Luc Dusquenel, cela pourrait avoir de graves conséquences sur la démographie des généralistes de ville. Il souligne : « cette mesure est inapplicable. On ne peut pas supprimer le forfait structure sans risquer de nombreux déplaquages voire une mobilisation de l’ampleur de celle de 2002. Le montant du forfait structure n’est pas anodin pour les médecins généralistes ! ».
A 10 jours du deuxième tour, le gouvernement va-t-il demander à l’assurance maladie de revoir sa copie ? Les paris sont ouverts.
Xavier Bataille