Catherine Vautrin prend ses marques

Paris, le lundi 22 janvier 2024 – La nouvelle ministre de la Santé multiplie les déplacements et les interviews depuis sa nomination.

Lors de l’annonce de la composition du premier gouvernement de Gabriel Attal le 11 janvier dernier, la nomination de Catherine Vautrin à la tête d’un grand ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités a constitué une surprise. Cette ancienne ministre de Jacques Chirac, globalement disparue des radars depuis sa défaite aux législatives de 2017, n’était pas attendue à un poste aussi important. Alors, depuis sa nomination, cette « inconnue au bataillon » comme l’a qualifié le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML, tente petit à petit d’imposer son style et de se faire connaitre.

A l’image du chef du gouvernement Gabriel Attal, qui mène presque un déplacement par jour, la ministre a d’abord eu à cœur d’aller sur le terrain. Après une visite au CHU de Dijon le 13 janvier dernier où elle est restée dans l’ombre du nouveau Premier Ministre, la nouvelle ministre s’est lancée seul dans le grand bain, avec notamment la visite d’une crèche vendredi dernier à Parthenay dans les Deux-Sèvres puis celle d’un Ehpad La Capelle dans l’Aisne samedi. De l’avis de tous les observateurs, l’ancienne députée s’est montrée plutôt à l’aise dans l’exercice, échangeant sans difficulté avec les personnels présents sur place.

Qui sera nommée ministre déléguée à la Santé et quand ? Mystère…

Autre exercice périlleux auquel s’est adonné la nouvelle ministre, celle de l’entretien avec des journalistes. Sa première grande interview dans la presse écrite aura finalement été accordée ce samedi à nos confrères de Ouest France, premier quotidien de France. Outre des questions relatives à la politique politicienne et à la lutte contre le chômage, la ministre a été longuement interrogé sur les sujets sanitaires.

« La santé sera le fil rouge de mon ministère » a tout de suite tenu à préciser la ministre, comme pour rassurer ceux qui s’inquiètent que la santé, qui ne compte donc plus de ministère dédié, soit relégué au second plan derrière la question du travail. La ministre devrait d’ailleurs, selon toute vraisemblance, se voir allouer un ministre délégué à la santé pour l’aider à gérer le « continent ministériel » qui lui a été confié, selon les termes employés par Emmanuel Macron.

Le soir même du remaniement, le nom d’Agnès Pannier-Runachier, jusque-là ministre de la Transition écologique, était cité par la plupart des médias comme celui de la future ministre déléguée à la santé. Mais la nomination du reste du gouvernement Attal, au départ prévu pour ce jeudi, a finalement été repoussée à après le discours de politique générale du nouveau Premier Ministre, prévu pour le 30 janvier. « Je ne vous donnerais aucun nom, il ne m’appartient pas de proposer » répond simplement Catherine Vautrin quand on l’interroge sur le nom de son futur acolyte.

Sur le fond, l’entretien accordé par Catherine Vautrin ne contient aucune annonce d’importance, la ministre se contentant, en bon soldat, de rappeler les différentes annonces faites par Emmanuel Macron mardi dernier lors de sa grande conférence de presse. Pour l’hôpital et la désertification médicale, la ministre promet de « continuer à améliorer l’attractivité de l’ensemble des métiers de soins, à simplifier, à libérer du temps médical » et de « travailler à l’échelle des bassins de vie, avec les patients, les professionnels de santé et les élus pour que les patients, puissent être soignés à l’hôpital mais aussi dans les cabinets de ville », sans plus de détail sur les mesures précises à prendre pour améliorer la situation de l’accès aux soins. Elle a également repris la promesse du chef de l’Etat de « régulariser » les médecins étrangers à diplôme hors Union Européenne (les fameux Padhue), là encore sans vraiment entrer dans le détail.

Une certaine maitrise du politiquement correct et de la langue de bois

Toujours dans une sorte de service après-vente des annonces présidentielles, la ministre a défendu l’idée décriée de doubler la franchise sur les médicaments, pour la faire passer de 50 centimes à 1 euro par boite. « C’est un effort, mais il est nécessaire et doit être rapporté à d’autres types de dépenses que peuvent faire quotidiennement les Français sur des sujets qui ne sont pas vitaux, la santé ne peut pas être entièrement gratuite » lance la ministre, annonçant ainsi sans doute que son mandat sera marqué par une certaine austérité budgétaire.

Alors que ses positions conservatrices dans le passé (elle s’était opposé à la légalisation du mariage homosexuel) ont pu inquiéter certains au moment de sa nomination, la ministre s’est montrée prudente au moment d’évoquer la grande réforme de société dont elle a hérité, à savoir la légalisation de l’aide active à mourir. « Je reprendrais la formule de Montesquieu : « on ne peut légiférer que d’une main tremblante ». Il faudra être extrêmement respectueux et précis. Les grandes lignes seront annoncées comme prévu en février » déclare la ministre.

Enfin et sur un ton un peu plus léger, cet entretien aura été l’occasion pour la rémoise d’origine d’évoquer la première polémique (le terme est sans doute excessif) de son ministère, à savoir que la bannière de son compte X (ex-Twitter) faisait la promotion des vignobles de sa région et donc de l’alcool. « Cette reconnaissance est un atout majeur pour l’attractivité de la région, elle n’invite personne à boire, en ce qui me concerne je suis adepte d’une grande modération en matière de consommation d’alcool » explique la ministre. Depuis, la bannière de son compte X présente une photo bien plus consensuelle la montrant lors de sa visite du CHU de Dijon. Avec plus de 20 ans de politique derrière elle, la nouvelle ministre maitrise décidément bien l’art du politiquement correct et de la langue de bois.

Quentin Haroche

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