Covid-19 : vacciner les enfants ?

A côté des nombreuses questions pratiques et techniques que pose la vaccination contre la Covid-19, une réflexion éthique semble nécessaire concernant la vaccination des enfants.

Au fil de la pandémie, il est apparu que les enfants présentaient le plus souvent des formes pauci-symptomatiques de la Covid-19. Des cas de syndrome inflammatoire multisystémique « pseudo-Kawasaki », ont bien été décrits, mais sont restés rares. De nombreux travaux montrent désormais que l’incidence de la maladie est aussi plus faible chez l’enfant. Le données chinoises indiquent que seulement 1 % des cas dénombrés en Chine concerne la population pédiatrique, et en Islande aucun test PCR n’est revenu positif chez les enfants de moins de 10 ans. En Suisse et aux Etats-Unis, des études de séroprévalence montrent que celle-ci est inférieure de 50 % chez les 5-11 ans comparativement aux adolescents.

Le rôle des enfants dans la transmission du virus est, quant à lui, encore controversé. Le virus est retrouvé dans les prélèvements naso-pharyngés des enfants, à tout âge et à des concentrations égales voire supérieures à celle des adultes.

Toutefois, de nombreuses données indiquent que, lors d’une transmission familiale, celle-ci est le fait des adultes et non des enfants.

Prouver l’innocuité du vaccin chez l’enfant et l’impact bénéfique sur la transmission

L’incidence et la gravité de la Covid-19 étant faibles chez l’enfant, la vaccination n’aurait donc pas comme objectif de les protéger, mais plutôt celui de protéger la communauté et surtout les plus âgés et les personnes à risque. Dès lors, et pour respecter la balance bénéfice/risque, il est indispensable que chaque candidat-vaccin prouve son innocuité quand il est administré à l’enfant, ce qui, pour le moment, n’est pas le cas. D’autre part, la vaccination pédiatrique devra prouver qu’elle atteint son objectif, celui d’interrompre ou de réduire la transmission du virus. Or, pour le moment, les essais se concentrent sur la preuve de l’induction de l’immunité et de la protection individuelle contre la maladie, mais aucune étude n’a prouvé l’effet de la vaccination sur la transmission du virus. En suivi post-commercialisation, l’apport de la preuve que les sujets vaccinés ne sont plus transmetteurs risque de prendre un certain temps.

Rappelons toutefois que pendant que le monde entier attend les vaccins contre le SARS-CoV-2, les investigations montrent que les vaccinations de routine ont été grandement affectées par le confinement. Avant de disposer d’un vaccin sûr et efficace contre la Covid-19, assurons-nous que les calendriers vaccinaux soient respectés, pour protéger les enfants et éviter la survenue d’épidémies de maladies évitables, comme la rougeole par exemple.

Dr Roseline Péluchon

Références
Eberhardt CS et coll. : Is there a role for childhood vaccination against COVID-19? Pediatr Allergy Immunol., 2020;00:1–8. doi.org/10.1111/pai.13401

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Vos réactions (4)

  • Question de la transmission du virus

    Le 05 janvier 2021

    Tenant compte que le virus "se trouve" dans le nez et sur les mains, (9 heures sur les mains, sans lavage), la vaccination n’empêche pas la transmission, mais plus de % de vaccination, moins de risque de la Covid dans l'entourage. La vaccination évite dans 95% (?) des cas d'être atteint de la Covid, mais comme pour autres virus, transmission possible "à un autre".

  • Le calendrier vaccinal habituel a déjà souffert de la pandémie

    Le 05 janvier 2021

    Les enfants sont exclus des essais cliniques avec les vaccins anti Covid; donc pas question de les vacciner. Si la Covid 19 est bien plus mortelle que la grippe chez les adultes, c'est l'inverse chez les enfants. Raison de plus pour ne pas les vacciner, d'autant plus qu'il est important de respecter le calendrier vaccinal habituel qui a souffert de la pandémie.

    Dr Alain Siary

  • Ne pas vacciner les enfants !

    Le 05 janvier 2021

    Il me semble que le titre devrait être: actuellement ne pas vacciner les enfants de moins de 11 ans contre la covid 19. On n'en est pas là .
    Il faut marteler que les enfants doivent avoir leurs vaccinations obligatoires régulières ce qui n'a pas été toujours le cas malheureusement pendant l'année 2020.
    On peut proposer comme l'a suggéré l'académie nationale de médecine de vacciner les nourrissons contre les infections à rotavirus et tous les enfants contre la grippe usuelle.

    Dr Catherine Buffet

  • Faits pédiatriques

    Le 08 janvier 2021

    «Covid-19 : vacciner les enfants ?» : La Charrue devant les Bœufs. Les commentaires pour une fois convergeants sont aussi rassurants que l’argumentaire ultra-nuancé du travail analysé par les Dr R Péluchon.
    Il était licite de poser académiquement la question, mais aussi Facile d’y répondre : TOTALEMENT PREMATUREE. La paucité vaccinale fera heureusement le reste, si besoin.
    Le sujet devrait restait pour tous le NON OUBLI des vaccinations standards : QS rougeole

    1- Impact vaccinal sur la DYNAMIQUE de TRANSMISSION ? : Les supputations en cours chez l’adulte ne rassurent pas quand les rares analyses pédiatriques ont fait passer l’enfant de maillon épidémiologiquement «FAIBLE» par analogie alors légitime, à «FORT» opportuniste (école) , puis in finé NEUTRE : cf JIM

    2- Quid de la TOLERANCE vaccinale PEDIATRIQUE ? : TOUT A ETE DIT et ANTICIPE en France grâce aux cardio-pédiatres qui ont surligné très tôt que les rarissimes mais anxiogênes et médiatiques «Kawa-Post Covid» pourraient devenir un des obstacles à la compliance vaccinale :

    Belhadjer Z et coll . Acute heart failure in multisystem inflammatory syndrome in children (MIS-C) in the context of global SARS-CoV-2 pandemic . Circulation. 2020 May17 Aug4;142:429–436 doi.org/10.1161/CIRCULATIONAHA.120.048360

    Ils faisaient remarquer que la nature IMPREVISIBLES , «immuno-inflammatoire» de ces atteintes myocardiques mais aussi neurologiques PRE-VACCINALES était susceptible d’interférer avec la tolérance et la compliance lors de l’ère vaccinale : Nous y sommes.

    3- Les aspects «ETHIQUES» en PEDIATRIE sont rappelés : La délégation du choix reste inhérente à la Pédiatrie comme à la Gériatrie depuis et pour toujours. Les analogies avec d’autres OBLIGATIONS vaccinales NATIONALES RESTENT légitimes en regard de comparaisons européennes faute à nouveau d’uniformité.

    4- L’impact des VARIANTS sur les rares acquis pédiatriques restent à évaluer. Euphémisme : Notre INCAPACITE nationale durable à l’EPIDEMIOLOGIE MOLECULAIRE fut un choix, un an exactement après la première publication du séquençage en ligne le 7/1/2020 :

    Wu F, Zhao S, Yu B et coll . A new coronavirus associated with human respiratory disease in China. Nature. 2020 Mar;579(7798):265-269 doi: 10.1038/s41586-020-2008-3

    Toute évaluation nationale chez l’adulte, et à fortiori l’enfant , est ERRONEE en regard de VRAIES démarches collaboratives : UK – USA – AUSTRALIE – NOUVELLE ZELANDE – AFRIQUE DU SUD
    TOUTE AFFIRMATION NATIONALE SOUS EVALUEE ainsi l’incidence des «VARIANTS» et reste «Wind-Based» faute d’outil d’évaluation jugé jusque là non prioritaire mais vulgarisé ailleurs : Sélection des PCR+ (Pré- séquençage) – Séquençage : Chronophage – Couteux.

    L’implication des « Variants » dans les drames en cours dans le Grand Est ou dans le Sud-Est restera sans réponse.
    Leurs implications sur les tests de diagnostic, de dépistage ou l’efficacité vaccinale ouvre un gouffre.

    A nouveau approximations puis MENSONGES : « Si le Vert est dans le Fruit : Qui mangera le Fruit » ?

    5- «HORS COVID» , les sujets évoqués par le Dr C Buffet rappellent les anticipations louables de l’académie nationale de médecine :

    • GRIPPE : «Face à la Covid-19, vaccinons contre la GRIPPE !» (13/5/2020) : L’enfant n’est PAS évoqué MAIS ce devait être un VRAI sujet de réflexion :

    Wu Q et coll . Coinfection and Other Clinical Characteristics of COVID-19 in Children. Pediatrics. 2020 Jul ;146(1):e20200961 doi:10.1542/peds.2020-0961

    Wu D et coll . Coinfection of Influenza Virus and Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2 (SARS-COV-2). Pediatr Infect Dis J. 2020;39(6):e79 doi:10.1097/INF.0000000000002688

    QUELLE EST LA DISPONIBILITE DES VACCINS ANTI-GRIPPAUX au 31décembre ? NULLE hors EHPAD.

    • ROTAVIRUS : «Covid-19 : une opportunité pour vacciner les nourrissons contre les infections à ROTAVIRUS» (22/7/2020) afin d’alléger le «fardeau pédiatrique». L’hypothèque sur sa tolérance (Invaginations) fut à nouveau levée en regard du bénéfice sanitaire & logistique attendu (2-6Mois) :

    Marquis A et coll . Impact of Routine Rotavirus Vaccination in Germany: Evaluation Five Years After Its Introduction. Pediatr Infect Dis J. 2020;39(7):e109-e116 doi:10.1097/INF.0000000000002656

    • Force est de CONSTATER en pédiatrie : Ou sont passés les grippes, rotavirus et VRS.
    On pouvait redouter l’impact sanitaire & surtout logistique des CO-VIRALITE saisonnières attendues
    Bénéfique possible des «mesures physiques» sur la saison pédiatriques 2020-2021?. Elles lêvent pour l’instant l’hypothéquer évoquée. A suivre : Réponse cet été.
    Le vrai sujet reste plus à fermer ou non les écoles qu’à vacciner les enfants : Une option empirique légitime mais cruelle dont l’impact transgénérationnel est pour une fois consensuel.

    HORS PEDIATRIE :
    • Les IMPROVISATIONS UBUESQUES sur le simple mode d’injection, le timing des rappels, la «Sixième dose» confortent durablement les immenses réserves émises sur la vaccination COVID pédiatrique en regard d’un bénéfice sanitaire qui n’est pas prêt d’être établi.

    • Les reclassements OPPORTUNISTES questionnent sur la pertinence des propos tenus et postures : Après Mr Mattei à la «Croix-Rouge» , Mme Buzyn à l’OMS , Mr Juvin et son Livre pour la présidentielle 2022 ?!
    Et pour Mr Véran : A suivre ?

    Dr JP Bonnet

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