
Cardiff, le samedi 26 février 2022 – Selon une étude
britannique, les personnes ayant subi des traumatismes durant leur
enfance sont plus à risque de rejeter les restrictions sanitaires
et à refuser de se faire vacciner.
Selon les chiffres officiels, seulement 7 % des adultes
français ne sont pas vaccinés contre la Covid-19, soit environ 3,5
millions de personnes. Les médecins, les politiques et les médias
se sont souvent interrogés sur les raisons qui poussent ces
personnes à ne pas se faire vacciner, malgré d’une part les études
qui prouvent l’efficacité et la sécurité des vaccins à ARN messager
et d’autre part les contraintes imposées aux non-vaccinés avec le
passe vaccinal. Certains ont avancé que les « antivaccins » étaient
souvent des personnes peu éduquées éloignées de l’information,
d’autres les ont traités d’extrémistes, de complotistes, voire de
fous. Bien qu’il y ait évidemment sans doute plusieurs causes au
rejet du vaccin et des mesures sanitaires en général, une étude
menée par l’université britannique de Bangor et publiée dans le BMJ
laisse penser que c’est dans l’enfance qu’il faut aller chercher
les causes de cette attitude.
Enfance traumatisée et refus du vaccin
Selon ce travail, le refus de se faire vacciner et d’obéir aux
restrictions sanitaires serait fortement corrélé au fait d’avoir
subi des traumatismes durant son enfance. Pour leur recherche, les
scientifiques ont interrogé 2 285 gallois début 2021 (avant que le
vaccin soit accessible à toute la population) et les ont interrogés
sur leur adhésion aux mesures sanitaires en vigueur. Ils leur ont
ensuite demandé s’ils avaient subi durant leur enfance l’un des
neuf traumatismes retenus par l’étude, des violences physiques ou
sexuelles à la séparation des parents en passant par la
cohabitation avec une personne alcoolique.
Les chercheurs constatent que plus une personne a subi des
traumatismes de ce type, moins elle fait confiance aux autorités et
moins elle soutient les restrictions sanitaires. Ainsi, seulement
3,5 % des sujets ayant eu une enfance sans traumatisme sont opposés
au masque obligatoire et à la distanciation sociale, contre 6 % de
ceux ayant subi un traumatisme et 14 % de ceux ayant vécu au moins
quatre types de traumatismes dans leur enfance. De façon encore
plus significative, 38 % des répondants multi traumatisés déclarent
violer les restrictions sanitaires occasionnellement, alors qu’ils
ne sont que 21 % parmi ceux qui ont eu une enfance heureuse. Des
écarts qu’on retrouve également s’agissant de l’adhésion au vaccin
: 5 % des personnes sans traumatisme disaient ne pas vouloir se
faire vacciner début 2021, contre 19 % de ceux qui ont subi quatre
types de traumatismes.
Au total, les chercheurs relèvent que 96,5 % des personnes de
plus de 70 ans ayant eu une enfance sans problème sont favorables
au vaccin alors que de l’autre côté du spectre, 38 % des 18-29 ans
ayant eu une enfance difficile refusent de se faire
vacciner.
Ces résultats confirment ceux d’autres études qui démontrent
que les mauvais traitements subis dans l’enfance sapent la
confiance dans les figures d’autorité que sont notamment les
politiques, les scientifiques et les médecins.
Quentin Haroche