Deux études pas totalement concordantes
En premier lieu, l’essai randomisé multicentrique
international dit PRECISION a abouti à des résultats encourageants.
Cinq cents patients ont été répartis en 2 groupes : (1) BS (10-12
prélèvements) sans IRM préalable (n = 250 ; (2) IRM et biopsies
ciblées (3 cibles, jusqu’à 4 prélèvements par cible) uniquement
quand l’IRM s’est avérée positive. Le taux de détection des cancers
prostatiques caractérisés par un score de Gleason ≥7 s’est avéré
supérieur dans le groupe 2 (IRM), soit 38 % versus 26 % dans
l’autre groupe (p = 0,005). En contrepartie, la détection des
cancers cliniquement non significatifs (score de Gleason < 6) a
été plus faible dans le groupe IRM (9 % versus 22 %, p <
0,001).
Ces résultats ont suscité un certain enthousiasme quelque peu
tempéré par ceux d’une étude prospective multicentrique française
dite MRI-FIRST. Les 275 participants ont bénéficié d’une IRM puis
de 12 à 14 BS, complétées par des biopsies ciblées (2 cibles, 3
prélèvements) uniquement en cas de positivité de l’IRM. Ces
dernières ont de facto révélé plus de cancers prostatiques
agressifs (Gleason ≥7), mais le gain s’est avéré non significatif
(32,3 % vs 29,9 %, p = NS). Si l’on combine BS et biopsies
ciblées, le taux de détection atteint 37,5 %. Des lésions
caractérisées par un Gleason ≥ 7 n’auraient pas été détectées chez
7,6 % des patients sans les biopsies ciblées, vs 5,2 % sans
les BS. Comme dans l’étude précédente, les biopsies ciblées ont
détecté moins de cancers non significatifs, soit 5,6 % vs
19,5 %, p < 0,0001) et plus de cancers agressifs (19,9 %
vs 15,1 %, p = 0,0095).
Prudence en conséquence…
Ces deux études révèlent qu’une IRM paramétrique avant la
biopsie permet de détecter plus de cancers caractérisés par un
score de Gleason ≥ 7. Faut-il rendre systématique cet examen dans
cette indication, voire ne procéder qu’à des biopsies ciblées
guidées par l’IRM ? Dans l’état actuel des connaissances, la
prudence s’impose : il convient de conserver les BS qui ont fait
leurs preuves et d’utiliser l’IRM en complément au moins en
théorie. En effet, le nombre de prélèvements ciblés et la qualité
du guidage en IRM apparaissent comme des variables critiques qu’il
convient de définir au mieux en fonction du volume de la prostate
et de la taille de la cible.
Dr Philippe Tellier