L’Académie de Médecine s’inquiète (encore) de l’exposition des enfants aux écrans

Paris, le vendredi 10 février 2023 – Dans un communiqué publié ce mercredi, les académiciens rappellent que la lumière des écrans est néfaste pour la rétine et pour le sommeil des enfants et des adolescents.

« Pas d’écran avant 3 ans, pas d’internet avant 9 ans ». Tels sont les recommandations, maintes fois répétés, de la Société française de pédiatrie, à propos de l’exposition des enfants et adolescents aux écrans des téléviseurs, ordinateurs et smartphones. Des recommandations qui ne seraient suivis que par 13 % des parents selon les derniers résultats de l’enquête Elfe publiés en octobre dernier et il n’est pas rare de voir régulièrement dans notre entourage des enfants parfois très jeunes passer des heures à regarder la télévision ou à s’amuser sur un smartphone. Une exposition aux écrans qui n’est pourtant pas sans danger pour nos petites têtes blondes, comme le rappelle l’Académie de Médecine ce mercredi.

Tout en reconnaissant que « passé l’âge de 3 ans, les écrans se révèlent, chez l’enfant, un remarquable outil de formation et d’éveil, pour peu qu’il soit encadré par les parents et que l’accent soit mis sur son interactivité et son caractère ludique », les académiciens débutent leur communiqué en rappelant que « l’usage abusif des écrans expose à des effets défavorables, notamment à l'adolescence, l'un de ces effets défavorable pour la santé tenant à la nature de la lumière que génèrent ces écrans ».

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On le sait, les diodes électroluminescente (LED) des écrans de nos téléviseurs et de nos téléphones émettent une lumière bleue, proche du rayonnement ultra-violet, qui est nocive pour l’œil et le cerveau. « L’exposition chronique aux LED induit des lésions cellulaires particulièrement néfastes pour la rétine maculaire située au centre de la rétine et assurant la vision fine, la lecture, l’écriture et la vision colorée ; la photoprotection par des verres anti-UV et anti-lumière bleue est cruciale, surtout pour les enfants et les adolescents dont le cristallin est très translucide » écrivent les académiciens, qui rappellent que « cette exposition s’avère délétère la nuit car elle inhibe la régénération physiologique nocturne des photo-pigments rétiniens ».

L’illustre institution alerte ensuite sur les effets délétères de l’exposition aux écrans durant la nuit sur le sommeil. « La bande bleue du spectre lumineux est la plus active sur l’horloge interne ; lors d’expositions chroniques à la lumière durant la nuit, y compris d’écrans, des troubles du rythme veille-sommeil apparaissent en lien avec la désynchronisation de l’horloge interne » expliquent les académiciens.

Une situation de « jet-lag social »

Ils s’appuient sur les résultats inquiétants d’une étude de 2020 sur la santé et le comportement des adolescents : 14 % des collégiens et 29 % des lycéens dorment moins de 7 heures par nuit les jours de classe (alors qu’il est recommandé que les adolescents dorment 9 heures par nuit) et respectivement 30 et 40 % d’entre eux se disent fatigués le matin, ce qui nuit à leur capacité de concentration et d’apprentissage. S’en suit, selon l’Académie, des désordres métaboliques (17 % des garçons et 11 % des filles de 11 ans sont en surpoids ou obèses) et des troubles de l’humeur et du comportement (anxiété, hyperactivité…). De nombreux enfants et adolescents sont dans une situation que l’Académie de Médecine qualifie de « jet-lag social », dans lequel le temps biologique est dissocié de la vie sociale.

Pour remédier à ce « problème de santé publique », l’Académie de Médecine avance plusieurs propositions : promouvoir l’utilisation de lunettes protectrices contre la lumière bleue, veiller à la régularité des horaires de coucher et de lever des enfants et des adolescents « pour éviter une désynchronisation de l’horloge interne », sensibiliser les enfants aux risques liés aux écrans et à l’importance du sommeil au cour du cursus scolaire et surtout mieux informer les parents sur la question et les inciter à proscrire pour leurs enfants l’usage des écrans durant la nuit.

Des recommandations qui risquent d’avoir un effet pratique limité, tant l’utilisation quasi-permanente des écrans fait désormais partie de notre vie, y compris pour les plus jeunes.

Grégoire Griffard

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