Grève historique des infirmières au Royaume-Uni

Londres, le jeudi 15 décembre 2022 – Près de 100 000 infirmières britanniques sont appelés à la grève ce jeudi pour demander une augmentation de salaire.

En 1978, le gouvernement britannique faisait face à ce que les historiens ont appelé « l’hiver du mécontentement », une série de grèves dures dans un contexte de forte inflation. 44 ans plus tard, l’histoire semble se répéter alors que le Royaume-Uni est touché par une série de mouvements sociaux. Après les cheminots mardi et mercredi et en attendant les postiers ce vendredi, ce sont les infirmières britanniques qui se mettent en grève ce jeudi.

Au total, ce sont près de 100 000 infirmières qui devraient participer à cette grève historique en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord (actuellement en négociations sur leurs salaires, les infirmières écossaises ne participent pas au mouvement). Si les services d’urgences, de pédiatrie et de cancérologie ne devraient pas être perturbés, tous les autres départements hospitaliers vont voir leur activité fortement perturbée par cette grève. Des dizaines de milliers de rendez-vous médicaux vont être annulés et de nombreuses opérations non-urgentes repoussées. Sauf évolution favorable des négociations avec le gouvernement, une autre journée de grève aura lieu mardi prochain.

Une demande d’augmentation des salaires de 19 %


Jamais durant ses 106 ans d’existence, le Royal College of Nursing (RCN) n’avait appelé à la grève générale. Mais les conditions économiques difficiles que traversent le pays (inflation globale de 10 % et hausse des prix de l’énergie) ont finalement poussé le syndicat national des infirmières à franchir le pas et la grève a été votée à une assez large majorité par les 300 000 infirmières britanniques. Leur principale revendication est une hausse des salaires de 19 %, sachant qu’une augmentation de 4 % leur a déjà été accordée cette année. Elles estiment avoir perdu 20 % de pouvoir d’achat depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs en 2010.

Affaiblie par deux années de crise sanitaire, le système de santé britannique connait les mêmes difficultés systémiques que le nôtre : manque d’effectifs, diminution du nombre de lits, surcharge administrative, épuisement professionnel… A cela s’ajoute un problème qui plombe la NHS et qui ne cesse de s’aggraver avec les années, celui des délais de prise en charge : 10 % des Britanniques sont sur liste d’attente pour des traitements, dont 380 000 personnes depuis plus d’un an.

Le gouvernement conservateur refuse de céder


En difficulté dans les sondages, le gouvernement conservateur du Premier Ministre Rishi Sunak n’a pas l’intention de céder aux revendications des infirmières. La ministre de la Santé Maria Caulfield, elle-même infirmière, a ainsi indiqué que la demande d’augmentation des salaires de 19 % était « irréalisable ».

L’exécutif essaye donc d’orienter le débat sur la continuité des soins et de présenter cette grève comme dangereuse. Le secrétaire d’Etat à la santé a ainsi considéré comme « profondément regrettable » que l’appel à la grève ait été maintenu, affirmant que les infirmières devraient avoir comme « priorité absolue » la sécurité des patients.

La réponse du RCN ne s’est pas fait attendre, le syndicat dénonçant une « volonté politiquement motivée de salir, de la part d’un gouvernement qui laisse tomber les patients ». « Comment s’assurer que les patients reçoivent les meilleurs soins ? En s’assurant que l’on a assez d’infirmières, pas en ayant 50 000 postes vacants » a lancé Pat Cullen, secrétaire général du RCN.

Si le gouvernement conservateur voulait retourner l’opinion britannique contre les infirmières, l’opération est ratée, les sondages indiquant un large soutien à la grève de la part des sujets de Sa Majesté. « Nous sommes avec vous » titrait ce jeudi The Daily Mirror.

Grégoire Griffard

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article