
Si les négociations entre l’Assurance maladie et les médecins
libéraux avancent (voir notre article du jour), celles avec les
biologistes médicaux semblent au point mort. Ce jeudi, l’Alliance
de la Biologie médicale (ABM) qui regroupe tout à la fois les
syndicats représentatifs et les grands groupes privés du secteur,
ont annoncé dans un communiqué que les parties prenantes n’étaient
« pas parvenus à un accord ».
Les biologistes promettent donc « une mobilisation
nationale d’ampleur » pour un véritable « janvier noir
». Si les laboratoires ne fermeront pas pendant les fêtes afin
de « ne pas pénaliser les Français », les professionnels ont
d’ores et déjà cessé de transmettre les données de biologie
médicale sur le portal « Mon Espace Santé » à compter de ce
jeudi et « jusqu’à nouvel ordre ».
La Sécurité Sociale vise 1,3 milliards d’euros d’économie d’ici 2026
Le conflit entre les biologistes médicaux et l’Assurance
Maladie, qui dure depuis des mois et qui a déjà provoqué deux
grèves et un arrêt provisoire de la « remontée » des tests
Covid-19, est due à la volonté du gouvernement de réaliser un «
coup de rabot » sur les tarifs des biologistes. Le désaccord entre
biologistes et autorités sanitaires concerne bien sur le montant de
cet effort financier mais également son assiette, les biologistes
voulant voir taxer leurs revenus liés aux tests Covid-19, quand
l’Assurance Maladie préférerait ponctionner les actes
courants.
Un accord semble avoir été trouvé pour l’année 2023 pour que
la baisse des tarifs soit limitée à 250 millions d’euros et soit
répartie sur les tests Covid (105 millions) et les actes courants
(145 millions). En revanche, la négociation bloque sur la période
2024-2026. La Sécurité Sociale souhaite réaliser 1,3 milliards
d’euros d’économie au total, dont les modalités seraient négociées
lors de « la signature d’un protocole pluriannuel avant la fin
du premier semestre ».
En échange, la CNAM met sur la table une enveloppe de 150
millions d’euros pour aider les biologistes médicaux à prendre en
charge les « actes innovants » actuellement réservés aux
hôpitaux. Si les biologistes acceptent de « contribuer à
l’effort de guerre », ils estiment ne pas pouvoir faire plus de
435 millions d’euros d’économie sur la période 2024-2026.
Dialogue de sourds
Un véritable dialogue de sourds s’est désormais installé entre
les deux parties, chacune expliquant que la proposition de l’autre
est irréalisable et provoque le blocage. « Notre proposition de
compromis est responsable et réaliste, contrairement au projet
gouvernemental d’une ponction d’1,3 milliard d’euros qui conduirait
à la fermeture d’au moins 400 laboratoires de proximité, à la
suppression d’au moins 10 000 emplois qualifiés et à une surcharge
supplémentaire des services d’urgence » explique ainsi l’ABM
dans son communiqué. Mais le gouvernement répond que les
biologistes médicaux réalisent des bénéfices importants, fortement
augmentés par la pandémie de Covid-19 (900 millions d’euros en
2019, 1,6 milliards d’euros en 2020, 3 milliards en 2021) qui
justifient qu’ils fassent un « effort ».
« La position inflexible des autorités nous force à durcir
le mouvement » constate Alain Le Meur, porte-parole de
l’ABM.
Nicolas Barbet