Leucémies myeloïdes aiguës : ne jamais perdre espoir

« Ne jamais perdre espoir » : Telle est la leçon essentielle à tirer de la présentation faite par Dirk Reinhardt dans le cadre de la session orale consacrée aux leucémies myeloïdes aiguës (AML) lors de l'EHA 2018.

Le travail présenté avait pour objectif d'évaluer sur la période 2009 à 2016 les modifications intervenues dans le pronostic des enfants et adolescents atteints d'AML récidivante ou réfractaire et inscrits dans des registres.
 
Le traitement de réinduction recommandé était l'association de la daunorubicine liposomale à la classique combinaison fludarabine/cytarabine et une allogreffe de cellules souches était recommandée dans tous les cas chez tous les patients.  

Au total, 435 patients ont été inclus, 395 en rechute et 43 avec une atteinte réfractaire. La plupart des patients (89%) ont reçu le traitement de réinduction recommandé, l'idarubicine replaçant toutefois la daunorubicine liposomale dans les pays où ce dernier composé n'était pas disponible. Par ailleurs chez les enfants présentant une rechute précoce des régimes contenant de la clofarabine (5%) ou de la gemtuzumab ozogamicine (4%) ont été utilisés.

Les taux de survie sans événement (2ème EFS) et de survie globale (OS) à 3 ans étaient respectivement de 42±2% et 51±3% pour les récidives et pour les réfractaires. Ces résultats constituent une amélioration remarquable par rapport à l'essai international AML-Relapse 2001/01 qui dans une sélection de population de 391 patients dont 351 en rechute et 51 avec atteinte réfractaire faisait état de taux de 2ème EFS de 33±3% et d'OS de 38±3% (p <0,005 dans les deux cas).

Ce travail confirme que la durée de la première rémission et les anomalies cytogénétiques restent des facteurs pronostiques significatifs avec par exemple 32±3% de 2ème EFS et 36±3% d'OS en cas de première rémission < 1an versus 57±4% de 2ème EFS et 60±4% d'OS en cas de première rémission > 1 an (p <0,00001 dans les deux cas).

Une part de l'amélioration revient très certainement aux meilleurs résultats obtenus au fil du temps avec l'allogreffe et au recours plus fréquent à des traitements à visée curative en troisième ligne, y compris la réalisation d'une deuxième allogreffe. Globalement parmi les 53 patients (12%) qui ont eu une deuxième allogreffe le taux de nouvelle période d'EFS est de 42±7% versus 18±6% dans l'essai international AML-Relapse.

Pris dans leur ensemble, ces résultats indiquent que les enfants et adolescents en rechute d'AML ont une chance raisonnable d'obtenir une rémission avec un traitement intensif de 2ème et 3ème ligne. Un objectif important est maintenant de pouvoir identifier les patients qui sont à risque de rechute précoce afin de leur proposer un traitement plus efficace. Le bien fondé d'un traitement des patients au stade de récidive moléculaire est également une piste à explorer.

Dr Jean-Claude Lemaire

Référence
Congrès annuel de l’European Hematology Association (EHA) (Stockholm) : 11-14 juin 2018.

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