Royaume-Uni : les urgences confrontées à leur « pire hiver jamais enregistré »

Londres, le mercredi 4 janvier 2023 - Les services d’urgence britanniques au sein du NHS (National Health Service) sont en train de vivre leur « pire hiver jamais enregistré », estiment plusieurs responsables et représentants d’organisations de médecins. Les attentes interminables aux urgences provoqueraient 300 à 500 morts chaque semaine.

« Les hôpitaux sont pressurisés comme jamais auparavant », se sont alarmées plusieurs organisations sanitaires britanniques. Le Royal College of Medicine a indiqué que décembre a probablement été le pire mois en termes d’occupation des lits et de délais d’attente pour les soins d’urgence. Une situation « plus dramatique que les années précédentes », a affirmé le Dr Adrian Boyle, président du Royal College of Medicine. En novembre 2022 déjà, près de 38 000 personnes avaient dû attendre plus de 12 heures aux urgences avant d’être admises dans un service hospitalier, selon les données du NHS England. Un chiffre trois fois supérieur à celui de novembre 2021.

Les causes de la pressurisation des hôpitaux et des services de santé sont nombreuses : double épidémie de grippe et de COVID, absence de quasiment 10 000 employés du NHS en raison du COVID… Le nombre de personnes atteintes de la grippe devant être hospitalisées a ainsi énormément augmenté en quelques semaines : il n’était que de 520 en novembre, contre 3570 en fin d’année 2022. Par ailleurs, l’épuisement et le malaise des professionnels et notamment des infirmiers se sont exprimés à travers des grèves historiques il y a quelques semaines.

Une pression « intolérable et insoutenable » sur les hôpitaux

Pour la British Medical Association, organisation représentative des médecins outre-Manche, la pression sur les services de santé et les hôpitaux est devenue « intolérable et insoutenable ». « Les services d’urgence se trouvent actuellement dans une situation très difficile et, dans certains cas, dans un état de crise totale », a indiqué le Dr Ian Higginson, vice-président du Royal College of Emergency Medicine, organisation qui représente les médecins urgentistes britanniques. « Dans de nombreux cas, nous ne sommes pas en mesure de fournir des soins au niveau que nous souhaiterions ».

Le Dr Adrian Boyle a affirmé que de nombreux décès sont actuellement imputables aux retards dans les services d’urgence, indiquant même des chiffres allant de « 300 à 500 morts chaque semaine ». Une estimation qui semble fondée sur une étude publiée dans l’Emergency Medical Journal, qui a calculé que pour tous les 82 patients dont l’admission à l’hôpital est retardée de plus de six heures un décès dans les 30 jours est déploré.

« Il faut se garder de tirer des conclusions hâtives sur les taux de surmortalité et leur cause sans avoir examiné les preuves de manière complète et détaillée », a néanmoins souhaité tempérer Chris Hopson, du NHS England. Mais ce dernier a tout de même déclaré à la BBC Radio qu’il se sentait « profondément mal à l’aise » face au niveau de soins fourni actuellement dans certains hôpitaux.

Le Dr Nick Scriven, ancien président de la Society for Acute Medicine, a même exhorté les gens à « réfléchir soigneusement » avant de se rendre aux urgences. Le président de la British Medical Association, le Pr Phil Banfield, a quant à lui appelé le Gouvernement à « s’engager et à prendre des mesures immédiates » pour résoudre cette crise sans précédent.

Le Gouvernement britannique débloque 14 milliards de livres sterling

Les regards se tournent donc désormais vers le gouvernement, qui a d’ores et déjà annoncé plusieurs plans d’aide massive au NHS. « Nous travaillons sans relâche pour garantir que les gens reçoivent les soins dont ils ont besoin, grâce à un financement supplémentaire de 14,1 milliards de livres sterling pour la santé et les soins sociaux au cours des deux prochaines années », a affirmé un porte-parole du ministère de la Santé.

500 millions de livres additionnels seront également débloqués pour accélérer « les sorties des hôpitaux et libérer des lits », a ajouté le porte-parole. Enfin, le gouvernement souhaite créer jusqu’à 7000 lits supplémentaires et soutenir la formation et le recrutement de personnels de santé, y compris en allant chercher des praticiens à l'étranger. Une solution de dernier recours qui pourrait bien s’avérer nécessaire pour surmonter cette crise sans précédent.

Raphaël Lichten

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