
Paris, le samedi 14 novembre 2020 – Ces dernières années, les
témoignages se sont multipliés pour dénoncer la maladresse d’un
certain nombre de professionnels de santé vis-à-vis des personnes
obèses. Il y a déjà quelques années, le JIM s’était entretenu sur
le sujet avec Anne-Sophie Joly président du Collectif national des
associations d’obèses (CNAO). Elle confirmait l’existence d’une
stigmatisation des personnes obèses par certains soignants.
Surtout, elle observait qu’au-delà de situations de rejet, le
malaise des professionnels de santé s’explique probablement par un
défaut de formation. « Un médecin qui sort de la fac n’a pas du
tout eu de formation liée à l’obésité. Il y a trois heures
facultatives et c’est tout » remarquait-elle notant que les
diplômes universitaires spécialisés permettaient de pallier ces
manques : « A la faculté de la Pitié Salpêtrière, un véritable
enseignement a été mis en place, qui se concentre sur la définition
de l’obésité et sa prise en charge. (…) Ces médecins et futurs
médecins sont demandeurs. (…) Ils se rendent bien compte qu’il y a
la théorie et la pratique qui sont très différentes. Ils sont très
demandeurs de pratique ».
S’adapter aux contraintes de temps des généralistes
Conscients de cette attente de leurs confrères et constatant
leurs réticences à aborder la question de l’obésité avec leurs
patients (notamment par crainte de susciter la défiance de ces
derniers), deux jeunes médecins généralistes, Leila Julien et
Mathilde Garcia-Teil ont développé le site Obésiclic. Ce portail
est un guide à l’intention des omnipraticiens pour les accompagner
tout au long du parcours de soins de leurs patients obèses. Des
modules très simples d’accès reprennent en effet toutes les
situations : de l’approche aux consultations spécialisées en
passant par les bilans ou encore les mini objectifs. Chaque item
renvoie à une consultation type que le médecin peut préparer en
utilisant les outils mis à sa disposition (des questionnaires
élaborés à partir des recommandations de la HAS où des collèges
spécialisés, des fiches pour l’éducation thérapeutique, des jeux
pédagogiques…). Le programme est conçu afin de permettre des
consultations n’excédant pas vingt minutes (à l’exception de la
consultation initiale un peu plus longue) ; le caractère
chronophage de la prise en charge de l’obésité étant souvent cité
comme un motif de distance des médecins avec le sujet. Le succès
rencontré par le site semble confirmer l’intérêt des médecins
généralistes. Mis en ligne en mars, il a reçu 3 590 visites et 14,4
% des personnes l’ayant consulté ont multiplié leurs visites, selon
des chiffres présentés par le site What’s up
doc.
Léa Crébat