Quand Twitter s’éteindra, le monde scientifique tremblera-t-il ?
Paris, le vendredi 2 décembre 2022 – L’achat du réseau social
Twitter par le milliardaire Elon Musk suscite depuis plusieurs
semaines des remous, tant au sein de l’entreprise (marquée par une
importante vague de départs volontaires et de licenciements) que
parmi ses utilisateurs les plus actifs. La communauté médicale qui
s’est emparée de cette plateforme de microblogging redoute
notamment la disparition d’un lieu d’échange unique, qui depuis le
début de l’épidémie de Covid semble même être devenue
incontournable pour la réflexion et le débat scientifiques.
On ne compte plus le nombre de chercheurs et de médecins qui
louent les rencontres qu’ils ont pu faire grâce à Twitter et qui se
félicitent de la façon dont des messages importants ont pu être
diffusés grâce à ce réseau social. Les journalistes sont également
nombreux à apprécier les analyses spécifiques et originales qui
sont présentées sous forme de fil : quand interviewer certains
experts relèvent parfois de la gageure, on trouve en quelques clics
des explications claires sur des phénomènes complexes, tandis que
la langue de bois y est totalement proscrite.
En quoi Twitter se différencie-t-il d’un Facebook ou d’un
Instagram ? Cela tient bien sûr au profil socio-économique et
culturel des personnes qui l’utilisent. Mais c’est également sa
fluidité qui en fait sa force. « Les analystes des médias
sociaux prennent en compte la demi-vie du contenu sur ces
plates-formes, c'est-à-dire le temps nécessaire pour qu'un contenu
atteigne 50 % de l'engagement qu'il aura totalisé à la fin de sa
durée de vie, généralement mesuré en nombre de vues ou d'autres
mesures de popularité. La demi-vie moyenne d'un tweet est d'environ
20 minutes, contre cinq heures pour les publications Facebook, 20
heures pour les publications Instagram, 24 heures pour les
publications LinkedIn et 20 jours pour les vidéos YouTube. Cette
demi-vie beaucoup plus courte illustre le rôle central qu'occupe
désormais Twitter en suscitant des conversations en temps réel, à
mesure que se déroulent les évènements. La capacité de Twitter à
façonner le discours en temps réel, ainsi que la facilité avec
laquelle les données, y compris les données géomarquées, peuvent
être recueillies sur Twitter, en ont fait une mine d'or pour les
chercheurs qui souhaitent analyser une variété de phénomènes
sociétaux, allant de la santé publique à la politique. Les données
issues de Twitter ont été utilisées pour prédire les visites aux
urgences liées à l'asthme, mesurer la sensibilisation du public aux
épidémies et modéliser la dispersion de la fumée des feux de forêt
» rappelait au printemps une contribution de la sociologue
Anjana Susarla, (Michigan State University) publiée par La
Tribune.
Le Canadian Journal of Emergency Medicine le confirmait
dès le mois d’avril 2020 en relevant : « En pleine pandémie, la
capacité à rapidement partager l'information est cruciale pour la
dissémination de la connaissance, et Twitter permet de le faire
d'une façon impossible à réaliser avec les revues ». Aussi,
bien qu’il existe évidemment d’autres réseaux sociaux permettant
des échanges, on mesure combien la disparition de Twitter
représenterait une perte pour les médecins et chercheurs et pour
l’information du public
Sans garde-fou face à l’asservissement numérique
Même si la personnalité d’Elon Musk est controversée et que
ses projets concernant Twitter ne sont pas parfaitement lisibles,
la disparition à court terme de ce réseau semble néanmoins peu
probable. Cependant, d’autres perturbations semblent bien plus
certaines, voire déjà mises en œuvre comme notamment la fin de la
modération. Il y a quelques jours, Twitter a en effet indiqué qu’il
mettait fin à sa politique « contre la diffusion d’informations
trompeuses sur le virus [SARS-CoV-2, ndrl] et les vaccins
».
Cette mesure pourrait conduire à la réhabilitation de
plusieurs milliers de comptes qui avaient été suspendus en raison
de leurs affabulations sur l’épidémie et sur les vaccins. Certains
observateurs font remarquer que cette décision pourrait être autant
liée aux problèmes de ressources auxquels fait face l’entreprise
aujourd’hui qu’à un changement de philosophie.
Néanmoins, cette évolution suscite l’inquiétude de beaucoup,
notamment chez les médecins. « Les mesures prises jusqu'à
présent pour éradiquer la désinformation médicale sur les médias
sociaux étaient loin d'être suffisantes, mais cette mesure, ainsi
que le « replatformage » des voix qui souhaitent semer la
confusion et accroître la méfiance à l'égard de la médecine, ne
feront que nuire davantage » a ainsi observé dans un communiqué
Jack Resneck Jr, président de l'American Medical
Association.
La fin des systèmes de régulation et de modération pourrait
potentialiser les effets pervers des réseaux sociaux. Les
algorithmes de ces derniers semblent en effet nourris par la «
négativité » : les informations controversées sont ainsi plus
susceptibles d’être reprises que les autres. Le sociologue Gérald
Bronner qui s’intéresse beaucoup à ce sujet rappelle ainsi
régulièrement comment par exemple une enquête concernant Youtube a
mis en évidence qu’une requête avec le mot « climat »
renvoyait à « plus de 50 % [vers] une vidéo climatosceptique
». C’est ce que Gérald Bronner désigne par l’expression «
asservissement numérique »
L’argumentation est toujours préférable à la censure
Pourtant, peut-on totalement regretter cette progression de la
liberté d’expression, y compris dans le cadre de l’information
scientifique ? L’éditorialiste du Figaro, Eugénie Bastié remarquait
il y a un an sur cette question de la régulation, dans le cadre des
travaux de la commission dirigée par Gérald Bronner : « Une
proposition a déjà émergé, celle d’une régulation des «médias
conventionnels» sur le modèle du CSA avec la parole politique. «Ne
pourrait-on pas s'inspirer de cette logique pour le monde
scientifique ? Il ne s'agit pas de censurer des points de vue, mais
de donner la parole à la mesure de ce que ces paroles pèsent dans
le monde scientifique», a déclaré Gérald Bronner. Avec tout le
respect que j’ai pour le travail de Gérald Bronner (…) je pense que
ce genre de réponse est totalement irréalisable, voire
contre-productive. Prenons l’exemple de la crise du Covid. Bien
sûr, il y a eu des thèses totalement délirantes et complotistes sur
les vaccins, mais pouvait-on vraiment réguler la prise de parole
dans les médias sur le modèle du CSA ? Sur quels critères ? Un
quart d’heure pour les «rassuristes» un quart d’heure pour les
«enfermistes» ? (…) En France, nous pensons qu’il n’y a pas
de solution en dehors de l’Etat. Mais la vérité peut-elle être
décrétée par l’administration ? Si les Français ne savent plus
faire la différence entre le bien et le mal, le vrai et le faux,
est-ce une commission, ou un quelconque comité Théodule qui va les
convaincre ? Je ne le pense pas. La question d’une dérégulation du
marché de l’attention, de plus en plus capté par les GAfam, est une
réalité. Il y a un énorme travail d’éducation à faire la-dessus.
Mais ce n’est pas avec une surveillance permanente des opinions
qu’on y parviendra. On ne résoudra pas la crise de confiance
profonde qui affecte le monde politique, les médias, et
dernièrement les scientifiques, par davantage de contrôle, mais par
davantage de crédibilité, et d’efficacité. Je crois qu’il faut
faire confiance au débat démocratique. C’est par une discussion
franche, libre et rationnelle, sans tabou, que la vérité peut
émerger. Ce n’est pas à l’Etat de lutter contre le complotisme,
mais à chaque citoyen (y compris contre le complotiste qui est en
lui). Je crois bien davantage à notre tradition de liberté qu’au
contrôle tatillon et mécanique de l’Etat ».
Les limites et les effets potentiellement contre-productifs de
la modération
De fait, Twitter donne quotidiennement l’exemple de
l’importance de pouvoir échanger (voire s’invectiver), rectifier,
dialoguer. C’est Twitter qui fait le travail de décryptage
indispensable quand le journaliste Hugo Clément diffuse un
reportage donnant une fausse représentation de la consommation
d’antibiotiques dans les élevages français. C’est Twitter qui fait
le travail de pédagogie quand d’aucuns remettent en question
l’utilité des masques. C’est Twitter encore qui analyse l’ensemble
des limites de la publication de l’équipe de Didier Raoult sur la
chloroquine.
Cependant, si la parole est régulée, ce travail pourra-t-il
s’exercer avec la même liberté ? Le problème tient toujours au fait
qu’il est impossible pour une instance telle que Twitter et même
une instance politique de décréter la vérité et qui plus est la
vérité scientifique. Car celle-ci se construit et se déconstruit :
et c’est ainsi qu’en se basant sur des fondements scientifiques
solides il a été possible tout aussi bien d’affirmer que la fuite
de SARS-Cov-2 d’un laboratoire semblait improbable et considérer
finalement en se fondant sur des arguments solides aussi forts que
l’hypothèse était finalement loin d’être bancale.
De la même manière, l’efficacité des vaccins contre la
transmission a pu être défendue au temps des premiers variants,
mais semble aujourd’hui plus difficile à soutenir compte tenu de
l’évolution du virus. Par ailleurs, si la modération se durcissait
jusqu’à interdire tout signalement d’effets secondaires, les
autorités sanitaires auraient-elles pu investiguer certains signaux
(comme celui de la perturbation des cycles menstruels par les
vaccins ARN-m) ? Comment une instance de régulation peut-elle
s’adapter et tenir compte de ces mouvements sans confisquer parfois
la parole de façon indue ? Et surtout comment être sûr que
l’instance n’abuse pas de son pouvoir, surtout si elle se réclame
de la protection de la santé et de la population ?
Doxxing décomplexé
Cependant, les éventuelles autres modifications de Twitter
pourraient contribuer à un climat d’insécurité pour ceux qui
veulent lutter avec les armes de la pédagogie contre la
désinformation. Le « bouton d’édition »« permettrait aux
utilisateurs de déformer ce qu'ils ont dit, de manière sélective,
ou de nier certains de leur propos, y compris les plus
controversés, ce qui pourrait compliquer le traçage de la
désinformation. Elon Musk a également indiqué vouloir lutter contre
les robots sur Twitter, ces comptes automatisés qui tweetent
rapidement et de façon répétitive tout en se faisant passer pour de
vrais utilisateurs. Il a appelé à authentifier les utilisateurs
comme de véritables êtres humains. Compte tenu des défis posés par
les atteintes malveillantes à la vie privée en ligne, comme la
pratique dite du « doxxing » (la divulgation de données
personnelles pour nuire à un individu), il est nécessaire que les
méthodes d'authentification respectent la vie privée des
utilisateurs. Cela est particulièrement important pour les
activistes, les dissidents et les lanceurs d'alerte qui sont
menacés à cause de leurs activités en ligne. Des mécanismes tels
que les protocoles décentralisés permettraient l'authentification
tout en garantissant l'anonymat » avait ainsi mis en garde
Anjana Susarla.
Cette allusion au « doxxing » et d’une manière générale
la violence de certains échanges sur Twitter rappellent s’il en
était besoin que cette plateforme (même avant l’ère Elon Musk) est
loin d’être parfaite. La plateforme constitue cependant le point de
départ de réflexions importantes… qui n’en doutons pas lui
survivront quoi qu’il arrive.
La crise Covid a révélé bien des choses, dont de graves problèmes de communication. Mais soyons concrets, par cet ensemble de liens : https://flutrackers.com/forum/forum/the-pandemic-discussion-forum/824572-discussion-chinese-academy-of-sciences-cas-in-wuhan-has-been-working-with-bats-and-coronavirus-for-many-years-dna-manipulations-cloning Un immense travail, qui étrangement ne traite pas le sujet qui sera abordé suite à la démission du Docteur Fauci de sa fonction protégée. Cet immense scientifique a passé sa vie à produire et ou faire produire des brevets. Sauf que, deux brevets posent de bonnes questions : je pense aux deux brevets pour détenir dans un P4 des chauves souris contaminées et ou infectées. Il est temps de regarder qui a demandé ces brevets, qui les a instruit et qui les a autorisé. En effet, il ne faut pas d'un coté proposer que la science n'ose pas certaines pratiques et de l'autre autoriser les brevets qui permettent ce qui ne doit pas être. Sans un vrai débat et une vraie décision au niveau le plus haut, comment faire confiance aux états, aux systèmes juridiques et aux instances ?