Quand l’alcool donne de l’urticaire

Une équipe portugaise rapporte le cas d’une patiente atopique de 25 ans (rhinite allergique) qui présentait depuis 18 mois une urticaire associée à des nausées immédiatement après avoir bu des boissons alcoolisées (vin, porto, vermouth, bière…).

Elle n’avait aucun symptôme lorsqu’elle ingérait de la bière sans alcool, du vinaigre ou des aliments cuisinés avec de l’alcool.

Le bilan allergologique a débuté par la pratique de prick-tests cutanés : ils étaient positifs pour les pollens de graminées et les acariens mais négatifs avec les différentes boissons alcoolisées incriminées.

Un test de provocation en simple aveugle a été réalisé en commençant par l’administration de 200 ml de jus d’orange seul (placebo) suivi de jus d’orange dans lequel était dilué 5 ml d’éthanol (96°). La patiente a rapporté un prurit des paumes 15 minutes après l’ingestion de cette première dose d’alcool.

Etant donné la réaction observée, la dose d’alcool n’a pas été augmentée mais répétée avec apparition cette fois d’un prurit palmaire et plantaire associé à un érythème et une urticaire au niveau des bras.

Tous les symptômes ont disparu en 1 heure après l’administration d’un antihistaminique.

L’alcool est métabolisé en quelques minutes après l’ingestion en acétaldéhyde et en acide acétique.

Des prick-tests cutanés ont donc été pratiqués avec l’alcool pur et avec ses métabolites : l’éthanol a été testé aux concentrations de 10 et 96 %, l’acétaldéhyde à 0,1, 1 et 10 % et l’acide acétique à 0,6, 1,2 et 9,6 %.

Une réaction positive a été observée pour l’acide acétique à 1,2 % (papule de 3 mm de diamètre) et 9,6 % (papule de 5 mm).

L’acide acétique a été testé aux mêmes concentrations chez un groupe de 6 personnes témoins atopiques et non atopiques avec une réaction négative à chaque fois.

Un test de provocation en simple aveugle contre placebo a enfin été réalisé avec du métabisulfite de sodium (de 10 mg à 100 mg de dose cumulative) avec un résultat négatif.

Jusqu’ici, les symptômes de ce type étaient considérés comme anaphylactoïdes plus qu’allergiques.

La réaction rapportée ici pourrait être IgE-médiée.

On peut néanmoins s’interroger sur l’absence de réaction lors de la consommation de vinaigre. La dose ingérée pourrait cependant être insuffisante au déclenchement d’une réaction…

Dr Geneviève Démonet

Référence
Ribeiro F et coll. : Urticaria After Ingestion of Alcoholic Beverages. J Investig Allergol Clin Immunol., 2014; 24: 122-123

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