
C’est ainsi que concernant le ministère de la Santé, les
tergiversations sont nombreuses pour déterminer si oui ou non un
médecin est forcément idéal pour assumer ce portefeuille, car le
fait de connaître les différentes difficultés de la carrière
médicale ne font pas automatiquement de vous l’élu parfait pour
diriger une lourde administration. Ainsi, si l’on veut considérer
qu’être médecin est sans doute un indice favorable d’une future
réussite, ce n’est pas un critère suffisant. D’autres expériences
sont attendues. Et en la matière, Rachel Levine, qui vient d’être
désignée par Joe Biden, ministre adjointe à la Santé, n’en manque
pas. D’abord, pédiatre dans l’hôpital universitaire Penn State
Hershey Medical Center à partir de 1993, elle a bientôt gravi les
échelons pour devenir co-directrice du département de pédiatrie.
Mais surtout, elle a mis en place des innovations importantes pour
la santé des plus jeunes, telle l’instauration d’un service
spécifiquement dédié à la prise en charge des troubles de
l’alimentation.
Des atouts multiples
Son engagement dans ce projet lui vaut d’être repérée par le
gouverneur de Pennsylvanie, Tom Wolf, qui lui propose d’intégrer le
département Santé de l’État. Sans hésiter Rachel Lévine relève le
défi et en deviendra la directrice deux ans plus tard. C’est en
exerçant ces fonctions qu’elle a va démontrer posséder plusieurs
qualités indispensables pour faire un bon ministre de la Santé.
D’abord, elle sait créer le consensus en étant systématiquement
confirmée dans ses fonctions par les élus pennsylvaniens. Par
ailleurs, elle connaît d’importants succès : des évaluations
indépendantes considèrent ainsi que son programme de prise en
charge de la dépendance aux opioïdes a permis d’éviter la mort de
près d’un millier de personnes en Pennsylvanie. Enfin, alors que la
lutte contre l’épidémie de Covid-19 est une des priorités de Joe
Biden, l’engagement de Rachel Lévine en la matière ne pouvait être
que remarquée par le nouveau Président. Difficile ainsi de ne pas
reconnaître que la pédiatre multiplie les atouts pour conduire une
politique de santé dynamique et efficace aux côtés de Xavier
Becerra secrétaire d’État en titre.
Une transition difficile
Fallait-il un argument supplémentaire pour que Rachel Lévine
soit intégrée à l’administration Biden ? Rachel Lévine est
transgenre. Elle a commencé publiquement à manifester une identité
de genre différente de celle qu’on lui supposait auparavant (elle
se prénommait alors Richard et était père de deux enfants) à partir
du début des années 2000 avant d’effectuer sa transition en 2011.
Bien sûr, cette particularité biographique est mise en avant par
Joe Biden et ses proches. Rachel Levine est « la première
responsable fédérale ouvertement transgenre à être confirmée par le
Sénat américain », fait remarquer la nouvelle équipe
présidentielle. Le caractère inédit de ce vote mérite sans doute
d’être salué, puisqu’il confirme, même si des discriminations
existent encore, la possibilité pour ces personnes de ne pas voir
leur situation particulière être un obstacle à leur accomplissement
professionnel. Elle rappelle également que les personnes
transgenres sont tout aussi aptes que les autres à accéder aux plus
hautes fonctions et à exercer tous les métiers. Cependant, même si
elle est très engagée en faveur de la lutte contre la
stigmatisation des personnes lesbiennes, transsexuelles et
homosexuelles Rachel Levine est relativement discrète sur son
parcours personnel. Elle avait ainsi par exemple observé avec
humour dans une interview au Washington Post que la transition la
plus difficile dans sa vie, fut de quitter Manhattan pour la
Pennsylvanie.
Nommée car elle coche toutes les cases ?
Aurélie Haroche