Athènes, le lundi 10 janvier 2022 – La Grèce est le premier
pays du monde à rendre obligatoire le port de deux masques
superposés, une pratique qui diminuerait le risque de
contamination.
Après la triple dose, le double masque. Autant de multiplications
et de précautions supplémentaires qui nous font craindre que l’on
est encore loin de la fin de l’épidémie de Covid-19. Depuis une
semaine en Grèce, le port d’un masque FFP2 ou de deux masques
superposés (un masque en tissu sur un masque chirurgical) est
désormais obligatoire dans les transports en communs et les
supermarchés, afin de freiner la vague Omicron qui touche le pays
(plus de 40 000 contaminations par jour). Le port du double masque
est également imposé aux employés de la restauration. En principe,
cette mesure est censée rester en vigueur jusqu’au 16 janvier, mais
le gouvernement a prévenu « qu’une prolongation est possible si
cela est jugé nécessaire ». Mais cette double précaution
est-elle utile ?
Le double masque, une mode américaine
Le port du double masque n’est pas apparu en Grèce mais aux
États-Unis où il est fortement usité depuis un environ an et a été
popularisé par le président Joe Biden et son équipe. Selon une
étude réalisée par les CDC américains en février dernier, le port
d’un masque en tissu sur un masque chirurgical réduirait de 83 à 92
% le risque de contamination en présence d’une personne infectée
non masqué, contre 42 % pour un masque simple.
Pour justifier sa décision, le gouvernement grec s’appuie sur des
données similaires, affirmant que le port d’un double masque fait
diminuer le risque de 90 %, contre 70 % pour un masque simple. Les
masques FFP2 étant couteux et difficiles à trouver en Grèce, les
autorités grecques estiment qu’il s’agit d’une alternative plus
économique. « Les masques chirurgicaux sont accessibles et ceux
en tissu sont réutilisables, le coût est donc moins important que
si on obligeait les gens à porter uniquement un FFP2 » explique
l’épidémiologiste Gkikas Magiorkinis, membre du conseil
scientifique auprès du gouvernement.
Nouvelle excentricité ou future normalité ?
En France, les autorités ne recommandent pas le port du double
masque et c’est plutôt la généralisation du masque FFP2 qui fait
actuellement débat. Philippe Amouyel, professeur d’épidémiologie au
CHU de Lille, estime pourtant que doubler son masque chirurgical
avec un masque en tissu permet d’augmenter sa protection. « Le
masque chirurgical a quatre points d’entrée et laisse donc l’air
s’échapper sur les côtés, si vous avez de la buée sur vos lunettes,
cela montre bien qu’il n’est pas très étanche » explique-t-il à
l’antenne de LCI. « L’objectif de ce deuxième masque en tissu
n’est pas de filtrer deux fois plus, mais d’étanchéifier le masque
chirurgical » en le plaquant sur le visage. Pour le professeur
Amouyel, le port du double masque est donc utile « surtout en ce
moment face au variant Omicron beaucoup plus contagieux ». Seul
problème, le port de deux masques rend la respiration plus
difficile qu’avec un seul masque.
L’épidémie de Covid-19 a été traversée depuis deux ans par
différentes modes. Souvenez-vous qu’au début de l’épidémie,
certains lavaient leurs courses avant de les déballer ou portaient
des gants dans la rue. Peut-être le port du double masque subira le
même sort et sera bientôt relégué au rang des excentricités. Ou
peut-être porteront nous tous, dans quelques semaines, deux masques
l’un sur l’autre sans nous poser de questions.