Les biologistes médicaux menacent d’un « janvier noir »

Paris, le vendredi 16 décembre 2022 – Les négociations entre l’Assurance Maladie et les biologistes médicaux n’avancent pas et ces derniers menacent désormais de reprendre la grève.

Si les négociations entre l’Assurance maladie et les médecins libéraux avancent (voir notre article du jour), celles avec les biologistes médicaux semblent au point mort. Ce jeudi, l’Alliance de la Biologie médicale (ABM) qui regroupe tout à la fois les syndicats représentatifs et les grands groupes privés du secteur, ont annoncé dans un communiqué que les parties prenantes n’étaient « pas parvenus à un accord ».

Les biologistes promettent donc « une mobilisation nationale d’ampleur » pour un véritable « janvier noir ». Si les laboratoires ne fermeront pas pendant les fêtes afin de « ne pas pénaliser les Français », les professionnels ont d’ores et déjà cessé de transmettre les données de biologie médicale sur le portal « Mon Espace Santé » à compter de ce jeudi et « jusqu’à nouvel ordre ».

La Sécurité Sociale vise 1,3 milliards d’euros d’économie d’ici 2026


Le conflit entre les biologistes médicaux et l’Assurance Maladie, qui dure depuis des mois et qui a déjà provoqué deux grèves et un arrêt provisoire de la « remontée » des tests Covid-19, est due à la volonté du gouvernement de réaliser un « coup de rabot » sur les tarifs des biologistes. Le désaccord entre biologistes et autorités sanitaires concerne bien sur le montant de cet effort financier mais également son assiette, les biologistes voulant voir taxer leurs revenus liés aux tests Covid-19, quand l’Assurance Maladie préférerait ponctionner les actes courants.

Un accord semble avoir été trouvé pour l’année 2023 pour que la baisse des tarifs soit limitée à 250 millions d’euros et soit répartie sur les tests Covid (105 millions) et les actes courants (145 millions). En revanche, la négociation bloque sur la période 2024-2026. La Sécurité Sociale souhaite réaliser 1,3 milliards d’euros d’économie au total, dont les modalités seraient négociées lors de « la signature d’un protocole pluriannuel avant la fin du premier semestre ».

En échange, la CNAM met sur la table une enveloppe de 150 millions d’euros pour aider les biologistes médicaux à prendre en charge les « actes innovants » actuellement réservés aux hôpitaux. Si les biologistes acceptent de « contribuer à l’effort de guerre », ils estiment ne pas pouvoir faire plus de 435 millions d’euros d’économie sur la période 2024-2026.

Dialogue de sourds


Un véritable dialogue de sourds s’est désormais installé entre les deux parties, chacune expliquant que la proposition de l’autre est irréalisable et provoque le blocage. « Notre proposition de compromis est responsable et réaliste, contrairement au projet gouvernemental d’une ponction d’1,3 milliard d’euros qui conduirait à la fermeture d’au moins 400 laboratoires de proximité, à la suppression d’au moins 10 000 emplois qualifiés et à une surcharge supplémentaire des services d’urgence » explique ainsi l’ABM dans son communiqué. Mais le gouvernement répond que les biologistes médicaux réalisent des bénéfices importants, fortement augmentés par la pandémie de Covid-19 (900 millions d’euros en 2019, 1,6 milliards d’euros en 2020, 3 milliards en 2021) qui justifient qu’ils fassent un « effort ».

« La position inflexible des autorités nous force à durcir le mouvement » constate Alain Le Meur, porte-parole de l’ABM.

Nicolas Barbet

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