WCD : Le mot de la fin

Pour les organisateurs de ce 24e congrès mondial de dermatologie qui s’est terminé le 15 juin, le bilan est plus que satisfaisant : plus de 16 000 participants, 200 meetings de tous ordres (symposiums, workshops, communications libres, cours, sessions plenières…) auxquels il était parfois difficile d’assister tant l’affluence était nombreuse. Mais au-delà des chiffres, ce qui compte surtout, ce sont les progrès annoncés, significatifs de cette nouvelle ère de la dermatologie, dont ce congrès, de retour à Milan après 47 ans, aura témoigné.

Des traitements ciblés

Ces progrès sont en particulier notables dans les dermatoses inflammatoires, psoriasis et dermatite atopique notamment.

La connaissance de plus en plus intime de leur physiopathologie permet de mettre au point de nouveaux traitements ciblés, anti cytokine et autres interleukines, mais aussi anti JAK, injectables ou oraux et en topiques. Les essais thérapeutiques sont foison. Emma Guttmann (New York) a notamment élaboré un schéma des circuits immunologiques impliqués dans la dermatite atopique (DA) et propose une série de biomarqueurs susceptibles d’aider à l’évaluation de traitements spécifiques de cette dermatose. Elle a par ailleurs montré la réversibilité du phénotype de la DA.

Ces avancées thérapeutiques concernent aussi la pelade dont on connaît l’origine auto-immune et pour laquelle des biothérapies semblent prometteuses. Mais, ajoute Angela Christiano (New York), les nouveaux outils de génétique offrent une autre approche pour la compréhension des alopécies alors même qu’il apparaît aussi que certains facteurs de l’environnement jouent un rôle important.

Microscopie confocale et intelligence artificielle, de nouveaux outils diagnostiques

Les progrès thérapeutiques dans le mélanome et en oncologie dermatologique en particulier ont été manifestes ces dernières années. Tous procèdent d’une meilleure connaissance des mécanismes en causes autorisant à proposer des traitements ciblés à des stades avancés de la maladie avec un allongement considérable de la survie. Cependant, dans ce congrès ce sont les nouvelles techniques diagnostiques en lice qui auront peut-être le plus retenu l’attention ; la microscopie confocale, mais aussi l’intelligence artificielle. Ainsi ont été rappelés, par Susana Pluig (Barcelone) les résultats d’une étude publiée dans Lancet Oncology. Ce projet de recherche auquel ont participé des dermatoscopistes du monde entier a comparé la qualité des diagnostics établis par des experts et de ceux faits par intelligence artificielle sur des lésions pigmentées. Globalement trois algorithmes d’intelligence artificielle se sont révélés plus performants que les experts ! Jusqu’ici les algorithmes électroniques dont nous disposions ne semblaient pas suffisamment « efficaces » pour établir un diagnostic et il semble que ce ne soit plus le cas. Ce qui bien sûr ouvre de nouveaux horizons pour le dépistage et la reconnaissance des tumeurs notamment des mélanomes.

Restaurer, resurfacer, réparer…et repousser les limites

Surfant sur la même vague que beaucoup d’autres spécialités médicales, l’un des thème phares du congrès a été le rôle du déséquilibre de la flore microbienne cutanée et intestinale autrement dit du microbiome, dans l’émergence des pathologies de la peau. Pour Marco Pignatti (Modène), tout ceci porte en soi les germes d’une vraie révolution où la prise en charge des maladies cutanées notamment inflammatoires passerait par la restauration de la fonction barrière de la peau et la flore microbienne intestinale.

Enfin, de nombreuses sessions auront été consacrées à la cosmétologie et l’esthétique, produits de comblements mais aussi technique non invasives de régénération des tissus, approche non chirurgicale du « rajeunissement » et du remodelage. Dernière mention spéciale pour les lasers toujours plus efficaces et sûrs, utiles non seulement pour des indications esthétiques (épilation, élimination de tatouage, resurfacing) mais dans certaines pathologies. Paul Steven Nistico (Rome) signale ainsi la plus récente application ; le traitement par thérapie biophotonique des ulcères cutanés et de certaines maladies inflammatoires cutanées telles que rosacée et acné.

Ainsi ce 24 e congrès avait-il fort justement pour titre « A new era for global dermatology ».
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Le prochain, qui se tiendra à Singapour (préférée à Dubaï et Rio) en 2023 s’appellera « Dermatology Beyond Borders ». Car, on peut toujours vouloir repousser les limites…

Dr Marie-Line Barbet

Référence
24e Congrès mondial de dermatologie, Milan 10-15 juin 2019.

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