Bientôt des pharmaciens prescripteurs ?

Paris, le lundi 22 octobre 2018 - Le député de la première circonscription des Alpes-de-Haute-Provence, Delphine Bagarry (La République En Marche), médecin généraliste de formation, a fait adopter un amendement en commission des affaires sociales avec le soutien d’Olivier Véran, rapporteur du PLFSS 2019, qui ne manquera pas de faire réagir.

Ce texte vise à expérimenter dans deux régions à partir du 1er janvier prochain « la dispensation, par les pharmacies d’officine, de certains médicaments à prescription médicale obligatoire dans le cadre d’un protocole médical et de coopération conclu avec le médecin traitant et les communautés de santé des structures d'exercice coordonnées ». S’il est adopté, un décret fixera les modalités de cette délivrance et un arrêté la liste des médicaments concernés.

Pour défendre son texte, Delphine Bagarry cite en exemple la Suisse : « en mars 2018, 20 % des officines suisses proposaient ce service aux patients. Plusieurs pathologies ont été identifiées comme la cystite, la conjonctivite ou l’eczéma (…). Cela va faciliter l'accès aux soins pour certaines maladies et la coopération entre les professionnels de santé ».

Vers des « dysfonctionnements et des problèmes graves »

Sans surprise, la colère des syndicats représentatifs de praticiens libéraux ne s’est pas fait attendre. Pour la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français), il s’agit tout bonnement « d’une remise en cause complète des contours de métier : cela revient à donner au pharmacien la responsabilité d’un diagnostic médical et d’une prescription de médicaments habituellement prescrits par le médecin ». Toujours selon l’organisation présidée par le Dr Jean-Paul Ortiz, une telle mesure entrainerait « des dysfonctionnements et des problèmes graves dans la prise en charge des patients ».

Dans la même veine, MG France avertit qu’il refusera « la confusion des rôles, née d'une incompréhension grave, voire d'une négation, de ce qu'est l'exercice médical et en particulier de celui du généraliste ».

Xavier Bataille

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (7)

  • Souvenir de guerre

    Le 22 octobre 2018

    Je crois me souvenir qu'il y a des années de cela, la profession pharmaceutique s'était livrée à une guerre sans merci contre nos confrères médecins propharmaciens, qui sans nul doute, rendaient service à des populations isolées. Guerre qui bien sur s'est soldée par une disparition de ce mode de pratique. Si un médecin est inapte à la délivrance des médicaments, merci de m'expliquer en quoi un pharmacien serait compétent pour établir un diagnostic. Coopération entre professionnels de santé,dites vous ….bizarre, bizarre.

    Dr Michel Pinson

  • On trouve tout à la Samaritaine ou chez le pharmacien

    Le 23 octobre 2018

    Vaccination anti grippe, consultation anti tabac, contrôle glycémie, contrôle de TA, conseil sur l'achat de matériel médical, vente de chaussures de marche, cannes, assiettes,fauteuils, coupe ongles, préservatifs ... chapeaux (si ,si je l'ai vu !). Nos pauvres pharmaciens en ont vraiment pas assez à faire pour faire "Médecin" en plus de la gestion de leur "boutique" ....

    « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées » !

    Ph Delebecque (IDE)

  • Souvenirs de guerre et samaritaine.

    Le 25 octobre 2018

    Que les Médecins reviennent dans nos campagnes et ré-auscultent leurs patients et notre docteur Pinson pourra revendre des médicaments en assurant un stock dans son 35 tonnes qui l'accompagnera pour ses visites. Faîtes votre métier et laissez nous faire le notre...

    Quand à notre IDE Ph Delbeque, qu'il prenne contact avec les Pharmaciens proches de son lieu d'exercice et on lui laissera avec grand plaisir tous les conseils non rémunérés que nous prodiguons tous les jours.
    Etant dans un pays d'élevage, je lui laisse volontiers la garde des vaches qui je le souhaite seront aussi bien gardées.

    L'état cherchant à monter les professions libérales les unes contre les autres, soyez assez intelligents pour ne pas tomber dans le panneau.
    Un contact permanent entre professionnels dans notre secteur nous a permis de privilégier notre patientèle avant notre intérêt personnel afin d'assurer une bonne qualité de soins.
    Vive la campagne et les gens de bonne volonté, quelque soit leur profession, mais qui s'y investissent.

    Jacquet (pharmacien)

  • Au Pharmacien rural !

    Le 27 octobre 2018

    Monsieur Jacquet j'espère que vous lisez mieux les ordonnances que mon nom : 2 fautes dans l'orthographe merci, quand à l'expression "notre" IDE cela me parait méprisant comme le ton de votre réaction.
    Lorsque j'exerçais mon activité professionnelle je prodiguais des conseils spontanément sans rémunération et avec discrétion : c'était dans ma fonction d'informer les patients, pas besoin de le revendiquer à grands cris, ni d'attendre vos propositions !
    Les Pharmaciens possédaient-ils une qualification " chauffeur poids lourd " pour exercer, peut être pour leur parapharmacie ? Réflexion du même style que celle faite au Dr Michel Pinson.
    Je ne me sens pas une âme de gardien de vache, noble métier ma foi, même si ce Monsieur me laisse cette activité, je suis en retraite et souhaite y rester paisiblement.
    Il me semble que c'est plus les Pharmaciens qui veulent "exercer" les activités des autres professions médicales et paramédicales que l'inverse, c'est sans doute la forme d’ "investissement" qu'il a choisi ?
    Je ne souhaite pas entamer de polémique mais remettre les pendules à l'heure (car c'est le jour 27/10/2018...)

    Ph Delebecque (IDE en retraite)



  • C’est déjà le cas...

    Le 28 octobre 2018

    ...avec en corolaire l’exercice illégal de la médecine. Je m’explique : il m’est arrivé assez régulièrement d’etre le témoin de ces consultations sur le comptoir avec un interrogatoire pour le moins inapproprié (faute de formation adéquate) dans le but de vendre un médicament ou deux voir plus ! Et ceci à l’appréciation auditive des autres clients et sans examen clinique (heureusement). Je ne suis intervenu qu’une seule fois parce que le diagnostic était totalement erroné et que le traitement prescrit pouvait avoir de lourdes conséquences, les autres fois il n’y avait pas péril en la demeure mais je pense que probablement la démarche du pharmacien a été à l’origine d’un retard à la bonne prise en charge (diagnostic précis et traitement adapté). Pour ce vécu qui représente certes un échantillonnage certainement insuffisant, je suis contre les pharmaciens prescripteurs.
    Quant à la Bobologie apprenons la à tous pendant la scolarité et tout le monde y trouvera son compte.

    Dr Michel Bounioux, médecin retraité .

  • Chacun son job

    Le 29 octobre 2018

    J’ai habituellement de bonnes relations avec les pharmacies de mon secteur. Pourtant, il arrive que le pharmacien (ou préparateur) outrepasse son rôle. Il y a quelques temps, il a recommandé à l’un de mes patients de ne pas recourir à l’intervention de l’infirmière, mon patient étant jeune (et cortiqué), il est bien capable de se faire des injections tout seul . Ok .... et pour les prises de sang on fait comment ? Tout seul aussi non ? Je suis allée voir le patron de la pharmacie pour lui dire de s’occuper de vendre son matériel, et moi de faire mes piqûres ! Pour rester dans le thème rural... chacun son job, et les vaches seront bien gardées !

    Chris Bart (IDE)

  • Les vaches

    Le 01 novembre 2018

    C’est pourtant un vétérinaire qui s’occupe des vaches en diagnostiquant prescrivant et délivrant lui même ce dont elles ont besoin.
    Non la bonne phrase serait : les hommes seront mieux gardés ! Si chacun exerce son métier.
    En effet si les vaillants et innovants députés en marche ont renoncé à cette fausse bonne idée du mélange des genres du pharmacien c’est parceque cela faisait sauter un verrou dans la sécurité de la chaîne de soin.

    Deux cerveaux autour d’une même ordonnance c’est mieux pour repérer une erreur et en plus sans collusion d’interet à prescrire beaucoup ce qui aurait plombé les comptes de la princesse sécu (et cela compte beaucoup pour nos marcheurs).


    Dr François Roche

Réagir à cet article

Les réactions sont réservées aux professionnels de santé inscrits et identifiés sur le site.
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.


Lorsque cela est nécessaire et possible, les réactions doivent être référencées (notamment si les données ou les affirmations présentées ne proviennent pas de l’expérience de l’auteur).

JIM se réserve le droit de ne pas mettre en ligne une réaction, en particulier si il juge qu’elle présente un caractère injurieux, diffamatoire ou discriminatoire ou qu’elle peut porter atteinte à l’image du site.