Humain, trop humain

Pittsburg, le samedi 26 octobre 2013 - Un cyborg est un être humain « augmenté » qui a bénéficié de greffes robotiques et d’implantations électroniques. Ce rêve de science fiction, né aux encablures du siècle précédent, est aussi celui de quelques illuminés américains dont le but est de devenir ces êtres du troisième type.

Ainsi, Tim Cannon se définit comme un "pirate du corps humain", un body hacker en américain dans le texte, comme il aime à se nommer.

Il s'est fait implanter dans le bras une puce qui détecte des données physiologiques, premier pas selon lui vers sa transformation en vrai héros de film fantastique ! L'implant baptisé Circadia lui a été mis en place par…un ‘artiste’ dans une cave !

Tim Cannon est le leader d’un petit groupe de (futur) cyborg baptisé « grinders » (broyeurs) à Pittsburg, qu’ont rencontré ébahis les reporters du Nouvel Observateur.

L’objectif de ce petit club, est d’avoir in corpore un ensemble de capteurs qui mesurent en permanence des données telles que la température corporelle, le rythme cardiaque, le pH sanguin…

« Le but de cette implantation est d’apporter la preuve que ce système peut fonctionner à l’intérieur de l’humain.  Pour le moment, Circadia mesure la température et l’envoie par bluetooth à un smartphone. Nous travaillons maintenant à le miniaturiser, à rendre la recharge de la batterie plus efficace et à ajouter plus de capteurs. Nous voulons aussi que le système puisse être actualisé une fois implanté, comme vous actualisez votre smartphone avec de nouvelles applications. Nous fourmillions d’idées » explique Danielle Greaves, la compagne de Tim Cannon au Nouvel Observateur…

FH

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Vos réactions (1)

  • Les rapports entre l'homme et la technique en médecine, mais aussi avec l'animal

    Le 30 octobre 2013

    L'usage en médecine de mini ordinateurs commandés à distance, qu'ils soient extérieurs ou incorporés, modifie certes l'offre de soins, mais certainement pas l'éthique médicale ni les liens du patient à son médecin.

    Prenons l'exemple du diabète sucré. Dans les années 1980, l'autosurveillance glycémique a raccourci une boucle patient médecin, et tout en donnant plus d'autonomie au patient dans la surveillance de sa maladie, elle a permis un équilibre glycémique plus proche de 1 g/l. Jusque là, la boucle était très longue. La glycémie était dosée en veineux une fois par mois au laboratoire d'analyse le plus proche du domicile du patient. Le sujet venait en consultation chez son médecin, prenait connaissance de ses résultats et repartait pour un mois avec un renouvellement de son traitement et une nouvelle prescription pour une analyse biologique.
    Les patients disposaient de bandelettes urinaires,(elles existent toujours)qui leur permettaient d'éviter le coma hypoglycémique si la glycosurie était présente. Elle était même conseillée et baptisée "la glycosurie de confort" dans la littérature médicale de l'époque. L'absence de corps cétoniques dans les urines écartait l'hypothèse d'un coma céto-acidosique.
    L'auto-surveillance à partir des glycémies capillaires que le sujet peut faire lui-même est une technique qui depuis l'utilisation de l'insuline a été saluée comme une véritable révolution dans le diabète sucré. Les premières insulines étaient d'origine animale, porcine ou bovine. Elles sont devenues plus "humaines".
    Avec l'autosurveillance glycémique le sujet a plus d'autonomie et les glycémies sont bien plus basses que celles qui entraînaient auparavant une "glycosurie de confort". Le seuil rénal du glucose étant de 1,80 g/l.
    L'insuline était conditionnée dans des flacons, ensuite dans des stylos pré-remplis et ensuite dans la pompe à insuline qui réduit la contrainte des nombreuses piqures quotidiennes.
    Quel que soit le mode d'administration, même si la boucle est devenue plus courte, elle emprunte un parcours qui sort du sujet. Idem pour le pancréas artificiel, où bien que la lecture se fasse techniquement dans l'organisme en veineux, pour dicter éventuellement sans l'intervention humaine des modifications des dosages d'insuline, le conditionnement de l'insuline reste encore extérieur au sujet. Mais le contrôle de l'homme sur la technique serait toujours possible même si la boucle devenait plus courte encore.
    Si l'implantation de capteurs de glycémie et de réservoirs d'insuline rechargeable sont possibles, elle ne dispense pas pour autant de l'intervention de l'homme, patient, médecins, ou prestataires à domicile.
    Les pacemakers cardiaques permettent depuis longtemps un réel confort pour le patient y compris pour une surveillance à distance. Que ces "prothèses" soient incorporées ou non poseront surtout des problèmes techniques ou de financement et de coûts comparés.
    Je ne pense pas qu'on puisse condamner les télémédecines ou les techniques quelles qu'elles soient pour ce qu'elles sont. C'est l'usage de la technique qui peut poser problèmes, mais dans un accident de voiture, la voiture est innocente. Que les dérives dans ces usages questionnent notre rapport à la machine, cela mérite réflexions. Il faut ajouter à ces questions, celles du rapport de l'homme à l'animal qui fournit toujours bien des "prothèses" dans de nombreux domaines de la médecine et qui reste très présent dans notre psychisme et dans notre environnement surtout quand il devient de plus en plus technique.
    Le film la "bête humaine" était aussi un hommage à la technique et à la machine.

    Dr Jean Minaberry endocrinologue, diabétologue, nutritionniste, Bordeaux
    jeanminaberry@hotmail.com

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