
L'oxygénation extra-corporelle veino-veineuse par membrane (ECMO) apporte un bénéfice en termes de mortalité dans des populations soigneusement sélectionnées. Des études contradictoires ont été menées concernant les résultats fonctionnels à long terme et la qualité de vie (QoL), certaines faisant état d'un avantage de l'ECMO par rapport à la ventilation mécanique conventionnelle, tandis que d'autres font état de résultats moins bons avec l'ECMO ou d'une absence de différence.
Cette étude a cherché à évaluer les états psychologiques et la
qualité de vie à 6 mois au sein d'une population britannique
traitée par ECMO veino-veineuse, technique la plus représentative
des ECMO de nos jours. Elle a également tenté d’élucider les
facteurs cliniques associés à un mauvais résultat
fonctionnel.
Une bonne récupération pulmonaire à 6 mois et un retour au travail dans les trois quarts des cas
L'indication pour l'ECMO était chez ces patients âgés de 16 ans au moins : une insuffisance respiratoire aiguë sévère potentiellement réversible, sans limitation du traitement de maintien en vie en cours, un score de Murray ≥ 3,0 ou une hypercapnie non compensée avec un pH < 7,20 malgré une FiO2 > 90 % en échec de prise en charge conventionnelle. Les patients ont reçu un bolus de 75 U/kg d'héparine pendant la canulation et une antibioprophylaxie : gentamicine 2 mg/kg et cloxacilline 1 g. Les objectifs d'anticoagulation ont été fixés pour viser un TCA de 160-200. L'ECMO a été poursuivie jusqu'à la récupération des poumons ou jusqu'à la survenue d'une défaillance multiviscérale irréversible.Quarante-trois patients (âge moyen : 43 ans) inclus dans
l'analyse avaient une fonction pulmonaire proche de la normale à 6
mois.
L'échelle HADS a révélé une anxiété et une dépression modérées
à sévères chez 32 % et 11 % des patients, respectivement. Le
PTSS-14 a montré que 29 % présentaient des signes de stress
post-traumatique. L'EQ-5D a montré que 67 % des patients avaient
des difficultés à reprendre leurs activités habituelles, 74 %
souffraient de douleurs, aucun n'a signalé de problèmes graves et
77 % ont pu reprendre le travail. Aucune variable clinique ou
démographique n'était associée à une mauvaise qualité de vie à 6
mois.
Cette étude, outre son faible effectif et son caractère
monocentrique, ne comportait pas de groupe témoin apparié et ne
mentionne nullement le type et la dose de médicaments psychotropes
administrés pendant le séjour en USC. Alors qu'un test de marche,
ou un test similaire, aurait été utile pour objectiver les
résultats fonctionnels, les évaluations fonctionnelles se sont
limitées aux tests de la fonction pulmonaire et aux scores
auto-déclarés de l'EQ-5D.
Dr Bernard-Alex Gaüzère