Bientôt un « Tous anti IST » ?

Paris, le samedi 3 septembre 2022 – Une infectiologue veut créer une application de contact tracing pour les IST.

Dans un avis rendu le 4 juillet dernier, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) avait jugé que l’application de suivi des contacts (contact-tracing dans la langue de Bill Gates) « Tous Anti Covid » avait eu une « utilité marginale » dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19. Lancée en juin 2020 sous le nom de « Stop Covid », l’application avait en effet pour but de retrouver les cas contacts des personnes testées positives au Covid-19 grâce à la localisation de leurs téléphones et au Bluetooth.

Malgré ce constat d’échec, certains veulent encore croire à l’utilité du contact tracing via les smartphones. C’est le cas notamment du Dr Olivia Son, infectiologue à Paris, qui, épaulée par le chercheur en parasitologie Franck Dumetz, veut créer une application de contact tracing similaire à « Tous anti Covid » mais visant cette fois à freiner la propagation des infections sexuellement transmissibles (IST).

Une idée qui a germé avant l’apparition de la variole du singe, maladie qui « nous démontre encore plus la nécessité de ces outils » selon le Dr Son.

Se scanner le QR code, un préliminaire d’un genre nouveau

Selon l’infectiologue, l’idée lui est apparue en constatant que de nombreux patients souffrant d’IST ne parvenaient pas à identifier et à prévenir leurs partenaires sexuels récents. « Il y a une récurrence de situations où des patients n’ont pas les coordonnées de leurs partenaires, soit parce que c’est une relation très ponctuelle, soit parce qu’ils ont eu une relation dans certains lieux de rencontres comme des saunas » explique le Dr Son aux journalistes de BFM TV.

L’application, dénommée KYSS (« Know Your Status » « connaissez votre statut ») serait donc principalement destinée aux personnes ayant une vie sexuelle très active (hommes homosexuels célibataires, travailleurs du sexe…). Elle repose sur la technologie désormais célèbre du QR code et nécessite que les partenaires sexuels scannent chacun le QR code de l’autre avant ou après un rapport sexuel (ou même pendant).

Le QR code reste ensuite en mémoire dans le téléphone pendant au moins six semaines. Si l’utilisateur se fait diagnostiquer une IST pendant ce laps de temps, ses partenaires sexuels en seront avertis anonymement par une notification. L’application permettra également de générer un QR code commun, que les utilisateurs pourront scanner, à l’entrée de lieux de rencontres sexuels.

Enfin, elle fournira également des informations sur les IST et les lieux de dépistage et de prise en charge.

Un Kyss gratuit et anonyme

L’application ne demande évidemment aucune information personnelle aux utilisateurs et préserve leur anonymat, ce qui semble particulièrement important dans le domaine de la santé sexuelle. Elle sera également gratuite. « Notre démarche est une démarche de santé publique, notre but n’est pas de gagner de l’argent » affirme le Dr Son, qui rappelle qu’ « une IST diagnostiquée tôt représente un bénéfice à la fois individuel et collectif ».

En contact avec un développeur, elle a lancé une campagne de financement participatif pour développer son application et estime pouvoir la créer en sept semaines. L’objectif est de récolter 40 000 euros.

Si on souhaite bien sur bon courage au Dr Son pour son projet, on a cependant quelque peine à croire qu’au moment fatidique, deux amants auront le réflexe de se scanner le QR code.

Nicolas Barbet

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