
Le printemps sera plus tôt que prévu cette année. Dès le 1er
janvier, les jeunes de 18 à 25 ans pourront s’adonner aux plaisirs
charnels sans risque et à moindre frais, puisqu’ils pourront se
procurer des préservatifs gratuitement en pharmacie. C’est le
Président de la République lui-même qui a fait cette annonce
surprise (la mesure ne figure pas dans le PLFSS qui vient d’être
adopté au Parlement) lors d’un déplacement dans la Vienne ce jeudi
à l’occasion d’une session du Conseil National de la Refondation
(CNR). « C’est une petite révolution » a commenté le chef de
l’Etat.
Des préservatifs gratuits déjà disponibles
Depuis 2018, il était déjà possible sur prescription médicale
se faire rembourser l’achat de préservatifs, 60 % étant pris en
charge par l’Assurance maladie et 40 % par une éventuelle
complémentaire santé, mais la mesure ne portait que sur les
préservatifs des marques Eden et Sortez couverts. Des préservatifs
gratuits sont également distribués par certaines associations de
lutte contre le VIH, les centres de santé sexuelle et de dépistage,
les infirmeries d’établissements scolaires et les MJC. Emmanuel
Macron n’a pas précisé les modalités de sa réforme surprise, mais
il semble qu’il suffira de présenter sa carte d’identité au
comptoir de l’officine pour obtenir des préservatifs (ce qui serait
préférable à la nécessité d’une ordonnance comme certains l’ont
évoqué sur des plateaux de télévision hier soir).
L’annonce a été saluée par les professionnels de santé et les
associations de lutte contre le VIH. Deux limites de la mesure sont
cependant pointées du doigt. Tout d’abord, la gratuité est
étrangement réservée aux personnes majeures. « Pourquoi
restreindre la gratuité aux majeurs ? La sexualité commence souvent
avant 18 ans » s’interroge Florence Thune, directrice générale
du Sidaction. Le journal féministe Madmoizelle regrette également
que la mesure ne soit pas élargie aux préservatifs féminins. De son
côté, le Pr Gilles Pialoux insiste sur la nécessité de communiquer
sur le sujet. « Il faut faire connaitre cette gratuité sur les
abribus, les réseaux sociaux, sur TikTok, cibler les 18-25 ans
» insiste le chef du service d’infectiologie à l’hôpital
Tenon.
Vers la vaccination obligatoire contre le virus HPV ?
La décision du chef de l’Etat de rendre les préservatifs
gratuits pour les majeurs de moins de 25 ans intervient une semaine
après la journée mondiale de lutte contre le SIDA et alors que les
derniers chiffres sur la santé sexuelle des jeunes sont
inquiétants. Ainsi, un quart des 6 000 nouveaux cas de
séropositivité au VIH chaque année concerne les 15-29 ans. Selon
Santé Publique France (SPF), entre 2017 et 2019, les infections à
chlamydia ont augmenté de 41 % chez les femmes de 15 à 24 ans et de
45 % chez les hommes de 15 à 29 ans.
La gratuité des préservatifs pour les jeunes s’inscrit
d’ailleurs dans une série de mesures en faveur de l’amélioration de
la santé reproductive et sexuelle des jeunes. En septembre dernier,
le gouvernement a ainsi annoncé la gratuité pour toutes de la
contraception d’urgence ainsi que celle du dépistage de toutes les
IST (et non plus seulement du VIH) pour les personnes de moins de
26 ans. Par ailleurs, le Président de la République a annoncé qu’il
n’excluait pas de rendre obligatoire la vaccination contre le virus
HPV, reconnaissant que la France était en retard par rapport à ses
voisins sur ce sujet.
Reste une dernière question : au moment de gouter aux plaisirs
charnels, les jeunes penseront-t-ils désormais à notre chef des
armées ?
Nicolas Barbet