Scoop : il fait (très) chaud !

Paris, le lundi 24 juin 2019 - Comme chaque année, au tout début du mois de juin, le ministère de la Santé a réactivé les dispositifs mis en place depuis 2004 pour limiter les conséquences sanitaires des vagues de chaleur. Déploiement des systèmes de veille pour assurer la sécurité des plus fragiles, recensement des lieux frais susceptibles d’accueillir du public, incitation auprès des plus âgés à s’inscrire sur des réseaux de surveillance : au fil des années, le programme n’a cessé de s’étoffer pour renforcer l’efficacité de la prévention.

Vigilance orange sur presque toute l’Ile de France

Cette année, cette mécanique à laquelle s’ajoutent des mesures d’urgence particulières en cas de crise, sera activée particulièrement tôt. La quasi-totalité de l’Hexagone va en effet connaître un épisode de canicule qui devrait au moins durer six jours et pourrait se prolonger dans le sud de la France. Selon les départements en France, on parle de vague de chaleur quand les températures diurnes dépassent trois jours de suite entre 30 et 35°C et nocturnes entre 18°C et 24°C. Compte tenu de ces critères et des prévisions actuelles, l’alerte niveau « orange » a été déclenchée à Paris, dans les départements limitrophes et en Seine-et-Marne. Le seuil devrait être dépassé dans d’autres départements et régions dans les heures et jours qui viennent.

Un inconfort important

La vague de chaleur à laquelle la France se prépare (les ventes de ventilateur ont explosé ce week-end) se caractérise par sa précocité dans l’année, ce qui entraîne des problématiques particulières. On ne connaît pas de ralentissement des activités, tandis que les écoles et crèches restent ouvertes, ce qui nécessite une attention spécifique. Cependant, parallèlement, dans les lieux sensibles comme les hôpitaux, les effectifs ne sont pas encore affectés par les départs en vacances. Par ailleurs, par rapport au grand épisode caniculaire de 2003, le niveau d’humidité devrait être élevé, suscitant un inconfort plus important a prévenu le ministre de la Santé (mais pas nécessairement plus de risque), puisque les températures « ressenties » pourraient être plus élevées que celles affichées par le thermomètre.

Vigilance et optimisme trop brûlant ?

Face à cette situation, le ministre de la Santé a mis en place un dispositif de communication très réactif. Ainsi, après une conférence de presse ce matin où Agnès Buzyn a invité la population à ne pas « minimiser » les risques et à se monter très vigilante vis-à-vis des plus fragiles, elle a précisé qu’un point serait réalisé tous les soirs à 17 heures, reposant notamment sur les données des Agences régionales de santé et de Météo France. Le ministre a également tenu à rassurer, soulignant que tout était prêt dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes et dans les hôpitaux.

Concernant ces derniers, alors que de nombreux services d’urgence sont en grève, le ministre a précisé : « Je n’ai pas encore eu d’alerte mais de toute façon lors de la grève des urgences, j’ai décidé de débloquer une enveloppe de 15 millions d’euros pour les deux mois d’été afin de pouvoir recruter du personnel supplémentaire. Beaucoup d’hôpitaux sont déjà dans cette démarche. Lorsque l’hôpital est en tension, on ouvre des lits et cette enveloppe débloquée permettra aussi de recruter par exemple des infirmières pour garder des lits ouverts parce qu’on ne peut évidemment pas empêcher les personnes de partir en vacances ». Bien sûr, sur le terrain l’optimisme n’est pas aussi serein. Sur les réseaux sociaux, beaucoup de responsables d’écoles et d’instituteurs ont par exemple raillé les directives reçues du ministère, qui dans certains établissements sont difficilement applicables. Dans les hôpitaux, également, on rappelle que même si des progrès notables ont été réalisés ces dernières années, la climatisation est cependant encore loin d’être universelle.

37°C le matin

Si le message est difficile à transmettre à la population, la prévention suppose néanmoins d’apprendre à différencier hyperthermie et déshydratation. On rappellera d’une manière générale que des travaux publiés en 2003 (avant la grande canicule) par une équipe espagnole avaient signalé que la mortalité augmente de 28,4 % pour chaque élévation de 1°C au-dessus de 36,5°C. Ces travaux avaient également mis en évidence qu’un faible taux d’humidité paraît augmenter les effets nocifs de la chaleur. De leur côté, des travaux publiés dans la revue Morbidité Mortality Weekly Report avaient rappelé que les phénomènes pathologiques apparaissent principalement quand la température extérieure dépasse celle du corps humain.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (1)

  • Gesticulations

    Le 24 juin 2019

    Rien d'utile ne sort des contorsions gouvernementales (faites bien sûr pour se couvrir,si on peut dire, et non pour aider qui que se soit). Ce qui serait vraiment utile serait, par exemple de subventionner l'installation de climatisations: on attend !
    A mais ça risque de coûter cher ? Ah bon ...

    Dr Louis-Pierre Jenoudet

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