L’Europe face au virus chinois, comme un air de déjà vu

Paris, le jeudi 29 décembre 2022 – Alors qu’une épidémie d’une ampleur inédite se déroule en Chine, les pays européens hésitent sur l’attitude à adopter.

Les gouvernements européens s’inquiètent face à la propagation d’un virus en Chine. Non, vous ne vous êtes pas subitement réveillés trois ans plus tôt au début de la pandémie de Covid-19, il s’agit bien d’une actualité brûlante. Depuis que le gouvernement chinois a décidé, le 7 décembre dernier, d’abandonner sa politique zéro-Covid et de laisser le virus circuler, le pays est devenu une gigantesque bombe épidémique menaçant la planète entière. Pékin continue de faire régner une très grande opacité sur la question, ne publiant plus aucune statistique officielle depuis dimanche, mais ce sont vraisemblablement des dizaines voire des centaines de millions de Chinois qui ont été contaminés ces dernières semaines.

Outre l’hécatombe qui ne manquera pas de survenir en Chine (on évoque 1 à 2 millions de morts dans les trois prochains mois), le danger pour le reste du monde réside dans le risque que l’épidémie chinoise puisse provoquer l’apparition de variants éventuellement plus contagieux ou plus pathogènes. Là encore, le plus grand flou règne, la Chine ne publiant plus de données de séquençage. On parle notamment beaucoup de BF.7, un sous-variant d’Omicron extrêmement contagieux qui circule déjà en Europe à bas bruit depuis plusieurs mois.

Italie : test obligatoire pour les étrangers venus de Chine

Le risque est pris très au sérieux par les épidémiologistes, même si certains soulignent que la « pression de sélection » est sans doute moins forte en Chine, en raison de la plus faible immunité naturelle et vaccinale de la population, « ce qui réduit potentiellement le risque d’émergence d’un variant échappant au système immunitaire » explique Yannick Simonin, maître de conférences en virologie à l’université de Montpellier.

Face au danger chinois, plusieurs pays ont déjà pris des mesures préventives. Ces derniers jours, le Japon, l’Inde et Taïwan ont annoncé que les visiteurs en provenance de Chine devront désormais présenter un test PCR négatif. Les Etats-Unis ont pris la même décision ce mercredi, mais ce test obligatoire ne sera imposé qu’à partir du 5 janvier.

L’Italie, qui fut en 2020 le premier pays européen touché par la Covid-19, a également annoncé ce mercredi que les étrangers en provenance de Chine devront se faire tester à leur entrée dans le pays et que les personnes positives seront placées en quarantaine. Une décision qui fait suite au dépistage des passagers de deux avions en provenance de Chine atterris à Milan ce lundi, où 50 % des tests se sont révélés positifs. Rome a immédiatement appelé ses partenaires européens à prendre les mêmes mesures et la Commission Européenne a annoncé qu’une réunion aurait lieu ce jeudi à Bruxelles pour « discuter de possibles mesures pour une approche européenne coordonnée ».

Trois ans après, les virus n’ont-ils toujours pas de passeports ?

En France, on est pour le moment dans l’expectative. La loi sanitaire du 30 juillet dernier autorise le gouvernement à imposer des tests aux personnes venant de l’étranger « en cas d’apparition et de circulation d’un nouveau variant » mais seulement jusqu’au 31 janvier prochain. Ce mercredi, l’Elysée a fait savoir qu’Emmanuel Macron avait « demandé au gouvernement de prendre des mesures adaptées de protection des Français », sans plus de précision. Ce jeudi matin, la députée Renaissance Maude Bregeon a confirmé que la possibilité d’imposer des tests aux visiteurs venus de Chine était envisagée, saluant à l’occasion le « leadership » d’Emmanuel Macron sur la question (nous voilà rassurés). Léger couac de communication : ce mercredi, l’ambassade de France en Chine écrivait sur Twitter « amis chinois, la France vous accueille à bras ouvert » pour saluer l’annonce par Pékin de la levée des restrictions sur les voyages à l’étranger à partir du 8 janvier.

L’opportunité de rétablir des contrôles aux frontières divise les scientifiques. Pour l’épidémiologiste genevois Antoine Flahault, ces tests auraient pour mérite de permettre de « savoir presque aussitôt si de nouveaux variants émergent ». Mais pour le virologue Bruno Lina, « jamais aucune mesure de contrôle n’a empêché l’arrivée de variants sur le territoire européen ». Même son de cloche du côté du Pr Brigitte Autran, présidente du Covars, qui estime que « le dépistage aux frontières n’a jamais empêché un virus de pénétrer dans un pays ».

« N’en déplaise à certains, le virus ne connait pas les passeports » déclarait le 27 février 2020 Emmanuel Macron… deux semaines avant de confiner le pays. Décidément, nous voilà revenus trois ans en arrière.

Nicolas Barbet

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