
Lviv, le lundi 2 mai 2022 – Quelques centaines d’habitants de la ville assiégée par les forces russes ont pu être évacués ces trois derniers jours.
« L’évacuation à Marioupol commence à 7 heures ». Pavlov
Kirilenko, gouverneur de la région de Donetsk, a envoyé le message
dans la nuit sur le réseau social Telegram. Et depuis ce lundi
matin, un convoi humanitaire s’organise pour permettre aux civils
piégés dans l’usine Azovstal, dernier bastion tenu par les forces
ukrainiennes dans la ville de Marioupol, de quitter l’enfer. Tout
le week-end, des opérations ont été organisées conjointement par le
Comité International de la Croix Rouge (CICR), l’Ukraine et la
Russie pour évacuer les civils de ce port assiégé par les forces
russes depuis le 24 février et où plus de 20 000 habitants auraient
perdu la vie depuis le début des combats.
« Une véritable catastrophe humanitaire »
« Pour la première fois depuis le début de la guerre, ce couloir humanitaire vital a commencé à fonctionner, pour la première fois, il y a deux jours de vrai cessez le feu sur ce territoire » s’est félicité ce dimanche soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Le chef de l’Etat a précisé que les centaines de civils évacués de Marioupol samedi et dimanche avaient été acheminés vers la ville ukrainienne de Zaporijjia, devenue le point de ralliement des centaines de milliers d’Ukrainiens fuyant les régions occupées par les forces armées russes et que la priorité avait été donnée aux femmes et aux enfants. « La situation est celle d’une véritable catastrophe humanitaire car les gens manquent d’eau, de nourriture et de médicaments » a commenté Iryna Verechtchouk, ministre en charge des évacuations, qui a précisé que « plusieurs centaines de civils restent bloqués à Avostal » aux cotés des derniers soldats ukrainiens défendant l’usine.
Côté russe, le ministère de la Défense affirme, vidéo à l’appui,
que ses forces armées ont également mis à l’abri 80 civils
habitants la ville de Marioupol et les ont acheminés vers la ville
ukrainienne occupée de Bezimennoie, dans le Donbass. « Tous les
civils ont reçu un logement, de la nourriture et l’assistance
médicale nécessaire » assurent les autorités russes, qui ont
précisé que « les civils qui souhaitaient partir vers les zones
contrôlées par le régime de Kiev ont été transférés à des
représentants de l’ONU et du CICR ». Le maire de Marioupol n’a
cependant pas confirmé la tenue de cette opération.
5,5 millions de réfugiés
La mise en place des convois humanitaires, confiée aux organisations humanitaires et en premier lieu au CICR, est particulièrement difficile, puisqu’elle nécessite l’accord des deux belligérants pour un cessez-le-feu. Plusieurs convois ont échoué et ont dû rebrousser chemin au dernier moment et des colonnes de réfugiés ont parfois été pris pour cible par des bombardements.
Au-delà des frontières ukrainiennes, l’urgence humanitaire est
celle de l’accueil des réfugiés. Selon l’ONU, plus de 5,5 millions
d’Ukrainiens (12 % de la population) ont quitté leur pays depuis le
début de l’invasion russe le 24 février dernier. Au sein de l’Union
Européenne, ces réfugiés bénéficient du dispositif de protection
temporaire qui leur permet, pendant une durée de 3 ans maximum,
d’avoir accès aux services de santé et d’éducation, de bénéficier
d’un logement et de pouvoir travailler. Environ 70 000 Ukrainiens
se sont réfugiés en France.
Nicolas Barbet