HPV, bronchiolite, Covid : le ministère à l’offensive sur la prévention

Paris, le jeudi 31 août 2023 – Plusieurs campagnes d’immunisation de grande ampleur se préparent pour la rentrée. Le ministère de la santé veut faire naitre chez les Français une « culture de la prévention ».

Il ne faut plus dire « ministère de la Santé » mais « ministère de la Santé et de la Prévention ». Le ministère de l’avenue de Ségur a adopté ce nouveau nom en mai 2022, au début du second quinquennat d’Emmanuel Macron, sur les conseils d’Aurélien Rousseau, alors chef de cabinet de la nouvelle Première Ministre d’Elisabeth Borne. Un an plus tard, celui qui a été propulsé au poste de ministre entend bien faire de la prévention une des priorités de sa mission afin d’instaurer une « culture de la prévention ».

« Il y a une bataille idéologique à mener autour de la prévention, qui est souvent associée à des campagnes de pub ringardes » explique le nouveau ministre aux journalistes du Parisien. « Ce n’est pas que ça, ce sont aussi les innovations thérapeutiques, la médecine prédictive, l’intelligence artificielle, tout ce qui participe à vivre mieux. Si j’arrive à instaurer cette culture, j’aurais réussi ma mission ».

Le nouveau ministre va pouvoir très rapidement mettre à exécution son « grand chantier ». Plusieurs grandes campagnes d’immunisation vont être menés dans les semaines prochaines. Leurs réussites dépendront d’une communication efficace afin de convaincre les Français de se protéger contre ces maladies, dans un contexte de défiance grandissante contre les vaccins.

HPV : la France doit rattraper son retard

Première étape, l’organisation à la rentrée d’une campagne de vaccination contre HPV à destination de tous les élèves de 5ème, filles comme garçons. Annoncée par le Président de la République en personne en février dernier, cette campagne vaccinale vise à faire rattraper le retard de la France dans ce domaine, notamment sur les pays anglo-saxons. Alors qu’en France, seulement 45 % des adolescentes et 6 % des adolescents sont vaccinés contre le virus HPV, les politiques vaccinales ambitieuses menées depuis plus d’une décennie en Australie ou au Royaume-Uni y ont permis de quasiment éradiquer les tumeurs liées au HPV. « C’est rageant » tonne Aurélien Rousseau, qui a bien conscience qu’il faudra faire preuve de beaucoup de pédagogie pour surmonter les réticences de nombreux parents concernant cette vaccination.

En parallèle, à compter du 15 septembre, c’est une autre campagne d’immunisation, à destination des nourrissons cette fois, qui va être lancée : celle contre la bronchiolite, grâce à un nouvel anticorps monoclonal, le Beyfortus (nirsevimab), développé par les laboratoires Sanofi et AstraZeneca et qui permet de réduire significativement le risque d’infection grave au VRS chez les nouveau-nés. Aurélien Rousseau a désigné le Pr Christèle Gras-Le Guen, cheffe du service de pédiatrie du CHU de Nantes comme « ambassadrice » de cette campagne vaccinale.

C’est à elle que reviendra le soin de convaincre parents et professionnels de santé des bienfaits du nirsevimab. « Cet anticorps va préserver nos bébés des formes graves de la maladie et par ricochet le système de soins » explique le ministre, illustrant les deux objectifs de cette campagne d’immunisation : protéger les enfants bien sûr, mais également éviter comme chaque année une saturation des services de pédiatrie à cause de l’afflux d’enfants atteints de bronchiolite.

Covid : nouveaux variants, nouveaux vaccins ?

Enfin, une autre campagne vaccinale, plus « classique » cette fois, débutera le 17 octobre prochain, ou plutôt une double campagne : celle contre la grippe saisonnière et celle contre la Covid-19, à destination des personnes à risque et notamment des sujets âgés de 65 ans et plus. La campagne de vaccination contre la Covid-19 se prépare alors que la France connait depuis plusieurs semaines une augmentation faible mais réelle des contaminations. Aurélien Rousseau a d’ailleurs annoncé dimanche dernier lors d’une interview sur LCI que cette campagne vaccinale pourrait être avancée en cas d’aggravation de l’épidémie.

Dans ce contexte, l’efficacité des vaccins à ARNm disponibles actuellement est discutée. En effet, ces vaccins ciblent le sous-variant d’Omicron BA5, majoritaire l’été dernier, mais qui ne circule quasiment plus en France et il n’est pas certain qu’ils confèrent une protection immunitaire suffisante contre les variants circulant actuellement dans notre pays, XBB 1.5 et EG 5.1 (ou « Eris »). Si le ministre estime qu’il n’est pas nécessaire pour le moment de changer de vaccins, les laboratoires Pfizer et Moderna, les leaders dans le secteur de la vaccination à ARNm, développent actuellement des vaccins adaptés aux nouveaux variants. Ce mercredi, l’agence européenne du médicament (EMA) a ainsi approuvé la nouvelle version du vaccin de Pfizer visant le variant XBB 1.5.

Quentin Haroche

Copyright © 2023 JIM SA. Tous droits réservés.

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article