Covid grave : le schéma vaccinal complet, c’est mieux !

Au Royaume-Uni, comme dans d’autres pays, la vaccination contre la Covid-19 a connu initialement un beau succès. En janvier 2022, plus de 90 % des plus de 12 ans avaient reçu un vaccin. L’intérêt pour le vaccin s’est toutefois émoussé au fil du temps et les recommandations concernant la deuxième dose et les suivantes ont été moins bien suivies, avec l’apparition d’une hésitation vaccinale jusque dans les populations à risque élevé de forme grave de Covid-19.

Une étude a été menée en Grande-Bretagne à partir des dossiers de santé électroniques des individus âgés de 5 ans et plus, pour identifier les facteurs associés à une vaccination incomplète et évaluer le risque de forme grave de Covid-19 chez les personnes n’ayant pas complété le schéma vaccinal.

Plus d’un tiers de vaccinations incomplètes

Le taux de vaccinations incomplètes était établi au 1er juin 2022, et le risque de forme sévère de Covid-19 calculé entre juin et septembre 2022. Les données étaient analysées séparément pour l’Angleterre, l’Irlande du nord, l’Ecosse et le Pays de Galles.

Au 1er juin 2022, 45,8 % des habitants d’Angleterre n’avaient pas un schéma vaccinal complet, 49,8 % de ceux d’Irlande du nord, 34,2 % des Ecossais et 32,8 % des Gallois. Le taux de vaccinations complètes est inférieur parmi les plus jeunes, les personnes vivant dans des zones défavorisées, les « non-blancs », et ceux qui présentent un nombre faible de comorbidités.

Un schéma vaccinal incomplet est associé à une augmentation du risque de forme grave de Covid-19, en comparaison avec les personnes ayant reçu toutes les doses recommandées, dans tous les groupes d’âge et dans toutes les régions du pays, particulièrement chez les personnes âgées de plus de 75 ans. Pour les 16-74 ans, le risque augmente de 26 % quand une dose de vaccin manque, de 88 % quand il manque 2 doses et de 50 % quand il manque 3 doses. A partir de 75 ans, le risque est multiplié par 3. Les données ne sont pas très différentes quand l’analyse est menée dans les différentes régions séparément.

Ces données illustrent l’intérêt de mieux comprendre les barrières à la vaccination, particulièrement dans les populations identifiées comme étant plus susceptibles de ne pas recevoir le schéma vaccinal complet. Cela pourrait mener notamment à des mesures concrètes comme une lutte plus efficace contre la désinformation. Les auteurs suggèrent aussi l’utilisation de personnalités connues pour appuyer les messages, ainsi que l’augmentation du nombre de lieux de vaccination.

Dr Roseline Péluchon

Référence
HDR UK COALESCE Consortium. Undervaccination and severe COVID-19 outcomes: meta-analysis of national cohort studies in England, Northern Ireland, Scotland, and Wales. Lancet. 2024 Jan 12:S0140-6736(23)02467-4. doi: 10.1016/S0140-6736(23)02467-4.

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Vos réactions (4)

  • Incompréhension !

    Le 24 janvier 2024

    Pourquoi le risque augmente seulement de 50 % quand il manque 3 doses ; alors qu’il est de 88 % lorsqu’il manque 2 doses ?

    Dr R. Peltre

  • La fabrique de l'ignorance

    Le 27 janvier 2024

    Probablement que quand il manque trois doses, c'est qu'on est pas vacciné. (humour)
    C'est typiquement le genre d'article qui est sorti pendant une trentaine d'année sur le tabac, recommandant aux femmes enceintes de fumer. Fumer est bon pour la santé.
    Ca me rappelle aussi, pendant la première année de vaccination, je regardais régulièrement le site officiel recensant les vaccinés et non vaccinés. Au départ, je pensais y trouver deux cases, vaccinés ou non vaccinés, que nenni, après 1 an il y avait déjà douze statuts vaccinaux différents. Impossible d'en déduire quoi que ce soit. Comment noyer le poisson. J'aimerais bien vivre encore 20 ans pour voir cette histoire s'écrouler comme un château de carte.
    Dr V. Bentolila

  • Schéma vaccinal complet face au variant JN.1

    Le 29 janvier 2024

    Ce n'est pas inutile de rappeler en effet que pour être bien vacciné il faut aujourd'hui avoir réalisé un schéma vaccinal complet soit :
    - Pour les personnes en bonne santé âgées de 12 à 60 ans un schéma de primo-vaccination complet (deux doses, ou une infection suivie d’une dose, ou une dose suivie d’une infection) ainsi qu’un rappel vaccinal
    - Pour les personnes à risque de forme grave de Covid-19 le schéma vaccinal complet correspond aux mêmes trois doses et à un deuxième rappel, ce qui correspond donc à une quatrième dose. L’injection de la dose de rappel additionnelle était recommandée dès l'automne 2023. Sont éligibles les personnes immunodéprimées, les résidents en Ehpad, les personnes âgées de 60 ans et plus, les adultes présentant une ou plusieurs comorbidités, les femmes enceintes et plus globalement l’entourage des personnes à risque dont les professionnels des secteurs de la santé et du médico-social.
    La France est particulièrement en retard. Seulement 31 % des 70-79 ans et 35 % des plus de 80 ans se sont fait administrer une dose de rappel contre la Covid-19 en France entre le 1er septembre 2023 et le 15 janvier 2024. Selon l’agence de santé publique européenne, les taux de vaccination chez les 70-79 ans et les plus de 80 ans sont respectivement de 56 et 57 % en Belgique, 80 et 88 % au Danemark, 59 et 68 % en Irlande et 63 et 67 % aux Pays-Bas.

    Selon l'OMS le virus continue de circuler, de muter et de tuer. Le dernier en date, nommé JN.1 ou "Juno" est un sous-lignage de BA.2.86 (surnommé le variant Pirola), lui-même sous-variant d'Omicron. Il a été classé comme "variant à suivre" ou VOI. Les données indiquées sur le site de l'OMS en janvier 2024 démontrent une intensification de la transmission en décembre, sous l’effet des rassemblements pendant la période des fêtes et du variant JN.1, qui est maintenant le variant le plus fréquemment signalé dans le monde.
    Près de 10 000 décès dus à la COVID-19 ont été notifiés à l’OMS en décembre, et il y a eu une augmentation de 42 % du nombre d’hospitalisations et de 62 % du nombre d’admissions en soins intensifs, par rapport à novembre.
    Selon Antoine Flahault la France et l'Islande sont les deux "épicentres" de cette émergence épidémique de JN.1. Selon Santé publique France, il est devenu en janvier 2024 le variant majoritaire en France hexagonale et représente désormais 84%% des tests interprétables.
    JN.1 montre une capacité accrue à infecter certaines cellules pulmonaires : les CaLu-3. Il s'agit de cellules de la partie inférieure du poumon qui sont tapissées d'une protéine de surface appelée TMPRSS2. Selon Shan-Lu Liu, auteur principal d'une étude publiée dans la revue Cell (1), BA.2.86 peut pénétrer dans les cellules pulmonaires CaLu-3 mieux que n'importe quel variant du Covid depuis Delta.

    (1) Immune evasion, infectivity, and fusogenicity of SARS-CoV-2 BA.2.86 and FLip variants, Quetal.,2024,Cell187,1–11 February 1,2024; https://doi.org/10.1016/j.cell.2023.12.026

    Dr D. Boutry

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