Homéopathie : vox populi, vox dei ?

Paris, le vendredi 9 novembre 2018 – Le ministre de la santé Agnès Buzyn a saisi cet été la HAS (Haute autorité de santé) afin que cette institution étudie l’opportunité de maintenir un remboursement à 30 % des médicaments homéopathiques.

Pour ceux qui militent pour un déremboursement, l’espoir est raisonnable, puisque la HAS s’est récemment étonnée, à l’occasion de l’examen de la réinscription d’un produit homéopathique sur la liste des spécialités remboursables, « du maintien du taux de remboursement à 30% des médicaments homéopathiques (…) compte tenu du taux de remboursement à 30% voire 15% de médicaments ayant fait la preuve de leur efficacité ». Cependant, l’opinion publique pourrait jouer un rôle important dans la décision finale du ministre de la Santé et elle est loin de s’inscrire sur la même ligne que la récente position de la HAS.

74 % des français opposés au déremboursement !

Une enquête réalisée par l’institut IPSOS, commandée par les laboratoires Weleda, Lehning et Boiron et publiée par Le Parisien pourrait en effet refroidir les espoirs des partisans du déremboursement et raffermir ceux des tenants des hautes dilutions.

Ainsi, 74 % des personnes interrogées se disent opposées à l'arrêt du remboursement des médicaments homéopathiques !

Quelques 77 % des sondés de cette enquête ont déjà eu recours à l’homéopathie et 74% la jugent efficace. Plus encore, 83% des personnes sondées estiment qu'il est légitime pour un médecin de prescrire de l'homéopathie en complément d'un médicament "conventionnel" faisant de l’homéopathie une médecine "complémentaire" plus "qu’alternative".

« Il est clair que l'arrêt de n'importe quel remboursement génère une opposition de l'opinion mais celle-ci est tout de même à mettre en relation avec les bénéfices dont les Français disent tirer de l'homéopathie, qui a un véritable ancrage dans leur pratique de soins », analyse Luc Barthélémy, directeur santé de l’institut IPSOS.

Agnès Buzyn, fera-t-elle fi de l’opinion publique ? Réponse dans quelques mois…

F.H.

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Vos réactions (4)

  • Sauvegardons notre si chère sécu

    Le 09 novembre 2018

    Que de nombreux français souhaitent maintenir le remboursement de l'homéopathie ne constitue en rien un argument ! N'importe quel politique promettant la lune aura, sans aucun doute, de nombreux adeptes.

    La démagogie a de beaux jours devant elle et celui qui annoncera une forte baisse d'impôts risque fort - du moins chez ceux qui en payent ! - d'être élu....
    Soyons sérieux ! L'Espagne vient d'exiger que l'homéopathie fasse la démonstration (scientifique s'entend...) de son efficacité ; excellente initiative !
    Pour ma part, tout va bien pour le moment (ma santé, mes revenus, mes enfants, ma liberté...ma joie de vivre...) et j'ai donc de la chance ; je vais bien car je n'ai aucun problème et que j'ai aussi confiance en l'avenir ; un petit rhume et j'attends que cela passe...pas besoin d'oscillio...ou de tous ces trucs quasi inutiles.

    Etre bien dans sa tête constitue déjà une chance formidable, les petits bobos quotidiens passent et alors ? Or c'est évidemment pour toutes ces mini pathologies que les adeptes réclament de l'homéopathie ; grand bien leur fasse mais de là à en réclamer le remboursement... sauvegardons notre si chère sécu et donc notre solidarité pour les vrais problèmes !

    Dr Alain C

  • En tout point d'accord...

    Le 12 novembre 2018

    ... avec le commentaire du Dr C.
    Pour la grande majorité, les professionnels de santé ne sont pas contre l'homeopathie ou les homéopathes (contrairement à ce que disent certains homéopathes qui aimeraient bien radicaliser cette position histoire de passer pour "les gentils"), mais contre le remboursement des soins d'homéopathie, de meme que n'est pas remboursée l'osteopathie, par exemple.

    Ce serais meme un service à rendre à l'homéopathie, chacun sachant bien l'importance de la relation entre "le prix d'une prestation" et "la qualité d'une prestation" dans l'imaginaire de tout un chacun. Et, franchement, vues les indications de l'homéopathie qui restent tout de meme dans la médecine "de confort", un déremboursement ne serait pas anti déontologique...

    Dr E Orvain

  • Cout du (dé)remboursement de l'homéopathie

    Le 12 novembre 2018

    Quel serait le "bénéfice" pour la sécu ?
    sachant que pour une grosse majorité de patients et un nombre non négligeable de prescripteurs la santé ne doit rien "couter", le risque serait grand de voir des reports de prescriptions plus onéreuses et surtout avec plus d'effets secondaires et d'interactions, voire inapropiées (BZD à la place de Passiflora composé...) ; en pharmacie nous le vivons tous les jours avec le "remplacement" de carbo et acetylcystéine déremboursées par Biocalyptol, Dimétane...

    Marie-Odile Marchal


  • Il ne reste que la vox populi

    Le 13 novembre 2018

    Le fond du problème provient du fait que l'expertise scientifique n'a pas de place ans le débat.
    Plus de molécules dans les granules, l'affaire est entendue, "seul l'effet placebo explique les effets positifs de l'homéopathie". Les nombreuses publications démontrant l'effet pharmacologique de remèdes homéopathiques n'ont jamais été à ce jour démenties, mais elles sont occultées comme s'il ne pouvait s'agir que d'erreur ou de fraude

    La première mouture de la méta-analyse australienne retrouvait une action de l'homéopathie supérieure au placebo, elle a été escamotée au profit d'une nouvelle version avec des critères établis à posteriori (élimination de toutes les études en double aveugle avec moins de 150 participants) pour démontrer une inefficacité de l'homéopathie. C'est une manoeuvre inacceptable qui aurait suscité une indignation mondiale si elle avait concerné un autre domaine que l'homéopathie.

    Effectivement, il ne reste que la "vox populi".

    Dr Jean-Jacques Perret

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