Les régimes d’éviction alimentaire stricts sont révolus !

La positivité d’un test cutané n'est que le témoin d'une sensibilisation et non forcément d'une allergie : la valeur prédictive positive d'un prick test cutané (PTC) positif à l'arachide ne serait que de 28 %. Par contre sa valeur prédictive négative est de 100 %...

Ceci est tout aussi vrai dans les sensibilisations croisées entre différents aliments d'une même famille : ainsi, 80 % des enfants allergiques à l'arachide ont au moins un test positif pour un autre fruit à coque alors que seulement 30 % ont une allergie vraie. Si on exclut les aliments pour lesquels il existe une sensibilisation sans allergie, il y a un risque de perte de tolérance et d'apparition ultérieure d'une allergie véritable... Il ne faut donc pas conseiller de régimes étendus à toute une famille d’aliments.

Le problème se pose néanmoins chez un enfant sensibilisé à un aliment alors qu'il n'en a jamais consommé : comment différencier une sensibilisation d'une véritable allergie ?

Une étude récente a été menée chez des enfants à risque d’allergie (terrain atopique familial ou personnel de maladie allergique) dont certains étaient sensibilisés à des aliments qu’ils n’avaient jamais mangé (c'est-à-dire qu’ils avaient des PTC positifs) alors que d’autres n’étaient pas sensibilisés (PTC négatifs).  Lors de l'introduction d'un nouvel aliment, 27 % des enfants non sensibilisés ont eu une réaction clinique mineure à cet aliment. Cette proportion passe à 58 % chez les enfants sensibilisés. Pour cette raison, un protocole d'introduction progressive de l'aliment au domicile peut être proposé à la fois chez les enfants à risque non sensibilisés et chez les enfants sensibilisés (Vlieg-Boerstra BJ Allergy 2008; 63 :903-909).

Chez la plupart des allergiques, il n'y a aucune raison d'éviter les aliments mentionnant des “traces possibles” d'allergène. L'allergique à l'arachide peut consommer sans problème de l'huile d'arachide, correctement raffinée en Europe. Lorsque une allergie alimentaire persiste, il faut poursuivre sa consommation sous une forme tolérée : oeuf très cuit ou mi-cuit, lait cuit...

Dans certains cas, une induction de tolérance peut être utile sans aller au-delà de ce que souhaite le patient.

Il n'existe jusqu'ici qu'un seul essai contrôlé de désensibilisation sublinguale (noisette), mais d'autres études sont en cours...

Dr Geneviève Démonet

Référence
Bidat E : Comment adapter le régime d'éviction avec le bilan allergologique ? 4e Congrès Francophone d’Allergologie (Paris) : 14-17 avril 2009.

Copyright

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article