
Tel-Aviv, le samedi 5 mars 2022 – Les progrès de la
télémédecine permettent à des médecins israéliens installés à
Tel-Aviv de prendre en charge des réfugiés ukrainiens présents en
Moldavie.
Une actualité chasse l’autre. A peine l’épidémie de Covid-19
connait une période d’accalmie (relative) peut être définitive, que
les yeux du monde sont rivés vers l’invasion de l’Ukraine par
l’armée russe. Cette guerre, qui bouleverse le système de santé
ukrainien et a déjà mis sur les routes plus d’un million de
réfugiés, est l’occasion d’utiliser les technologies de
télémédecine justement développées à l’occasion de la pandémie.
Israël, l’un des leaders mondiaux en ce domaine, a donc décidé de
se mettre au chevet (à distance) de l’Ukraine.
A l’hôpital Sheba dans la banlieue de Tel-Aviv, le plus grand
établissement de santé de l’Etat hébreu, toute une équipe est
désormais consacré à offrir des services de télémédecine à des
civils ukrainiens qui ont trouvé refuse à Chisinau, capitale de la
Moldavie. Depuis leur « hôpital virtuel » situé à 12 000
kilomètres de la Moldavie, les médecins israéliens peuvent offrir
un examen médical complet à des réfugiés épuisés par leur long
périple et par les bombardements russes. Quelques médecins
israéliens ont tout de même fait le déplacement en Moldavie pour
aider les patients à interagir avec les soignants restés en
Israël.
Cette télémédecine de guerre est rendue possible par plusieurs
technologies de médecine à distance, dont la plupart ont été
inventés en Israël. Le Pulsenmore par exemple est un dispositif
portable d’échographie prénatale qui envoie directement les images
prises au service d’obstétrique et de gynécologie de l’hôpital
Sheba. Le dispositif Tytocare permet lui d’examiner le cœur, les
poumons, la bouche, les oreilles et la peau des enfants ukrainiens
ainsi que de mesurer leur température et leur niveau de saturation
en oxygène. Enfin, grâce aux outils développés par la firme Biobeat
Medical Technologies, il est possible de contrôler facilement à
distance les différents constantes vitales (pression artérielle,
rythme cardiaque, saturation…) des réfugiés ukrainiens.
« Je soigne toutes sortes de gens, il y a des femmes
enceintes, des personnes âgées, qui souffrent d’un certain nombre
de troubles entraînés par le long voyage incroyablement stressant
jusqu’à la frontière, tout est pris en charge depuis mon bureau
» résume le Pr Gadi Segal, chef des services de télémédecine à
l’hôpital Sheba.
« Nous avons ressenti une sorte d’obligation morale de fournir
cette technologie et l’expertise des médecins et des spécialistes
de Sheba sur le terrain, pour venir en aide aux réfugiés » explique
Sarit Lerner, responsable de Sheba Beyond, le programme de
télémédecine de l’hôpital.
Sans doute les médecins israéliens se rappellent que leur pays
fut en grande partie construit par des réfugiés de
guerre.
Quentin Haroche