Paris, le mardi 9 janvier 2024 – Au lendemain de la démission d’Elisabeth Borne, Gabriel Attal a été nommé Premier Ministre. Son gouvernement, comprenant un nouveau ministre de la Santé, devrait être connu dans les prochains jours.
Le faux suspens a pris fin ce mardi à 12h30. Depuis l’annonce de la démission et du départ de Matignon de la Première Ministre Elisabeth Borne, tous les journalistes politiques s’accordaient à dire que c’est à Gabriel Attal qu’Emmanuel Macron confierait la tâche de former le nouveau gouvernement. Les prédictions des journalistes se sont réalisées et l’éphémère ministre de l’Education Nationale (il sera resté en poste moins de six mois) devient donc, à 34 ans, le plus jeune Premier Ministre de l’histoire de la République.
Comme de nombreux macronistes de la première heure, Gabriel Attal aura fait ses premières armes dans les cabinets ministériels sous François Hollande. Il aura ainsi été pendant cinq ans, de 2012 à 2017, l’un des principaux conseillers de Marisol Touraine, ministre de la Santé qui n’aura pas forcément laissé un très bon souvenir aux médecins libéraux avec la loi qui porte son nom (adoptée en 2016) et sa volonté de généraliser le tiers-payant.
Quand Gabriel Attal voulait (lui aussi) emmerder les non-vaccinés
Membre du gouvernement depuis 2018, Gabriel Attal aura eu maintes fois l’occasion de se pencher sur des questions de santé aux différents postes qu’il a occupés. En tant que porte-parole du gouvernement entre 2020 et 2022, soit en pleine pandémie de Covid-19, il aura eu à cœur de défendre la politique sanitaire, parfois très changeante, du gouvernement. Il avait notamment défendu la prise de parole polémique du Président de la République, qui avait dit vouloir « emmerder les non-vaccinés » en expliquant que c’était bien ceux qui refusaient le vaccin qui « gâchent la vie de nos soignants ».
Devenu ministre des Comptes publics en 2022, Gabriel Attal se métamorphose alors en père fouettard. A la recherche d’économies, il accuse en mai dernier les professionnels de santé d’être à l’origine de 70 % des cas de fraude sociale, via « la surfacturation ou la facturation d’actes fictifs ». Il s’était en revanche rallié quelques médecins en défendant l’idée d’une « taxe lapin » sanctionnant les patients n’honorant pas les rendez-vous médicaux pris sans prévenir, s’opposant ainsi à la cheffe du gouvernement Elisabeth Borne.
En tant que nouveau Premier Ministre, la première mission de Gabriel Attal sera de former un gouvernement et notamment de nommer un nouveau ministre de la Santé. Le poste est en effet vacant depuis le 20 décembre dernier et la démission d’Aurélien Rousseau, qui a préféré quitter le gouvernement à la suite de l’adoption d’une loi immigration inspirée, selon lui, des propositions de l’extrême-droite.
Qui sera le nouveau ministre de la Santé ?
Plusieurs noms circulent pour devenir le quatrième (déjà) ministre de la Santé du second quinquennat d’Emmanuel Macron, après Brigitte Bourguignon, François Braun et donc Aurélien Rousseau. La solution de facilité serait de nommer Agnès Firmin le Bodo, ministre des Professionnels de santé et actuelle ministre par intérim.
Mais l’ancienne pharmacienne a été grandement fragilisée par des révélations de Médiapart, qui l’accuse d’avoir reçu des cadeaux non-déclarés de la part des laboratoires Urgo et elle semble désormais plus proche de la sortie du gouvernement que d’une promotion. Actuel porte-parole du gouvernement, Olivier Véran pourrait retrouver son poste de ministre de la Santé, d’autant plus qu’on le dit proche de Gabriel Attal.
Le nouveau chef du gouvernement pourrait également chercher un nouveau ministre de la Santé dans les rangs des députés de la majorité. Déjà pressenti en juillet dernier avant qu’Aurélien Rousseau ne lui soit préféré, Frédéric Valletoux, ancien président de la Fédération Hospitalière de France (FHF), a le défaut d’être très peu apprécié des syndicats de médecins libéraux. Le Dr Stéphanie Rist ou encore le Pr Philippe Juvin, dans un signe d’ouverture à droite, sont également parmi les ministrables. Enfin, hors des rangs politiques, Gabriel Attal pourrait jeter son dévolu sur l’actuel directeur de l’AP-HP Nicolas Revel, énarque et proche d’Emmanuel Macron.
Quelque soit le nom du futur ministre, le suspens devrait a priori prendre fin dans les 48 prochaines heures.
Quentin Haroche
