
Difficile de reposer en paix !
Cette pratique funéraire, vantée depuis une vingtaine d’années
par des militants écologistes, consiste à installer la dépouille
sur un lit de végétaux broyés et de la recouvrir d’une autre couche
de végétaux broyés. On crée ainsi une butte de quelques mètres
cubes au centre de laquelle se trouve le corps. Selon les
thuriféraires de cette méthode, le cadavre serait ainsi protégé (!)
des fluctuations climatiques et des animaux charognards.
Au bout de trois mois environ, il est nécessaire de retourner
la butte pour mélanger le broyat. Cette opération doit être
renouvelée deux à trois fois avant l’obtention d’un substrat
homogène. Après un an environ, seuls les os subsistent qui peuvent
alors également être broyés et réintégrés au mélange…On a vu mieux
pour reposer en paix !
En France et en Europe l’humusation ou « body compost » est
strictement interdite. Dans notre pays, seules deux dispositions
funéraires sont envisageables : l’inhumation ou la crémation. La
députée Élodie Jacquier-Laforge avait pourtant tenté de faire
changer la loi, sans succès, en 2021 en déposant un amendement
visant à expérimenter l’humusation. Une pétition en ligne a déjà
recueilli 25 000 signatures en ce sens. Cette biodégradation
soulève pourtant de nombreuses questions, en particulier en ce qui
concerne la diffusion d’agents pathogènes.
Un danger pour la sécurité sanitaire ?
« Dans le cas de l’humusation, le principe directeur pour
assurer la sûreté sanitaire est celui d’une combinaison de chaleur
et de durée. En effet, la présence autour du corps de matériaux
végétaux et d’oxygène permet aux microorganismes d’augmenter la
température locale jusqu’à des niveaux élevés (de 60 à 70 °C
environ). L’objectif est d’atteindre un couple température/durée
qui garantisse la stérilisation, ou tout du moins la réduction
drastique du nombre de virus, de bactéries et autres pathogènes.
Cependant, l’augmentation de température ne suffit pas pour assurer
la stérilisation totale : aucune condition d’enfouissement ni de
compostage ne permet de neutraliser les prions ni les endospores
produites par les bactéries sporulées (des genres Bacillus ou
Clostridium par exemple) » souligne Damien Charabidze (Docteur
en Biologie, Chercheur, Expert judiciaire, Université de Lille)
dans un article paru dans la revue en ligne The
Conversation. En pratique, seule la crémation garantirait la
sécurité sanitaire.
Quoi qu’il en soit, David Heckel, sorte de croque-mort new age
au Natural Funeral du Colorado, observe que ce choix de
l’humusation est avant tout motivé par des préoccupations
écologiques. « La plupart des gens qui viennent chez nous le
font parce que le respect de l’environnement est important pour eux
» explique-t-il à USA Today. C’est une façon de redonner à
la Terre. »
Tu es compost et tu retourneras compost…
Xavier Bataille