Covid : un variant qui inquiète

Paris, le vendredi 1er septembre 2023 – Détecté en France pour la première fois, le variant BA.2.86 présenterait une grande capacité d’échappement immunitaire.

Ce n’était qu’une question de jours avant qu’il soit détecté en France, c’est désormais chose faite. Le variant d’Omicron BA.2.86, qui avait déjà été identifié dans une quinzaine de pays dans le monde, a été détectée pour la première fois en France a indiqué ce jeudi Santé Publique France (SPF). Le prélèvement a été effectué le 21 août dernier et concerne un patient vivant dans l’Aube.

Ce nouveau sous-variant d’Omicron, appelé « Pirola » sur les réseaux sociaux, fait parler de lui depuis une quinzaine de jours. Le 17 août dernier, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Centre de contrôle des épidémies (CDC) aux Etats-Unis ont en effet tous les deux annoncés qu’ils surveillaient activement ce nouveau variant du SARS-Cov-2 en raison du nombre importants de mutations (plus d’une trentaine) qu’il présente sur la protéine Spike, celle qui permet au virus de pénétrer les cellules de l’hôte. En théorie, ces nombreuses mutations pourraient conférer à ce nouveau variant une grande capacité d’échappement immunitaire, mais cela reste à prouver en pratique. En revanche, ce nouveau variant ne semble, à ce stade, ni plus contagieux, ni plus pathogène que les autres variants d’Omicron circulant actuellement.

Le Royaume-Uni avance sa campagne de vaccination

Pour le moment, les scientifiques se montrent plutôt rassurant quant aux risques liés à ce nouveau variant, alors que la France connait depuis quelques semaines une faible remontée des cas de Covid-19. « Les cas avérés de BA.2.86 ne présentent pas de symptômes atypiques et la population mondiale a acquis en grande majorité une forme d’immunité contre les formes graves » estime Etienne Simon-Lorière, virologue à l’Institut Pasteur. « En grande partie, la protéine Spike reste la même et est reconnue, surtout par la réponse cellulaire qui est activée chez les personnes qui ont été vaccinées ou en contact avec le virus ».

Interrogé sur ce nouveau variant ce vendredi matin sur France info, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a estimé que ce mutant « n’appelait pas de réponse sanitaire particulière ». Nos voisins britanniques ne sont visiblement pas de cet avis : le gouvernement britannique a en effet annoncé ce mercredi que la prochaine campagne de vaccination de rappel contre la Covid-19, initialement prévue pour début octobre, allait être avancée au 11 septembre. Londres justifie cette décision par l’arrivée de ce nouveau variant, tout en reconnaissant que les informations sur ce mutant sont encore très limitées.

Une course perdue d’avance ?

Les mutations permanentes du SARS-Cov-2 posent le problème de l’efficacité de la vaccination. Les vaccins à ARNm actuellement disponibles ont été développé pour cibler le variant BA5, majoritaire l’été dernier en France mais qui ne circule quasiment plus dans nos contrées. Les laboratoires américains Pfizer et Moderna ont donc développé des vaccins adaptés au variant XBB 1.5 et qui seraient, si l’on en croit les premières données disponibles sur le sujet, également efficaces contre le variant EG.5.1 ou « Eris », le mutant responsable de la hausse des contaminations en France cet été.

Reste à savoir quand ces nouveaux vaccins seront disponibles. La nouvelle version du vaccin de Pfizer a été autorisée par la Commission Européenne ce vendredi et le géant de l’industrie pharmaceutique assure qu’il pourra livrer les premières doses en Europe dès le mois d’octobre. Mais d’ici là, le variant BA.2.86 aura peut-être pris le dessus sur les autres variants et les nouveaux vaccins déjà pourraient se trouver, à peine mis sur le marché, déjà dépassés.

Comme depuis près de trois ans, il semble donc que le SARS-Cov-2 ait toujours une longueur d’avance sur le génie humain.

Quentin Haroche

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Vos réactions (1)

  • Pourquoi ce titre ?

    Le 03 septembre 2023

    Si "ce nouveau variant ne semble, à ce stade, ni plus contagieux, ni plus pathogène que les autres variants d’Omicron circulant actuellement." pourquoi ce titre ?
    Faut-il s'inquiéter parce que les "nouveaux vaccins déjà pourraient se trouver, à peine mis sur le marché, déjà dépassés."? On s'en doutait bien un peu non ?

    A Levry, pharmacien

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