
Pour le patron de la caisse, la priorité numéro un sera de
redonner du temps médical aux praticiens. « Il n’est pas
question de les faire travailler davantage » rassure Thomas
Fatôme qui entend les entourer d’une « équipe » qui leur
permettrait de suivre davantage de patients.
« En France, un médecin traitant suit en moyenne 1000
patients, contre 1500 à 2000 dans les pays voisins où il est
entouré de deux ou trois personnes pour l’aider »
souligne-t-il.
En pratique il s’agirait de développer les assistants médicaux
qui sont actuellement au nombre de 3 300.
Freins à l’embauche des assistants : dit et non-dit
Pour favoriser les embauches, Thomas Fatôme suggère de lever
les « obstacles psychologiques ». Selon lui, les médecins
hésiteraient à employer ces assistants « car ils craignent de ne
pouvoir licencier si cela se passe mal ou de ne pas atteindre
l’augmentation de patientèle requise en contrepartie de notre aide
financière ».
La CNAM proposera donc de modifier le niveau de l’aide, la
durée et les curseurs du dispositif. L’autre grand frein serait
d’avoir un local suffisamment grand pour accueillir un assistant,
sur ce point, la caisse demande « l’appui des collectivités
locales ». En revanche Thomas Fatôme n’évoque pas les
réticences de certains médecins à déléguer une partie de
l’interrogatoire à des non professionnels de santé…
Dans le même esprit, par une formule qui déplaira sans doute
aux médecins qui ont choisi le cabinet individuel, il explique
vouloir « sortir les médecins de leur isolement » en
favorisant le binôme médecin traitant-infirmière.
Réévaluation des tarifs de consultation : pas à l’ordre du jour
Sur la liberté d’installation, Thomas Fatôme se garde bien de
se positionner alors qu’approche la grande conférence organisée par
le ministère de la santé qui évoquera la question. En matière
de déserts médicaux, il préfère parler exercice
coordonné.
« Notre priorité, à ce stade, c’est le travail en équipe et
l’exercice coordonné. Si les généralistes passaient de 1000 à 1200
patients suivis en moyenne, cela réglerait le problème des assurés
qui ne trouvent pas de médecin traitant » plaide-t-il.
Sur les tarifs de base, là encore, le Directeur général se
refuse à avancer un chiffre, alors que « le gouvernement
annoncera bientôt l’objectif des dépenses d’assurance-maladie
(Ondam) pour 2023 qui sera débattu à l’automne au Parlement dans le
cadre du PLFSS ».
Dans une formulation sibylline il marque cependant sa
préférence pour le paiement au forfait : « notre ambition est de
rendre le système de soins plus efficient, d’accroître la qualité,
de favoriser la prévention, de simplifier la nomenclature »
dit-il ainsi.
Sur la télémédecine, il appelle à une régulation des pratiques
qu’il qualifie de « Far West ». « Certains patients
n’hésitent pas à faire plusieurs téléconsultations dans la même
journée pour obtenir l’arrêt de travail convoité. Nous voulons
éviter ces dérives, sans brider la demande des patients ayant des
difficultés d’accès aux soins » rapporte-il.
La Caisse proposera ainsi que les arrêts de travail indemnisés
ne puissent être délivrés en téléconsultation que par le médecin
traitant. Mais sur le développement proprement dit de la
télémédecine, le patron de la caisse ne semble pas encore avoir des
propositions dans sa besace.
A suivre…
F.H.