Covid : la fin de l’épidémie en France ?

Paris, le lundi 30 janvier 2023 – Le gouvernement a décidé de mettre fin à l’isolement systématique des personnes contaminées et au traçage des cas contacts.

Le 24 janvier 2020, les trois premiers cas de ce qu’on n’appelait pas encore la Covid-19 étaient détectés en France. Trois ans et 164 000 morts plus tard, le ministère de la Santé a annoncé ce samedi l’abandon des dernières mesures de lutte contre la propagation de la Covid-19, semblant décréter, d’un point de vue réglementaire du moins, la fin de la pire épidémie que la France ait connu en un siècle.

Le gouvernement a ainsi annoncé qu’à compter de mercredi prochain, les personnes testées positives à la Covid-19 n’auraient plus l’obligation de s’isoler pendant cinq jours (formellement, cette obligation n’a jamais existé en raison d’une censure du Conseil Constitutionnel). Cet isolement ne sera donc désormais plus que recommandé. Lorsqu’une personne sera testée positive, elle devra désormais donner son consentement pour que sa contamination soit enregistrée dans le système SI-DEP, destiné à disparaitre le 30 juin prochain après trois ans de bons et loyaux services.

C’est la fin également de l’obligation (ou plutôt de la forte incitation) pour les cas contacts de se faire dépister. Le service « Contact Covid » de l’Assurance Maladie, en charge du traçage des contacts, disparaitra ce mardi, comme l’avait prévu la loi de sortie de l’état d’urgence du 30 juillet dernier. Ses effectifs avaient déjà été fortement réduits au cours de l’année 2022. « En revanche, comme pour toute maladie à infection respiratoire aigüe, il reste fortement recommandé aux personnes testées positives au Covid-19 ainsi qu’aux personnes ayant été exposées à une personne contagieuse, de respecter les gestes barrières, de se faire tester et d’éviter le contact avec les personnes fragiles » précise la Direction Générale de la Santé (DGS).

Un « contexte épidémique favorable »

Autre bonne nouvelle pour les finances publiques (mais moins bonne pour les actifs), la fin de ces règles sanitaires signifie également l’abandon des règles dérogatoires concernant les arrêts maladies. En effet, depuis 2020 et le début de l’épidémie, les personnes testées positives à la Covid-19 pouvaient bénéficier d’un arrêt maladie sans délai de carence. A partir de mercredi, le délai de carence sera rétabli. Le gouvernement devance ainsi la dernière loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2023, qui avait reconduit le dispositif de d’absence de délai de carence, tout en indiquant qu'il devrait être abandonné d'ici la fin de l'année.

De facto, le gouvernement met donc fin au système dit du « tester, tracer, isoler », mis en place au début de la deuxième vague en septembre 2020 pour mieux mesurer et endiguer l’épidémie. La DGS justifie l’abandon de ces mesures par le « contexte épidémique favorable, marqué une très faible circulation virale en France » et par les « stratégies similaires dans l’ensemble des pays européens ».

Six semaines après le pic de la 9ème vague, l’épidémie est en effet au plus bas en France. Seulement 4 500 personnes sont testées positives au Covid-19 chaque jour, le niveau le plus faible depuis mi-octobre 2021, soit avant l’apparition d’Omicron. Certes, cette baisse est due en partie à la diminution du nombre de tests pratiqués (71 000 par jour contre 235 000 début décembre), mais le taux de positivité est aussi en baisse (6 % contre 27 % début décembre). A l’hôpital, on ne compte que 16 000 patients infectés par SARS-CoV-2 (- 11,7 % sur la semaine) dont 900 en soins critiques (- 14,7 % sur la semaine). Moins de 40 personnes décèdent de la Covid-19 chaque jour, contre 120 au début du mois.

Maintien des contrôles sanitaires pour les voyageurs venus de Chine

La France n’est pas le seul pays européen à voir l’avenir épidémiologique avec optimisme et à abandonner ses dernières mesures sanitaires. Ces derniers jours, l’Allemagne et l’Espagne ont annoncé leur intention d’abandonner l’obligation de porter un masque dans les transports en commun dans les prochaines semaines.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a cependant décidé ce lundi de maintenir la Covid-19 au rang d’« urgence de santé publique internationale », trois ans après avoir décrété l’alerte maximale le 30 janvier 2020. L’instance onusienne justifie le maintien de ce niveau d’alerte par l’apparition possible de nouveaux variants et par la faible couverture vaccinale dans les pays en voie de développement.

La principale menace épidémiologique pour le monde reste la Chine où il est impossible de connaitre l’ampleur de l’épidémie en raison de l’omerta pratiquée par le gouvernement chinois. Si les épidémiologistes s’accordent à dire que le pic de l’épidémie est passé, les festivités du Nouvel an chinois actuellement en cours, qui donnent lieu à des millions de déplacements à travers l’Empire du Milieu, pourraient provoquer un nouveau rebond. Le gouvernement français a donc décidé ce samedi que les mesures particulières s’appliquant aux voyageurs venus de Chine (test négatif obligatoire à l’embarquement, port du masque dans l’avion, dépistage aléatoire à l’arrivée et isolement des cas positifs), qui devaient prendre fin ce mardi seront maintenues jusqu’au 15 février au moins. Signe que malgré l’abandon du « tester, tracer, isoler », l’exécutif considère que le danger n’a pas totalement disparu.

Quentin Haroche

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