Vaccination des adolescents : le CCNE très réservé
Paris, le mercredi 9 juin 2021 - Sans même attendre l’avis de la
Haute autorité de Santé, Emmanuel Macron a annoncé jeudi dernier
l’ouverture de la vaccination contre la Covid aux 12-18 ans dès le
15 juin. La décision a également décontenancé les sages du Comité
consultatif national d’éthique (CCNE) qui avaient été sollicités le
27 avril dernier par le ministère de la Santé sur la question, en
raison des importants enjeux éthiques soulevés par la vaccination
des enfants et des adolescents, qui ne présentent de fait que très
exceptionnellement des formes graves de Covid. Aussi, dans leur
avis finalement rendu public aujourd’hui, les membres du Comité ne
peuvent que regretter cette précipitation du calendrier. Leur
regret est d’autant plus marqué que le sujet est « complexe
compte tenu tant des connaissances que l’on a du virus, que des
différentes stratégies envisageables pour ou contre la propagation,
ainsi que les conséquences de ces vaccins sur la santé globale de
la population. L’ouverture de la vaccination aux mineurs pose aussi
la question de leur consentement libre et éclairé » expose le
CCNE.
Une politique de prévention peut-être excessive vis-à-vis de la
jeunesse
L’analyse de ce dernier se concentre d’abord sur les bénéfices
attendus de la vaccination des adolescents, en évoquant d’une part
le bénéfice individuel et d’autre le part le bénéfice collectif.
Pour le premier, même si la HAS a eu à cœur de rappeler que des
formes graves ont pu exister chez l’enfant ou l’adolescent, le CCNE
considère que de façon globale « le bénéfice individuel direct
de la vaccination pour les enfants et les adolescents est très
limité en termes de risque liés à l’infection ». Cependant, on
s’en souvient, dans l’analyse des bénéfices individuels de la
vaccination, la HAS avait mis en avant l’impact sur la santé
mentale des adolescents des mesures prises pour juguler l’épidémie.
Si le CCNE évoque également les répercussions des restrictions
sociales sur la santé psychique des plus jeunes, plutôt que de
conclure comme la HAS à un bénéfice individuel de la vaccination
pour les ados dans cette perspective, il préfère s’interroger : «
La répercussion délétère sur la population pédiatrique de toutes
les mesures prises doit engager une réflexion sur la préservation
d’une santé globale qui ne peut se limiter à l’impératif d’une non
contamination, d’autant plus que cette population spécifique
représente la réserve d’énergie, d’engagement et d’initiative pour
l’avenir commun. Si l’impact de la pandémie, en termes de risques
liés à l’infection, est très faible dans la population des enfants
et des adolescents, l’impact psychologique a été majeur en
particulier chez les adolescents, et plus encore dans les
populations défavorisées. En d’autres termes, la politique de
prévention appliquée à l’ensemble de la population française ne
pourrait-elle pas apparaître comme excessive à l’égard de la
jeunesse ? ».
Après avoir été tenus responsables de la circulation du virus
dans les écoles, les jeunes le seront-ils de la faible couverture
vaccinale ?
A travers cette réflexion, c’est la pression qui est exercée
sur la jeunesse, d’abord à travers les mesures de restriction, et
désormais avec la vaccination, qui est discutée par les sages.
Ainsi, tout en reconnaissant que s’agissant des adolescents (à la
différence des enfants) leur rôle dans la circulation du virus
apparaît attesté, ils relèvent : « si la vaccination leur était
présentée comme leur seule chance de retour à une vie normale,
cette pression effective poserait la question de la validité de
leur consentement ». Non seulement, la situation particulière
de cette vaccination dont l’intérêt est quasi exclusivement
collectif a nécessairement une influence sur le consentement des
plus jeunes, mais le Comité s’interroge encore sur la logique
éthique à l’œuvre. « Sachant qu'un nombre significatif
d'adultes, dont des personnes présentant des comorbidités, ne
procèderont pas à la vaccination, est-il éthique de faire porter
aux mineurs la responsabilité, en termes de bénéfice collectif, du
refus de vaccination d'une partie de la population adulte ?
(…) La pression de la société ne va-t-elle pas implicitement
obliger les adolescents à accepter la vaccination ? »
questionne le CCNE qui poursuit : « Lorsque la population adulte
qui aura souhaité être vaccinée le sera, en cas de reprise
importante de l’épidémie, des mesures ciblant les personnes non
vaccinées et les lieux où circule le virus seront mises en place.
Si les adolescents n’étaient pas vaccinés, il existerait de nouveau
un risque de fermeture des classes, mais peut-être aussi un risque
de stigmatisation des adolescents », stigmatisation qui n’a pas
toujours été évitée quand était réclamée de façon récurrente la
suspension des activités scolaires.
Comment ne pas s’interroger sur le rapport de nos sociétés
avec leur jeunesse, quand après avoir totalement repoussé l’idée de
confinements sélectifs touchant les plus âgés et les plus
vulnérables, elles pourraient faire le choix de vacciner les plus
jeunes plutôt que de se résoudre à une forme de contrainte des plus
âgés ? (voir à ce propos la Tribune du Dr Martin Blachier publiée
aujourd’hui dans nos colonnes).
Ne rien cacher des doutes qui subsistent
Dès lors, le CCNE recommande dans un premier temps de se
concentrer sur l’incitation à la vaccination des populations
vulnérables. Concernant la vaccination des moins de 12 ans, faute
de données disponibles concernant la tolérance et l’efficacité des
vaccins et compte tenu du faible rôle joué par ces derniers dans la
circulation du virus, le CCNE juge qu’elle n’est pas «
éthiquement acceptable ». Pour les adolescents, il préconise
un suivi de pharmacovigilance spécifique. Il insiste surtout sur
les enjeux éthiques et sur la nécessité de leur apporter les
informations les plus complètes afin de pouvoir s’assurer de leur
consentement le plus libre possible. L’éclairage ne devra notamment
pas éluder le fait qu’il n’existe aucune garantie absolue que leur
vaccination empêche toute nouvelle fermeture des écoles dans
l’avenir. Le CCNE attire en effet l’attention sur le danger d’une
perte de confiance : « Ne risque-t-on pas de briser leur
confiance si le retour à la vie normale était compromis par
l’arrivée de nouveaux variants ? ».
Aussi, le CCNE conclut de façon très prudente et réservée : « Il
semble souhaitable selon le CCNE, étant donné les difficultés
rencontrées et les enjeux spécifiques liés à une population pour
laquelle les liens sociaux et l’apprentissage sont des ressources
indispensables à la vie, d’accepter de vacciner contre la Covid-19
les adolescents qui le demandent, mais après avoir reçu une
information claire et adaptée à cette tranche d’âge sur les
incertitudes liées à la maladie, au vaccin lui-même et à son
efficacité à moyen et long terme, ainsi que sur les autres
alternatives ouvrant sur la prévention de la maladie ».
Pour une fois le CCNE soulève des questions dont aucune réponse n'est évidente. Un peu de piquant, d'incertitude, de doutes, de pondération. Et une série de questions : qu'est-ce que c'est que le consentement éclairé chez le jeune, le chantage est il licite pour la bonne cause, faut il faire courir un risque, même minime pour prévenir une maladie extrêmement peu mortelle chez l'enfant, l'immunité de groupe, vérité ou mirage...
Tout l'opposé des avis pseudo consensuels des hautes autorités et conseils éclairés, qui vous tranche ça en une minute tout au plus. Enfin de vrais questions, humaines, complexes, contradictoires où trancher fait toujours mal.
Dr Gilles Bouquerel
Le choix est simple
Le 10 juin 2021
Soit imposer à tous les jeunes des mesures drastiques tant que la circulation virale n'est pas abolie. Soit proposer la vaccination à ceux qui sont volontaires pour permettre d'assouplir les contraintes. La réflexion un peu simpliste des "éthiciens" n'a pas réellement considéré ce dilemme.
Dr Pierre Rimbaud
Zoonose ou pas ?
Le 10 juin 2021
Peut-on considérer, même si toute la population était vaccinée par un vaccin efficace, sans effet secondaire, que l'apparition d'un nouveau mutant soit exclue? Résistant au vaccin ? Le réservoir du virus n'est pas seulement l'homme! La logique ne serait-elle pas de vacciner tous les animaux susceptibles d’être porteurs du virus, avec risque de mutation et de retransmission à l'homme?
Je suis pour les vaccinations (pour ou contre sont d'ailleurs des termes stupides en général et particulièrement dans le cas présent), mais je doute profondément des buts que nous assignons à ces vaccins antiCovid, d'autant plus qu'il me semble que la recherche d'un traitement soit totalement mise de coté, de façon idéologique et systématique! Pourquoi l'ARS, sauf erreur de ma part, a refusé une étude sur l'Ivermectine demandée par le CHU de Lille en partenariat avec l'institut Pasteur?
Dr Jean-Paul Vasse
Et le vaccin tué total...
Le 10 juin 2021
Aucune recherche dans ce sens, pourquoi? Les Chinois sont-ils plus stupides que nous! Je crains que le colloque singulier patient-médecin ne disparaisse au profit d'un chantage éclairé, entraînant toute perte de confiance...confiance déjà bien entamée!
Dr Jean-Paul Vasse
Recherches sur les médicaments (Réponse à JP Vasse) E
Le 11 juin 2021
Votre dernière phrase est erronée !
1) L'ARS n'a généralement pas à se prononcer sur les recherches concernant les médicaments. C'est le rôle de l'ANSM et des CPP (Comités de Protection des Personnes).
2) Le Comité Ad-hoc de Pilotage National des Essais Thérapeutiques (CAPNET) et autres recherches sur la Covid-19 a simplement "suggéré des amendements à la stratégie de développement clinique (rien à voir avec l'ivermectine, mais sur la "molécule miracle", à savoir le vieux clofoctol (ou Octofène(r), qui fut un excellent quasi-placebo évitant l'antibiothérapie à de nombreux confrères dans les rhinopharyngites banales)...
D'ailleurs, le CAPNET a accordé le mercredi 7 avril le label Priorité de Recherche Nationale au projet THERAPIDE. Ce label permet notamment l’accès exclusif à une procédure accélérée d’évaluation du dossier d’autorisation règlementaire par le Comité de Protection des Personnes (CPP) et l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM). Cf. : https://coronavirus.pasteur-lille.fr/recherche-covid-19/
Dr Gérard Loeb
RTU ivermectine (Reponse au Dr Jean-Paul Vasse)
Le 11 juin 2021
Pour "les animaux" : Les réservoirs avaient été rapidement identifiés pour SARS-CoV-1 (2002) puis MERS-CoV (2012 , ce qui n’est pas le cas pour SARS-CoV-2. Un obstacle peu cité au dogme de l'immunité collective.
L'institut Pasteur de Lille travaille sur le repositionnement du Clofoctol (Octofène) avec la - startup Apteeus (projet THERAPIDE) : Commenté prometteur chez le macaque, très embryonnaire chez l’homme car bien ralenti par le Capnet ("Comité ad-hoc de pilotage national des essais thérapeutiques" : dixit ) titilleux sur … la tolérance de l’octofène et retour en phase 2 . Calamiteux. Médiatisation des freins caricaturaux puis aide financière de LVMH : Début phase 3 prévu … en avril 2021 Labellisation « Priorité Nationale de Recherche » 7/4/2021
Un point , international, sur la chimio-prophylaxie est disponible* : Décevant, de l'HCQ au Zinc etc
*Bartoszko JJ, Siemieniuk RAC, Kum E et coll . Prophylaxis against covid-19: living systematic review and network meta-analysis. BMJ. 2021 Apr 26;373:n949. doi: 10.1136/bmj.n949
Dr JP Bonnet
Un traitement ?
Le 13 juin 2021
Dans le monde actuel, le moindre problème conduit, grâce au principe de précaution, à l'arrêt immédiat d'un médicament, et à des poursuites contre le laboratoire. La seule exception : les maladies constamment mortelles le cancer : on tolère des effets secondaires graves (la mort par exemple) si le taux global de survie sans rechute est meilleur. On a donc également trouvé des traitements contre le SIDA : constamment mortel, aidé aussi par une protéine spécifique des rétrovirus, ce qui n'empêcheras les effets secondaires des traitements, mais est toléré.
C'est semble-t-il aussi vrai dans certaines hépatites chroniques, qui conduisent aussi à la mort. Pour le COVID avec un taux de mortalité pas si clair : tous les PCR+ ne sont pas vraiment malades mais juste à peine porteur, on estime à la louche une mortalité à 1%, on n'y est pas du tout. D'où l'extrême difficulté pour montrer un effet réel statistique à un si faible de taux de mortalité . Ce n'est pas le SIDA ou le traitement à une efficacité certaine : on doit avoisiner les 100% de mort d'un coté contre 0% de l'autre. De toute façon, ce n'est pas ce qu'on attend : une baisse "significative" réelle de 20% de la mortalité n'est pas du tout satisfaisante. DONC, aucun laboratoire ne va investir des milliards d'euros (même d'argent public) avec très peu de chance de réussite. Quant au repositionnement de vieille molécules : on n'a pas d'exemple vraiment concluant que cela ai jamais marché pour une maladie virale aiguë. L"efficacité in vitro" n'est pas du tout la même chose qu'un pastille antibiotique posée sur une gélose.
On ne sait toujours rien de cette épidémie: pourquoi les nombre de cas s'effondre encore au joli mois de mai ? Et ce de la France à l'Inde ? Pour les vieux médicaments, il ne faut pas non plus négliger un éventuel effet placebo : c'est à dire quand même une réelle efficacité par rapport à rien.
Dr JR Werther
Vaccinez vous pour protéger nos enfants
Le 13 juin 2021
J’habite dans les Landes un des départements qui a eu des classes fermées et aussi des tests de dépistage qui ont mis du temps à être faits dans le département. Aussi on ne trouve que ce que l’on cherche… et il y a certainement eu des clusters intra familiaux, amicaux qui passent au travers. On se croit protégé par les chiffres.
Je suis infirmière en retraite. J’ai fait des tests PCR maintenant je vaccine et on se posait la question justement à partir de mars on a plus testé… C’est un témoignage pas un avis… Par contre les adultes vaccinez vous pour protéger nos enfants. Merci.
Anne Gentreau (IDE)
Et l'éthique dans tout ça ?
Le 13 juin 2021
Inadmissible le fait d'imposer la vaccination aux ados et plus jeunes pour obtenir une couverture suffisante ... pour compenser les adultes qui ne veulent pas se faire vacciner et à qui on n'impose rien !? Quel manque de courage de la part de nos politiciens ... mais ce n'est pas nouveau. Et que l'on ne me parle pas de démocratie, de libertés, de droits. Qu'en est il de notre république et de la "liberté, égalité, fraternité" ?
Séverine Dardel (pharmacien)
CCNE à la remorque de l'opinion
Le 13 juin 2021
L’avis du Comité consultatif national d’éthique sur les questions bioéthiques fondamentales au nom de « l’opinion » (sic) l'avait déconsidéré… et voilà que maintenant ce même CCNE émet aujourd’hui un avis négatif sur la vaccination des adolescents contre la Covid 19 !
Dr Michel de Guibert
Pass sanitaire : gadget des riches privant les pauvres de vaccins ?
Le 13 juin 2021
Les vaccins contre le Covid-19 ne procurant pas une « immunité stérilisante » et, en conséquence, réduisant, mais ne prévenant pas la transmission, il paraît éthiquement et médicalement déplorable que les pays "dits" riches retiennent les vaccins pour les populations sans risque de développer des formes graves du Covid-19, en privant les personnes vulnérables dans les pays "dits" pauvres des vaccins Covid-19...
Dr Johannes Hambura
Un avis de Normand
Le 14 juin 2021
A force de se tourner le doigt dans l'oreille, et d' écouter "la société civile" (les lobbys groupusculaires), le CCNE est-il adapté à la situation actuelle pour donner un avis de Normand ? Je ne souhaite pas de recrudescence de la pandémie qui pourrait inciter à questionner l'utilité de ce comité. J'ai par ailleurs beaucoup d' affection pour les Normands.
Bonne canicule à tous.
Dr Didier Jacqmin, PU-PH âgé
Question vitale avant la question éthique
Le 16 juin 2021
Les enfants développent peu de formes sévères, la vaccination chez eux relève certes plus d'une vaccination altruiste qu'égoïste, et il ne faudrait pas qu'une frange d'adultes mise sur la vaccination des enfants pour s'éviter de faire le vaccin eux-mêmes... Les enfants peuvent-ils se passer de leurs parents ou grands parents qui sont eux victime de la Covid?