Qui est compost et redeviendra compost ?

Los Angeles, le samedi 8 octobre 2022 - Fin septembre, après l’Oregon, Washington, le Colorado et le Vermont, la Californie est devenue le cinquième  état américain, à autoriser l’« humusation » (un néologisme qui désigne la transformation d’un corps humain en humus…).

Difficile de reposer en paix !


Cette pratique funéraire, vantée depuis une vingtaine d’années par des militants écologistes, consiste à installer la dépouille sur un lit de végétaux broyés et de la recouvrir d’une autre couche de végétaux broyés. On crée ainsi une butte de quelques mètres cubes au centre de laquelle se trouve le corps. Selon les thuriféraires de cette méthode, le cadavre serait ainsi protégé (!) des fluctuations climatiques et des animaux charognards.

Au bout de trois mois environ, il est nécessaire de retourner la butte pour mélanger le broyat. Cette opération doit être renouvelée deux à trois fois avant l’obtention d’un substrat homogène. Après un an environ, seuls les os subsistent qui peuvent alors également être broyés et réintégrés au mélange…On a vu mieux pour reposer en paix !

En France et en Europe l’humusation ou « body compost » est strictement interdite. Dans notre pays, seules deux dispositions funéraires sont envisageables : l’inhumation ou la crémation. La députée Élodie Jacquier-Laforge avait pourtant tenté de faire changer la loi, sans succès, en 2021 en déposant un amendement visant à expérimenter l’humusation. Une pétition en ligne a déjà recueilli 25 000 signatures en ce sens. Cette biodégradation soulève pourtant de nombreuses questions, en particulier en ce qui concerne la diffusion d’agents pathogènes.

Un danger pour la sécurité sanitaire ?


« Dans le cas de l’humusation, le principe directeur pour assurer la sûreté sanitaire est celui d’une combinaison de chaleur et de durée. En effet, la présence autour du corps de matériaux végétaux et d’oxygène permet aux microorganismes d’augmenter la température locale jusqu’à des niveaux élevés (de 60 à 70 °C environ). L’objectif est d’atteindre un couple température/durée qui garantisse la stérilisation, ou tout du moins la réduction drastique du nombre de virus, de bactéries et autres pathogènes. Cependant, l’augmentation de température ne suffit pas pour assurer la stérilisation totale : aucune condition d’enfouissement ni de compostage ne permet de neutraliser les prions ni les endospores produites par les bactéries sporulées (des genres Bacillus ou Clostridium par exemple) » souligne Damien Charabidze (Docteur en Biologie, Chercheur, Expert judiciaire, Université de Lille) dans un article paru dans la revue en ligne The Conversation. En pratique, seule la crémation garantirait la sécurité sanitaire.

Quoi qu’il en soit, David Heckel, sorte de croque-mort new age au Natural Funeral du Colorado, observe que ce choix de l’humusation est avant tout motivé par des préoccupations écologiques. « La plupart des gens qui viennent chez nous le font parce que le respect de l’environnement est important pour eux » explique-t-il à USA Today. C’est une façon de redonner à la Terre. »

Tu es compost et tu retourneras compost…

Xavier Bataille

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article