Covid-19 : la dose de rappel est-elle ouverte à toute la population ?

Paris, le mercredi 7 décembre 2022 – La campagne de vaccination de rappel contre la Covid-19 est pour le moment un échec. Une des causes est sans doute la trop grande complexité des règles d’éligibilité.

« Tous vaccinés, tous protégés ». Le grand slogan de l’année 2021 a vécu. Depuis le printemps dernier et la baisse d’intensité de la pandémie, la vaccination de rappel (quatrième et même cinquième dose pour certains) est désormais uniquement ciblée sur les personnes les plus à risques de développer une forme grave de la Covid-19. Un ciblage parfois un peu trop complexe, qui dessert la cause de la vaccination.

A priori pourtant, à la lecture du communiqué de la Direction générale de la Santé (DGS) du 21 novembre dernier sur le sujet, la liste des personnes éligibles à une nouvelle dose de vaccin est assez claire : les résidents d’Ehpad et USLD, les sujets âgés de 60 ans et plus, les personnes immunodéprimées, celles souffrant d’une ou plusieurs comorbidités et les femmes enceintes dès le premier trimestre de grossesse.

Au moins 6 mois après la dernière dose…et 3 mois après la dernière contamination !


Mais la question se complexifie lorsqu’on se penche sur les délais de revaccination. Pour les sujets âgés de plus de 80 ans, les résidents d’Ehpad ou d’USLD et les personnes immunodéprimées, la vaccination de rappel doit être faite au moins 3 mois après la dernière injection ou contamination par la Covid-19. Pour toutes les autres personnes éligibles, la vaccination doit être réalisée au moins 6 mois après la dernière injection…mais également au moins 3 mois après la dernière contamination. Pour rajouter à la complexité de la situation, rappelons que les sujets de moins de 30 ans ne peuvent pas recevoir les vaccins du laboratoire Moderna, qui augmenteraient le risque de myocardite.

Quid des personnes qui ne figurent pas dans cette liste de personnes éligibles à la dose de rappel ? Selon la DGS, « les personnes vivant dans l’entourage ou en contact régulier avec des personnes immunodéprimées ou vulnérables » peuvent également se faire administrer une dose de rappel (à condition bien sur de respecter les délais évoqués plus haut). Cela inclut les professionnels de santé, pour qui la dose de rappel n’est donc pas obligatoire, argument de plus utilisé pour contester le maintien de la suspension des soignants non-vaccinés.

Pourtant, plusieurs personnes de moins de 60 ans en bonne santé ayant voulu se faire vacciner pour protéger leurs proches ont rapporté s’être fait « refoulés » par les pharmaciens, qui ont refusé de les vacciner en l’absence de prescription médicale. « Ce n’est pas normal, une personne qui veut se faire vacciner peut se faire vacciner » a réagi le ministre de la Santé François Braun le 20 novembre dernier. Pourtant, interrogé par les journalistes du Parisien, le ministère de la Santé indique que si un individu qui ne fait pas partie du public cible souhaite se faire vacciner, « il revient au professionnel de santé d’évaluer l’opportunité de le vacciner ou non, en fonction de la balance bénéfice-risque au cas par cas ».

La vaccination est-elle déjà ouverte à tous ?


Mais l’imbroglio s’est encore intensifié ce mardi, lorsque la Pr Brigitte Autran, présidente du Comité d’anticipation et de veille d’anticipation des risques sanitaires (Covars), a déclaré au micro de Franceinfo que « toute la population pouvait se faire vacciner », semblant faire voler en éclat les règles précitées. Une information confirmée par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui indique qu’il « n’y a pas besoin d’ordonnance, vous venez et on vous injecte le vaccin sans autre difficulté ». Mais l’autre grand syndicat d’officinaux, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), dit attendre « une consigne claire du ministère nous disant de vacciner tous les gens qui nous le demandent ».

« Le message n’est pas clair, il ne tient pas sur une affiche simple, c’est un tableau compliqué » regrette le Pr Antoine Flahault. « Peu importe l’âge, on aurait dû dire à tout le monde : votre dernière dose date d’il y a plus de 6 mois, faite vous vacciner » explique l’épidémiologiste genevois. Une complexité qui explique en partie l’échec cuisant de la campagne de vaccination de rappel. Selon le dernier bilan de Santé Publique France (SPF), publié jeudi dernier, seulement 13 % des plus de 80 ans et 31,6 % des 60-79 ans sont à jour de leur vaccination. Par comparaison, au Royaume-Uni, toutes les personnes éligibles à une dose de rappel reçoivent un courrier officiel des autorités : 80 % des Britanniques de plus de 70 ans ont été vaccinés cet automne.

Nicolas Barbet

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