Omicron : le chaud et le froid

Paris, le mercredi 8 décembre 2021 – Est-ce un signe plus convaincant que certaines modélisations épidémiologiques ? Hier, la Bourse de Paris, a connu sa plus forte hausse de l’année. Pas de résultats pharaoniques d’une entreprise du Cac40 ou d’annonces gouvernementales économiques tonitruantes en cause, mais les discours rassurants de l’Organisation mondiale de la Santé et du président des NIH américains Antony Fauci, sur Omicron. En effet après avoir provoqué un vent de panique mondial, conduisant notamment à de nouvelles fermetures de frontières, Omicron suscite désormais des commentaires d’un ton très différent.

Efficacité des vaccins : pas formidable, mais pas catastrophique

Cependant, les premières données, très parcellaires, concernant la protection conférée par les vaccins sont plutôt décevantes. Des travaux conduits par les équipes d’Alex Signal à l’Africa Health Research Institut de Durban, qui font l’objet d’une prépublication (mais sans relecture par les pairs pour l’heure) suggèrent en effet qu’Omicron échappe en partie à la réponse immunitaire conférée par la vaccination. L’échantillon est très restreint puisque 12 patients seulement ont été inclus. La moitié n’avait jamais été infectée par SARS-CoV-2 mais avait reçu deux doses du vaccin Pfizer. L’analyse qui a porté sur les anticorps neutralisants (ce qui ne permet pas bien sûr une appréhension complète de l’immunité) montre que la protection de ces derniers face au variant Omicron chute d’un facteur 41 par rapport à la souche originelle. Cependant, chez cinq patients ayant été infectés et vaccinés, une « neutralisation relativement élevée face à Omicron » était constatée. Aussi, et même s’il ne s’agit que d’une conclusion très préliminaire, les auteurs de l’étude considèrent qu’une troisième dose pourrait offrir une protection comparable à celle offerte par une infection et une vaccination. Le responsable de l’étude se montre même relativement optimiste : « C’est mieux que ce à quoi je m’attendais. Le fait (qu’Omicron) ait toujours besoin des récepteurs ACE2 et qu’il n’échappe que partiellement (au vaccin) signifie que c’est un problème auquel on peut s’attaquer avec les outils que l’on a » a-t-il ainsi commenté.

Pfizer/BioNTech dans les startings blocks

Cependant, ces nouvelles données ont légèrement modifié le ton des responsables des laboratoires Pfizer/BioNtech qui jusqu’alors se montraient très optimistes quant à la possibilité de continuer à utiliser le vaccin actuel. « Je crois fondamentalement que nous aurons besoin d’un nouveau vaccin contre ce nouveau variant », déclarait déjà ainsi vendredi le responsable du laboratoire BioNTech, Ugur Sahin, dans le quotidien économique allemand Handelsblatt. Aujourd’hui, les laboratoires Pfizer/BioNtech ont publié un communiqué qui indique que bien que l’efficacité de trois doses vis-à-vis du variant Omicron semble avérée, ils allaient « poursuivre le développement d’un vaccin Omicron et espérons le rendre disponible d’ici mars ».

Moins grave que Delta

Mais qu’en sera-t-il en mars ? Omicron, comme en Afrique du Sud, sera-t-il devenu partout majoritaire ? Et si oui, aura-t-il entraîné autant d’hospitalisations et de décès que Delta ou la souche originelle ? Pas si sûr. En effet, et c’est ce qui a mis en joie la bourse de Paris, les spécialistes se montrent aujourd’hui relativement optimistes quant à la véritable nature d’Omicron. Ainsi, dans la lignée des déclarations de l’Organisation mondiale de la Santé et de nombreux autres épidémiologistes, le monsieur Covid américain, Anthony Fauci s’est montré prudemment encourageant hier. « Le comportement général que nous observons jusqu'à présent ne montre aucune augmentation de la gravité » a ainsi déclaré le scientifique, ajoutant même : « Il y a quelques signes montrant qu'il se pourrait même qu'il soit encore moins grave » que Delta. La situation épidémique en Afrique du Sud nourrit cet espoir. Ainsi, 96 572 cas ont été recensés ces sept derniers jours, une augmentation importante après l’accalmie d’octobre et novembre, dont 75 % liés au variant Omicron. Or, la mortalité reste pour sa part en baisse (et semble pour l’heure uniquement associée au variant Delta, puisque l’Organisation mondiale de la Santé n’a à ce jour recensé aucun décès lié à Omicron). Il apparaît en outre que le ratio entre les contaminations et le nombre d’hospitalisations soit moins élevé que pour Delta. Cependant, des conclusions pourraient être prématurées, compte tenu des délais toujours observés entre le moment de la contamination et le développement de formes graves, tandis que la population jeune d’Afrique du Sud n’est pas comparable à celle de pays européens. Néanmoins, certains se prennent à rêver que la diffusion massive de ce nouveau variant qui semble effectivement plus contagieux mais peut-être moins pathogène ne change le visage de la pandémie en limitant fortement le nombre de formes graves et ce en dépit d’un vaccin potentiellement moins efficace.

Une hypothèse optimiste que n’a pas battue en brèche le Pr Christian Brechot hier sur le plateau de LCI.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (6)

  • Retour sur les hsitoires de virus

    Le 09 décembre 2021

    La Grippe espagnole a touché le monde entier de 1918 à 1919 avec 50 à 100 millions de morts en deux ou trois ans. Tiens comme notre grippe actuelle ! Elle était causée par le virus (H1N1).

    Sans vaccins et sans traitements, la grippe espagnole a pourtant, totalement et brutalement, disparu après tant et tant de dégâts. Sans vaccins figurez-vous ! Sans vaccins ! Heureusement sans vaccins !

    Voilà de quoi décourager les chercheurs de vaccins ARN. Ils se sont révélés incapables de créer un vaccin contre la grippe une fois pour toutes.

    A quoi bon les vaccins ils risquent de donner des variants qui échappent ! Et qui parfois sont moins dangereux que leurs souches. Ou pire !

    Comment une telle disparition de la grippe espagnole peut-elle s'expliquer si ce n'est par des mutations. Vers quoi ? Vers tous les virus variants de la grippe espagnole devenus des virus de la grippe banale que nous connaissons.

    Qui seraient donc des variants lointains de ce virus ancestral divers et variés. Et toujours sans vaccin efficace à 100 % !

    Certaines grippes, de nos jours encore, on l'oublie sont sévères et même mortelle, d'autres, plus nombreuses, heureusement sont bénignes.

    Voilà ce qui ne va pas tarder à se produire surtout si nous arrêtons la vaccination. Le Pr Gayet déclare que selon la tradition on ne vaccine pas en période épidémique. Le risque serait de fabriquer des variants plus dangereux que leurs souches d'origine.

    Dr Jean Doremieux

  • Omicron : le chaud et le froid

    Le 10 décembre 2021

    La Grippe espagnole a touché le monde entier de 1918 à 1919 avec 50 à 100 millions de morts en deux ou trois ans. Tiens comme notre grippe actuelle. Elle était causée par le virus (H1N1).

    Sans vaccins et sans traitements, la grippe espagnole a pourtant, totalement et brutalement, disparu après tant et tant de dégâts. Sans vaccins figurez-vous ! Sans vaccins ! Heureusement sans vaccins !

    Voilà de quoi décourager les chercheurs de vaccins ARN. Ils se sont révélés incapables de créer un vaccin contre la grippe une fois pour toutes.

    A quoi bon les vaccins ils risquent de donner des variants qui échappent ! Et qui parfois sont moins dangereux que leurs souches. Ou pire !

    Comment une telle disparition de la grippe espagnole peut-elle s'expliquer si ce n'est par des mutations. Vers quoi ? Vers tous les virus variants de la grippe espagnole devenus des virus de la grippe banale que nous connaissons.

    Qui seraient donc des variants lointains de ce virus ancestral divers et variés. Et toujours sans vaccin efficace à 100 % !

    Certaines grippes, de nos jours encore, ou l'oublie sont sévères et même mortelles, d'autres, plus nombreuses, heureusement sont bénignes.

    Voilà ce qui ne va pas tarder à se produire surtout si nous arrêtons la vaccination. Le Pr Gayet déclare que selon la tradition on ne vaccine pas en période épidémique. Le risque serait de fabriquer des variants plus dangereux que leurs souches d'origine.

    Dr Jean Doremieux

  • Eh oui ! Vérité ici vaut elle ailleurs ?

    Le 12 décembre 2021

    Je cite un passage du message de mon confrère
    « A quoi bon les vaccins ils risquent de donner des variants qui échappent ! Et qui parfois sont moins dangereux que leurs souches. Ou pire ! »
    Cependant les variants se développent là où les populations ne sont pas vaccinées zones densément peuplées et pas du genre à télétravailler.

    L’histoire naturelle d’une pandémie suit son cours. On l’infléchie mais on ne l’entrave pas complètement. On sait que l’histoire naturelle d’un virus (ou bactérie)est de s’adapter. Mieux se transmettre et être moins létale.
    On aurait sans doute pu faire autrement et axer d’avantage les efforts sur les populations à risque.
    Dans mon service de réanimation de très jeunes adultes sont hospitalisés (25 ans à 45 ans) très obèses ou en surpoids. Mais ce sont eux qui échappent à la pression vaccinale. Comment aller les chercher ? Comment aussi combattre ce fléau qu’est la malbouffe ?

    Dr Anne Hardy Tamakoshi

  • Vaccination utile pour limiter la circulation du virus

    Le 12 décembre 2021

    Il été décrit que les variants d'Afrique du sud étaient probablement apparus chez des patients immunodéprimés dus à la prévalence du sida.
    Plus un virus circule plus il mute. De ce point de vue la vaccination semble très utile pour limiter la circulation du virus.

    Dr Alain Saint-Pierre

  • En francais svp

    Le 12 décembre 2021

    Bonjour,
    Corrigez au plus vite « starting block » par une expression existante qui prouvera vos connaissances en français international puisque c’est dans votre nom de journal.
    C’ est donc sur le « bloc de départ « Nous sommes des professionnels donnant encore l’exemple et de ce côté de l’Atlantique, au Québec, on se bat encore becs et ongles pour conserver notre langue ... aidez-nous svp!

    Christiane Laberge (Québec)

  • Darwin et le Covid

    Le 13 décembre 2021

    Dans la surabondance de la littérature consacrée au Covid-19, on s’étonne de ne pas voir citer en bonne place le nom de Darwin.
    En effet, celui-ci a montré que, dans la compétition vitale entre les espèces, et, au sein de chaque espèce, entre les différentes lignées, l’individu doté un jour par le hasard d’une ou plusieurs mutations le dotant de certains caractères, bénéficie, par rapport aux autres, d’un avantage reproductif qui, en quelques générations, donne à l’espèce ou à la lignée, une définitive prééminence sur les autres.

    Adapté à l’actuelle pandémie, l’évolutionnisme darwinien veut que le virus trouve dans une ou plusieurs mutations aléatoires matière à produire des variants possédant un ou plusieurs avantages reproductifs sur ceux qui l’ont précédé.

    Ces avantages reproductifs sont de deux ordres :
    1. augmentation de la contagiosité. C’est bien ce qui s’est passé pour les variants bèta et delta, et semble se passer avec Omicron, chacun dominant plus ou moins vite son prédécesseur.

    2. diminution de la létalité (et de la gravité en général). On peut en effet penser que le virus ne trouve aucun intérêt reproductif à « tuer ses clients », mais bien au contraire à les garder en vie comme sources, à leur tour, de pullulation. C’est bien ce que l’on a vu avec le delta, dont la létalité, du moins jusqu’à aujourd’hui, est loin d’être proportionnelle à son explosion épidémique. Les premiers résultats sur omicron ne démentent pas cette hypothèse.

    De tous temps l’humanité, comme toutes les autres espèces, a connu des épidémies. Après avoir perpétré leurs méfaits initiaux aux dépens des plus fragiles, elles se sont toutes arrêtées spontanément, ou se sont affadies en maladies banales, sans que l’on ne sache encore aujourd’hui ni pourquoi ni comment.
    Sans aucunement remettre en question les nécessaires mesures de protection (vaccination et précautions individuelles et collectives), il n’est pas interdit de penser qu’elles ne sont que les éléments d’un « système d’armes » dont la plus importante est peut-être… l’évolution du virus lui-même !

    Dr Jean-Pierre Ruasse
    Ancien chef de travaux de médecine préventive, santé publique, hygiène à la Faculté de Paris

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