Sexistes les carabins ?

Et ça vous fait rire ?

Paris, le mardi 5 septembre 2017 – Depuis quelques années, les internes en médecine n’échappent pas à une prise de conscience concernant les attitudes potentiellement sexistes au sein de leur corps. Dans cette lignée, l’InterSyndicat National des Internes (ISNI) lance la première grande enquête nationale sur cette problématique.

« L’objectif est bien sûr de dénoncer ces discriminations et d’en comprendre l’impact sur les choix de carrière et sur le quotidien des jeunes médecins » explique les initiateurs de ce sondage qui s’adresse tant aux hommes qu’aux femmes.

Ce questionnaire a obtenu l'autorisation de la CNIL et les données demeureront strictement confidentielles et anonymes.

A l’origine, une question sentencieuse

C’est au printemps 2016 que la polémique sur le sexisme des carabins a éclaté. Ainsi, une question à un examen blanc préparant aux ECN en avait indigné plus d’un. Un cas clinique évoquait en effet « une patiente de 35 ans » qui recevait « une fessée sur son lieu de travail par son supérieur hiérarchique devant ses collègues » et consultait les urgences. Les candidats devaient alors choisir, parmi différentes propositions, dont une suggérait « vous lui demandez d'aller au coin car elle n'a pas été sage » !

Dans une tribune publiée par « L’Obs » l’étudiante qui avait dénoncé cet intitulé avait fait valoir que si certains « se sont empressés d'intervenir pour fustiger mon manque d'humour (…) c’est un symptôme supplémentaire d'un sexisme gras et décomplexé, encore profondément ancré dans certains milieux médicaux ». Cette « affaire » avait même provoqué l’ire du ministre de tutelle de l’époque, Marisol Touraine.

« Nous sommes atterrés par la mauvaise blague, nous ne sommes pas pour la banalisation du sexisme » avait quant à lui expliqué,  Rémi Patrice de l'ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France).

Déjà un site vengeur

Quelques mois plus tard, ce combat rebondissait avec le lancement par deux étudiantes en médecine du site « Paye ta blouse » se fixant pour mission de recenser les remarques sexistes en milieu hospitalier. De nombreux témoignages, anonymes, y ont été colligés faisant principalement le récit de remarques "limites" (mais probablement dites sur le ton de l’humour), mais aussi d’injures inexcusables (nous vous laissons en découvrir la teneur https://payetablouse.fr/). « Le but, à travers ce site, c'est de faire réaliser aux femmes que ces remarques ne sont pas normales et que, si ça peut faire rire, elles ont aussi le droit d'être en colère », expliquait alors l’une des fondatrices.

Encore une fois, certains confrères leur ont rétorqué qu'elles n'avaient « pas d'humour » et qu’elles ignoraient la tradition carabine.

Que dit la littérature ?

En 2016, une étude américaine publiée dans le JAMA montrait qu'une femme médecin sur trois considérait avoir été victime de harcèlement sexuel durant ses études ou au cours de sa carrière et dans de précédents travaux réalisés en 1995 et publiés dans Annales of Internal Medicine, il apparaissait que 52% des femmes américaines professeurs de médecine avaient signalé un harcèlement au cours de leur carrière !

Humour ou sexisme, les internes ont jusqu’au 15 octobre pour trancher, date de clôture de cette enquête.

 

Pour participer à cette étude : Hey Doc, les études médicales sont-elles sexistes ?

Frédéric Haroche

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