
Paris, le lundi 26 décembre 2022 – Les médecins libéraux sont de nouveau appelés à fermer leur cabinet ce lundi matin et ce pendant au moins une semaine pour exiger une revalorisation du tarif de la consultation.
Pas de trêve de Noel dans le conflit qui oppose les médecins libéraux et l’Assurance Maladie, sur fond de négociations conventionnelles. Le collectif informel « Médecins pour demain » créé sur les réseaux sociaux il y a à peine plus d’un mois, appelle les praticiens à fermer leur cabinet pendant une semaine jusqu’au Nouvel An, une grève « dure et reconductible » selon les organisateurs. Il s’agit de la deuxième action de mobilisation des médecins libéraux en quelques semaines après la grève des 1er et 2 décembre. Un appel à manifester à Paris le 5 janvier prochain a également été lancé.
Si le dernier mouvement avait eu une portée historique en ce qu’il était soutenu par l’ensemble des syndicats de médecins libéraux, cette fois les organisations syndicales sont en ordre dispersé. Le Syndicat des Médecins Libéraux (SML), l’Union Française pour une Médecine Libre (UFML), la Fédération des Médecins de France (FMF) et Jeunes Médecins ont rejoint l’appel à la grève du mouvement Médecins pour demain. En revanche, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) et MG France préfèrent rester en retrait. Si elle dit soutenir « toutes les formes que peut prendre l’expression de la colère des généralistes », la CSMF préfère lancer son propre mouvement, en appelant ses adhérents à fermer leur cabinet tous les samedis matin. MG France affiche lui son soutien aux frondeurs et n’exclut pas de rejoindre éventuellement le mouvement en janvier.
Le C à 50 euros, la revendication phare des grévistes
La revendication principale des grévistes est toujours la même, celle d’obtenir la revalorisation du tarif de la consultation à 50 euros, afin de pouvoir « embaucher du personnel pour libérer du temps médical » et « créer un choc d’attractivité » explique le collectif Médecins pour demain. Lors d’une conférence de presse organisée mercredi dernier, le nouveau mouvement de praticiens libéraux a mis en avant d’autres revendications, telles que la suppression des forfaits ROSP et structure, la facturation des rendez-vous non honorés ou la facilitation de l’accès au secteur 2. Des demandes qui ne font pas forcément l’unanimité parmi les syndicats soutenant la grève.
Difficile de prédire quelle sera l’ampleur de cette nouvelle mobilisation. Celle des 1er et 2 décembre dernier avait été un semi-échec : alors que les syndicats revendiquaient jusqu’à 80 % de grévistes parmi les médecins libéraux, l’Assurance Maladie avait relevé une baisse d’activité de 30 % seulement chez les généralistes en se basant sur le nombre de feuilles de soins télétransmises durant ces deux journées de mobilisation. « C’est difficile à appréhender en cette période de l’année, certains confrères sont en vacances, mais je pense que la grève va être suivie » espère le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML.
Le Dr Marty se prépare à un marathon
« Les généralistes n’en peuvent plus, les spécialistes non plus, c’est toute la médecine libérale qui va mal » lance l’omnipraticien de Fronton, devenu l’un des leaders de la fronde. « La profession est arrivée au bout de l’histoire, on ne peut pas continuer à cautionner l’effondrement du système de santé, si on ne dit rien aujourd’hui, on est complice, complice du mal que l’on fait au patient ». Le médiatique président de l’UFML ne croit plus vraiment à la grève classique et pense plutôt à une grève perlée : « un jour de grève, deux jours, toute la semaine, on va ensuite embrayer sur d’autres mouvements courant janvier et courant février, à l’approche de la fin des négociations conventionnelles » prédit-il, déterminé à mener un « combat long et fort ». Mais le Dr Marty ne cède pas à l’extrémisme et rappelle que les médecins devront répondre aux ordres de mobilisation émanant des autorités sanitaires. « Nous sommes des gens responsables » conclut-il.
Les autorités sanitaires justement tentent du mieux qu’elles le peuvent de désamorcer le conflit. Ce vendredi, à la veille du week-end de Noël, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France a appelé « solennellement » les médecins libéraux à la « mobilisation » pour « soulager les hôpitaux dans cette période de grande tension sur l’offre de soins », alors que les établissements de santé sont touchés par une triple épidémie d’infections hivernales (Covid, grippe, bronchiolite). Pour convaincre les libéraux de prêter main forte dans cette période, l’ARS a annoncé que les samedis matin 24 et 31 décembre seraient « considérés comme une période PDSA avec le niveau de rémunération correspondant ». Pas sûr que ce cadeau de Noel suffira à satisfaire des libéraux très remontés en cette période des fêtes.
Quentin Haroche