
Après la tempête médiatique qui a frappé la contraception
orale oestro-progestative en France ces dernières années, toute
alternative rassurante intéresse le prescripteur. D’où l’intérêt de
la présentation de David Elia qui a annoncé l’arrivée sur le marché
en France d’une nouvelle contraception microprogestative pure (POP
pour « progestin only pill »). Il s’agira d’une micropilule
sans œstrogène, à la drospirénone seule (4 mg), progestatif
anti-androgène (effet favorable sur l’acné) et
anti-minéralocorticoïde (effet favorable sur le poids, la pression
artérielle et le calcium). Le schéma d’administration sera de 24
comprimés actifs suivis de 4 comprimés placebo par plaquette
(schéma 24/4). L’AMM européenne devrait être obtenue très
prochainement avec une commercialisation en France probablement
début 2020. L’activité d’inhibition de l’ovulation de cette
nouvelle POP est similaire à celle d’une POP au désogestrel 75 déjà
commercialisée (Cérazette®) et l’efficacité
contraceptive est maintenue en cas d’oubli de 24 h contre 12 h
actuellement pour la Cérazette®. Deux
études pivots d’efficacité ont évalué l’indice de Pearl à 0,73,
avec moins de jours de saignements/spottings que la
Cérazette®. Menée pour la première fois,
une étude chez plus de 100 adolescentes de 12 à 17 ans a retrouvé
un bon profil de saignement (identique à celui des adultes sauf le
1er mois de prise), une nette diminution de
la dysménorrhée et de la prise d’antalgiques. L’administration de
la POP à la drospirénone est possible en cas d’allaitement puisque
seuls 0,11 % de la dose quotidienne ingérée par la mère passe dans
son lait. Aucun cas de thrombo-embolie veineuse ni artérielle n’a
été observé sur plus de 20 000 cycles de traitement. Par ailleurs,
la POP à la drospirénone a montré une neutralité vis-à-vis du
poids, de la pression artérielle, des paramètres biologiques
glucido-lipidiques, d’hémostase et du remodelage osseux. Si les POP
sont jusqu’ici plutôt réservées aux contre-indications des
associations oestro-progestatives, cette POP à la drospirénone
pourrait changer la donne…
Dr Catherine Azoulay