L’été sera-t-il meurtrier ?

Paris, le vendredi 20 mai – Ces derniers jours, plusieurs services d’urgence (y compris dans des CHU) ferment ou réduisent leur activité. Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers de France, tire la sonnette d’alarme dans Ouest-France et prédit un été « catastrophique ». « Cela va être atroce, du jamais vu. Nous allons avoir des décès inopinés et involontaires (sic) dans les structures. Cela va être renforcé par l’afflux massif de touristes dans des zones balnéaires où les hôpitaux ne fonctionnent plus, ou seulement avec des médecins intérimaires. Pour l’instant, nous n’avons plus de ministre de la Santé, nous sommes entre deux élections et nous savons qu’aucune décision ne sera prise. C’est terrifiant » prévoit-il ainsi.

Le Pr Remi Salomon, président de la CME de l’AP-HP est allé dans son sens, hier, sur France Info « on a un risque imminent de rupture d’accès aux soins. C’est déjà en train de se produire et ça risque de s’aggraver de manière assez considérable pendant l’été, au moment des congés ».

Une centaine de services d’urgence déjà concernés

Les fermetures partielles ou totales concerneraient déjà « une centaine de services d’urgence » sur les 690 que compte la France​, assure Patrick Pelloux.

Pour lui le coupable est tout désigné : « les pouvoirs publics qui veulent créer une situation de chaos pour fermer des structures. Il y a un phénomène de grand renoncement avec des personnels qui sont totalement désabusés et qui n’adhèrent plus à l’idée collective et fédérative qu’est l’hôpital public ».

Pour le patron de l’AMUF, le Ségur n’a rien changé à la désaffection grandissante des soignants pour l’hôpital public, les augmentations de salaire étant « insuffisantes puisqu’elles ne rattrapaient même pas la baisse de pouvoir d’achat des vingt dernières années. Nous sommes toujours le 18e pays de l’OCDE en ce qui concerne le salaire des infirmières » souligne-t-il. Il suggère en particulier « le doublement de la rémunération des gardes de nuit pour les médecins ». Mais tout ne se fera pas avec de l’argent et de dénoncer les féodalités hospitalières et de pointer « nous sommes toujours avec un système de management très archaïque, qui remonte au milieu du XXe siècle et qui repose sur l’humiliation. Nous devons y mettre de la bienveillance avec un management de proximité ».

Tout le monde sur le pont !

Il reprend à son compte l’idée de Frédéric Valletoux sur la permanence des soins ambulatoires (PDSA) obligatoire en ville et va plus loin. « Il faut obliger tous les médecins, y compris des cliniques privés, à participer à la permanence des soins. Les pouvoirs publics ont laissé les chirurgiens quitter le secteur public pour le privé. Aujourd’hui, si vous avez une fracture ouverte, vous ne trouvez personne qui peut s’en occuper. Dans le secteur public, il n’y a pas assez de lits et rarement des chirurgiens. Dans le secteur privé, les chirurgiens travaillent le plus souvent aux heures ouvrables de la semaine. Ils gagnent beaucoup d’argent et cela ne les encourage pas à travailler le soir ou le week-end » détaille-t-il.

Une autre piste serait de réintégrer rapidement les soignants non vaccinés : « nous sommes en pleine tempête, il faut que tout le monde vienne sur le bateau. Nous devons comprendre pourquoi ils ne se sont pas fait vacciner et réfléchir à intégrer le Covid-19 dans l’obligation des vaccins mais, là, tout de suite, il faut les réintégrer ».

Sur le plus long terme, le Dr Pelloux suggère d’augmenter de 50 % le nombre d’étudiants reçus en première année de médecine et de rémunérer les infirmières, les aides-soignants et les ambulanciers quand ils sont dans leur deuxième ou troisième année de formation.

Quoi qu’il en soit, dans de nombreux hôpitaux, le déclenchement de plan blanc et des changements de planning des congés estivaux ne sont pas à exclure.

Xavier Bataille

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Vos réactions (1)

  • Archaïque

    Le 23 mai 2022

    Encore une prophétie de malheur de la part d'un médecin qui doit sa notoriété à son désarroi face à l'urgence (seniors et canicule, Charlie Hebdo). Socialiste rose fané il loge précieusement dans la part archaïque de son cerveau un système de pensée caricatural (privés milliardaires, hospitaliers privés de lits et de toutes façons absents). Les socialistes, dont les caciques se font soigner à l'hôpital américain, n'ont eu de cesse de vouloir tuer la médecine libérale évidemment servie par des "prescripteurs d'opinion". Ce médecin toujours en quête de médiatisation et qui donne des leçons de catastrophes annoncées mais désormais de management devrait réformer ses codes de réflexion. Et entre deux urgentistes chefs de service, Juvin et lui, on se demande lequel possède le plus de temps libre pour servir son propre intérêt...

    Dr Pierre Castaing

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