Le fameux trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) est un diagnostic (trop ?) fréquemment posé chez l’enfant. Bien que l’existence même de cette affection soit encore contestée (ou du moins la propension de certains à la reconnaître trop souvent), et bien qu’elle relève à l’origine du seul registre de la pédopsychiatrie, il n’est pas rare (aux États-Unis) que des adultes reçoivent aussi cette étiquette nosographique de sujets « hyperactifs. »
Exploitant des données émanant du National Comorbidity Survey [1] (Enquête Nationale de Comorbidité), une étude américaine fait le point sur ce thème. Cette recherche semble confirmer, à l’âge adulte, « la plus grande persistance du déficit attentionnel plutôt que de l’impulsivité et de l’hyperactivité. » Elle montre aussi, précisent les auteurs, que cette inattention n’est pas spécifique aux TDAH, chez l’adulte, mais se trouve « fortement associée à d’autres troubles psychiatriques. »
En revanche, et bien qu’ils ne soient pas inclus dans les critères actuels des TDAH retenus par le DSM-4 et la CIM-10, certains troubles des fonctions exécutives (difficultés à hiérarchiser des tâches, manque d’autodiscipline, focalisation sur des détails au détriment de l’idée principale, impossibilité de terminer une tâche dans un délai imparti, etc.) se révèlent des indices plus spécifiques, et susceptibles de mieux prédire la persistance d’une hyperactivité, depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte.
En soulignant que leur étude ne prouve pas formellement la
réalité (controversée) du TDAH chez l’adulte, mais suggère
seulement « les meilleurs critères pour proposer ce diagnostic,
dans l’hypothèse où est admise sa validité » (nosographique), les
auteurs estiment donc que ces divers troubles des fonctions
exécutives pourraient être utilement quantifiés pour enrichir les
critères de TDAH chez l’adulte, dans les prochaines éditions des
principaux répertoires d’aide au diagnostic (DSM-5 et
CIM-11).
[1] http://www.hcp.med.harvard.edu/ncs/ncs_data.php
Dr Alain Cohen