Biologistes, internes, libéraux : vers une convergence des luttes ?
Paris, le lundi 14 novembre 2022 – Les biologistes médicaux et les
internes se mettent en grève cette semaine et les médecins libéraux
pourraient peut-être rejoindre le mouvement.
Il y a des semaines plus difficiles que d’autres lorsque l’on
est ministre de la Santé. Cette semaine, François Braun va devoir
affronter simultanément une grève des biologistes médicaux et une
des internes et étudiants en médecine, tous opposés au projet de
loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), tout en espérant
que les médecins libéraux n’entrent pas eux aussi dans la
danse.
95 % des labos participeront au mouvement
Ce lundi, la grève des biologistes sera menée par les grands
groupes privés membres de l’Alliance de la Biologie médicale
(Biogroup, Cerballiance, Eurofins…) ainsi que par le réseau Les
Biologistes Indépendants (LBI) : 95 % des laboratoires auraient
prévu de participer au mouvement social. Cette grève vise à
protester contre le projet du gouvernement, inscrit dans le PLFSS,
de baisser les tarifs des biologistes sur les actes courants hors
Covid-19 de 250 millions d’euros dès 2023.
Contribution exceptionnelle oui, baisse des tarifs courants
non
Lundi dernier, lors d’une réunion avec les dirigeants de la
Cnam, les biologistes ont tenté de convaincre les autorités de
remplacer ce coup de rabot budgétaire par une taxe exceptionnelle
d’un même montant portant sur les profits engrangés grâce aux tests
Covid. Mais l’Assurance maladie leur a opposé une fin de
non-recevoir et les a informés que ce sont 1,2 milliard d’euros
d’économie qui devront être réalisés par le secteur d’ici 2026.
D’où l’appel à la grève de ce lundi.
Cette grève doit en principe durer trois jours mais les
membres de l’Alliance de la Biologie médicale n’excluent pas de la
prolonger. Il ne s’agit pas de la première action des biologistes
contre le projet budgétaire du gouvernement, puisqu’ils ont déjà
arrêté de transmettre les résultats des tests de dépistage Covid-19
au réseau national SI-DEP pendant une semaine, une action jugée
« inconséquente et inadmissible » par le ministre de la
Santé.
Mardi dernier, les biologistes médicaux ont remporté une
première victoire, puisque les sénateurs ont adopté un amendement
au PLFSS qui transforme justement ce coup de rabot en contribution
exceptionnelle pour la seule année 2023. Mais cette victoire
pourrait être de courte durée, puisque le gouvernement semble
déterminé à aller jusqu’au bout de son projet. « Avec un
excédent brut de 3 milliards, ils peuvent faire un effort de 250
millions » a commenté le ministre de la Santé.
La mobilisation des internes contre la 4ème année
continue
Pendant ce temps, le mouvement de protestation des internes et
des étudiants en médecine contre l’article 23 du PLFSS continue.
Pour rappel, cet article prévoit de créer une quatrième année
d’internat de médecine générale qui devra s’effectuer « en
priorité » (mais non obligatoirement) en zones sous-denses. Les
syndicats d’internes, qui multiplient depuis un mois appels à la
grève et à manifester, y voient une manière détournée de limiter
leur liberté d’installation.
Ils ont appelé jeudi dernier à se mettre en grève dès ce lundi
pour une « semaine noire ». Le mouvement devrait atteindre
son point d’orge ce jeudi, internes et étudiants étant appelés à
manifester.
Pour le moment, les syndicats de médecins libéraux suivent ces
mouvements de loin. Certains ont exprimé leur soutien aux
biologistes et aux internes et ont appelé à participer à la
manifestation organisée par leurs futurs confrères ce jeudi. Alors
que les négociations pour la future convention médicale ont débuté
mercredi dernier, le groupe « Médecins pour demain »
appellent à une grève des généralistes le 1er décembre prochain
pour réclamer une consultation à 50 euros.
Si les libéraux venaient à rejoindre le mouvement de colère
contre les orientations du gouvernement, la situation pourrait
commencer à devenir très compliquée pour le ministère de la
Santé.
... mais surtout pas "unis pour ne rien faire". C'est malheureusement la conduite habituellement souhaitée par des syndicats professionnels, qui appellent à l'apaisement et autres manipulations. Pharmaciens d'officine, rejoignons le mouvement, ce qui nous permettra pour une fois de déborder nos timorés représentants. Et ensuite, surtout une action différente des grèves que la population regarde avec méfiance et que les médias critiquent de la manière habituelle (entendu ce midi sur BFM : "les labos, ils ne vont pas nous faire pleurer, hein ! "). Un grand classique... Il faut réclamer la CMU pour tout le monde (parfaitement faisable). Ça va leur être difficile d’être contre, n'est-ce-pas ?!