Covid, grippe et bronchiolite : toujours la triple épidémie

Paris, le jeudi 15 décembre 2022 – Les hôpitaux français continuent d’être mis à mal par la triple épidémie de Covid, de grippe et de bronchiolite, même si certaines nouvelles sont encourageantes.

Au cœur de l’hiver, la menace s’est concrétisée : la France fait bel et bien face à une triple épidémie de Covid, de grippe et de bronchiolite qui perturbent des hôpitaux déjà affaiblis par deux ans de crise sanitaire et minés par des problèmes systémiques (gouvernance inadaptée, manque de lits, de personnel, burn-out…). « La superposition des épidémies de bronchiolite, de Covid et de grippe maintient une pression très forte sur un système de soins qui n’a pas connu de répit depuis trois ans » résume Mircea Sofonea, épidémiologiste à l’université de Montpellier.

Même si le pic de la crise sanitaire serait en voie d’être franchi, l’épidémie de Covid-19, actuellement dans sa 9ème vague, reste la mère des batailles. On compte actuellement 60 000 nouvelles contaminations quotidiennes en moyenne hebdomadaire (+ 13 % en deux semaines), 23 750 personnes positives au Covid-19 hospitalisées (+ 22 %) et 1 340 patients actuellement en soins critiques (+ 23 %). Un nombre de patients hospitalisés bien plus faible que lors des vagues meurtrières de 2020 et 2021, mais qui reste difficile à prendre en charge par un hôpital affaibli.

« Ce n’est pas la vague de Covid que l’on craint le plus maintenant, mais c’est la situation de l’hôpital dans son ensemble qui est catastrophique » explique le Pr Xavier Monnet, chef du service de réanimation à l’hôpital Bicêtre. « Dans mon service, sur les 15 lits de réanimation, 10 sont fermés pour manque d’infirmiers ». L’augmentation du nombre de contaminations ayant tendance à ralentir, les épidémiologistes estiment que le pic de cette 9ème vague surviendra à Noel.

L’épidémie de grippe s’intensifie, le cap de la bronchiolite est passé


La situation s’aggrave également sur le front de la grippe, où l’épidémie s’annonce plus intense et précoce qu’à l’accoutumée. Le dernier bulletin épidémiologique de Santé Publique France fait état d’une franche accélération de l’épidémie. Lors de la semaine du 5 décembre, les passages aux urgences (+ 93 %) et d’hospitalisations (+ 117 %) pour syndrome grippal ont fortement augmenté d’une semaine à l’autre. L’ensemble des régions de la France métropolitaine sont désormais en phase dite épidémique. En outre-mer en revanche, le pic de l’épidémie semble avoir été atteint.

A l’inverse également, l’épidémie de bronchiolite, qui met à mal les services de pédiatrie hospitalière depuis plusieurs semaines, semble avoir franchi son pic. Lors de la semaine du 5 décembre, les passages aux urgences (-22 %) et les hospitalisations (- 16 %) de nourrissons pour bronchiolite ont nettement diminué. L’épidémie reste cependant à un niveau élevé, l’ensemble du pays étant en phase épidémique et la bronchiolite restant la cause de plus de la moitié des hospitalisations d’enfants de moins de 2 ans.

Une épidémie de bronchiolite d’une particulière intensité, jamais vu depuis plus de 10 ans, qui a lancé un débat sur la « dette immunitaire ». Plusieurs médecins, dont l’ancien ministre de la Santé Olivier Véran, ont en effet expliqué que la virulence de cette épidémie s’expliquait par le fait que les enfants avaient été moins exposés VRS ces deux dernières années en raison des mesures sanitaires contre la Covid.

Une théorie battue en brèche par la plupart des infectiologues et épidémiologistes, qui rappellent notamment que le virus respiratoire syncytial a normalement circulé en 2021 et que par définition les enfants de moins de 2 ans n’ont pas pu connaitre les mesures de confinement de 2020. Surtout, ils insistent sur le fait que le VRS est un virus ubiquitaire qui confère une immunité très faible. « La dette immunitaire est un concept fumeux » résume le Dr Christian Lehman.

La vaccination repart à la hausse


Une bonne nouvelle pour éclaircir ce tableau épidémique bien sombre : la vaccination contre la Covid, qui semblait au point mort depuis plusieurs semaines, repart à la hausse. Ce sont désormais 85 000 personnes par jour qui se voient administrer une dose de rappel (en moyenne hebdomadaire) contre seulement 52 000 au début du mois. L’effet sans doute à la fois des nombreux appels à la vaccination des autorités sanitaires et de l’approches des fêtes de fin d’année.

La couverture vaccinale reste cependant insuffisante estime le ministère de la Santé avec 27 % des plus de 80 ans et 39 % des 60-79 ans à jour de leur vaccination. Le ministère a par ailleurs profité de son dernier DGS urgent pour clarifier un point qui suscitait des interrogations, en affirmant que « tous les Français qui le souhaitent peuvent se faire vacciner en rappel contre la Covid ».

S’agissant de la grippe, ce sont 9,9 millions de doses qui ont été écoulés sur les 7 premières semaines de la campagne de vaccination. C’est certes 5 % de moins que l’an dernier à la même période, mais l’écart tend à se réduire. Le ministère de la Santé recommande aux professionnels de santé vaccinateurs de proposer à leurs patients venus se faire vacciner contre la Covid-19 une vaccination conjointe contre la grippe. Et vice et versa.

Quentin Haroche

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