
Hong Kong, le lundi 14 mars 2022 – Plus de deux ans après le début de l’épidémie à Wuhan, la Chine pourrait redevenir son épicentre.
Un virus qui circule. Des mégapoles chinoises confinées. Des dizaines de millions de Chinois obligés de rester chez eux. Nous ne sommes pas en janvier 2020 mais bien en mars 2022. Alors que l’épidémie de Covid-19 recule partout dans le monde et qu’en Occident, le retour à « la vie d’avant » est acté, l’épidémie progresse en Chine, en passe de redevenir le centre névralgique de la pandémie. Ce dimanche, près de 3 400 nouvelles contaminations ont été recensés dans le pays, un record depuis deux ans. C’est évidemment très peu comparé aux 1,4 milliard d’habitants que compte la Chine et aux centaines de milliers de contaminations enregistrées chaque jour en France il y a quelques semaines, mais c’est un échec pour les autorités, qui continuent de défendre coûte que coûte leur stratégie zéro-Covid.
Confinement à Shenzhen
Selon cette politique, les frontières du pays sont presque totalement fermées depuis deux ans, chaque foyer épidémique, même le plus minime, doit être traité par un confinement local, le dépistage massif de la population et le traçage des individus par des applications. Si cette stratégie a permis de préserver la Chine des conséquences les plus graves de l’épidémie (officiellement, aucun Chinois n’est mort de la Covid-19 depuis janvier 2021), l’apparition du variant Omicron, plus contagieux, l’a mis à mal ces dernières semaines. Les autorités chinoises ont ainsi de plus en plus de mal à tuer dans l’œuf les différents foyers épidémiques.
Si certaines voix divergentes ont appelé à mettre fin à cette politique néfaste pour l’économie et pesante pour les populations, Pékin n’a pour le moment pas décidé de changer de cap. Ce dimanche, les autorités ont ainsi décidé de confiner Shenzhen, mégapole du sud du pays qui compte 17 millions d’habitants, après que 66 cas y aient été détectés. A Shanghai (26 millions d’habitants), où 170 contaminations ont été recensées ce lundi, les écoles et les restaurants ont été fermés et seules les personnes présentant un test négatif peuvent entrer ou sortir de la ville. Enfin, dans le nord-est près de la frontière coréenne, plusieurs autres villes sont confinées depuis plusieurs semaines, dont Changchun, 7 millions d’habitants.
Chaos à Hong Kong
A Hong Kong, ville semi-autonome où la crise sanitaire est gérée par les autorités locales, la stratégie zéro-Covid a d’ores et déjà tourné au fiasco. L’ancienne colonie britannique fait face depuis plusieurs semaines à une flambée épidémique sans précédent. Entre 30 000 et 50 000 contaminations sont recensés chaque jour, sur 7 millions d’habitants. Surtout, près de 3 800 personnes sont décédés en quatre semaines, contre seulement 220 au cours des deux premières années de pandémie.
Une hécatombe qui s’explique par le faible taux d’immunité naturelle dû à l’isolement total de la ville pendant deux ans, ainsi qu’aux failles de la vaccination. Ainsi, si 70 % des habitants de Hong-Kong ont reçu deux doses de vaccin, ils ne sont que 50 % chez les plus de 70 ans et 32 % chez les plus de 80 ans. Après avoir passé la majeure partie de leur vie sous domination britannique, les personnes âgées seraient moins enclines à accepter les vaccins chinois. Par ailleurs, le vaccin inactivé Sinovac, le plus utilisé en Chine, serait bien moins efficace que les vaccins occidentaux à ARN messager, qui ne sont toujours pas autorisés dans l’Empire du milieu.
La gestion catastrophique de la crise sanitaire à Hong Kong a provoqué un chaos généralisé. Les habitants se ruent sur les magasins et font des provisions, en prévision d’un confinement jugé inéluctable. La volonté des autorités d’hospitaliser ou d’isoler tous les contaminés dans de gigantesques centres de rétention a désorganisé toute la société. Par crainte d’être séparé de leurs enfants en cas de test positif, des dizaines de milliers d’Occidentaux ont quitté la cité en quelques semaines. Autrefois l’une des villes les plus cosmopolites et dynamiques de la planète, Hong Kong est en passe de devenir une ville morte.
Nicolas Barbet