
Des traitements ciblés
Ces progrès sont en particulier notables dans les dermatoses
inflammatoires, psoriasis et dermatite atopique notamment.
La connaissance de plus en plus intime de leur
physiopathologie permet de mettre au point de nouveaux traitements
ciblés, anti cytokine et autres interleukines, mais aussi anti JAK,
injectables ou oraux et en topiques. Les essais thérapeutiques sont
foison. Emma Guttmann (New York) a notamment élaboré un
schéma des circuits immunologiques impliqués dans la dermatite
atopique (DA) et propose une série de biomarqueurs susceptibles
d’aider à l’évaluation de traitements spécifiques de cette
dermatose. Elle a par ailleurs montré la réversibilité du phénotype
de la DA.
Ces avancées thérapeutiques concernent aussi la pelade dont on
connaît l’origine auto-immune et pour laquelle des biothérapies
semblent prometteuses. Mais, ajoute Angela Christiano (New York),
les nouveaux outils de génétique offrent une autre approche pour la
compréhension des alopécies alors même qu’il apparaît aussi que
certains facteurs de l’environnement jouent un rôle
important.
Microscopie confocale et intelligence artificielle, de nouveaux outils diagnostiques
Les progrès thérapeutiques dans le mélanome et en oncologie dermatologique en particulier ont été manifestes ces dernières années. Tous procèdent d’une meilleure connaissance des mécanismes en causes autorisant à proposer des traitements ciblés à des stades avancés de la maladie avec un allongement considérable de la survie. Cependant, dans ce congrès ce sont les nouvelles techniques diagnostiques en lice qui auront peut-être le plus retenu l’attention ; la microscopie confocale, mais aussi l’intelligence artificielle. Ainsi ont été rappelés, par Susana Pluig (Barcelone) les résultats d’une étude publiée dans Lancet Oncology. Ce projet de recherche auquel ont participé des dermatoscopistes du monde entier a comparé la qualité des diagnostics établis par des experts et de ceux faits par intelligence artificielle sur des lésions pigmentées. Globalement trois algorithmes d’intelligence artificielle se sont révélés plus performants que les experts ! Jusqu’ici les algorithmes électroniques dont nous disposions ne semblaient pas suffisamment « efficaces » pour établir un diagnostic et il semble que ce ne soit plus le cas. Ce qui bien sûr ouvre de nouveaux horizons pour le dépistage et la reconnaissance des tumeurs notamment des mélanomes.Restaurer, resurfacer, réparer…et repousser les limites
Surfant sur la même vague que beaucoup d’autres spécialités
médicales, l’un des thème phares du congrès a été le rôle du
déséquilibre de la flore microbienne cutanée et intestinale
autrement dit du microbiome, dans l’émergence des pathologies de la
peau. Pour Marco Pignatti (Modène), tout ceci porte en soi les
germes d’une vraie révolution où la prise en charge des maladies
cutanées notamment inflammatoires passerait par la restauration de
la fonction barrière de la peau et la flore microbienne
intestinale.
Enfin, de nombreuses sessions auront été consacrées à la
cosmétologie et l’esthétique, produits de comblements mais aussi
technique non invasives de régénération des tissus, approche non
chirurgicale du « rajeunissement » et du remodelage. Dernière
mention spéciale pour les lasers toujours plus efficaces et sûrs,
utiles non seulement pour des indications esthétiques (épilation,
élimination de tatouage, resurfacing) mais dans certaines
pathologies. Paul Steven Nistico (Rome) signale ainsi la plus
récente application ; le traitement par thérapie biophotonique des
ulcères cutanés et de certaines maladies inflammatoires cutanées
telles que rosacée et acné.
Ainsi ce 24 e congrès avait-il fort justement pour titre «
A new era for global dermatology ».
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Le prochain, qui se tiendra à Singapour (préférée à Dubaï et Rio)
en 2023 s’appellera « Dermatology Beyond Borders ». Car, on
peut toujours vouloir repousser les limites…Dr Marie-Line Barbet