
Paris, le lundi 25 septembre 2023 – À partir d’une analyse de 40 000 cas d’arrêts cardiaques dans l’espace public, des chercheurs canadiens ont constaté que les femmes bénéficiaient moins souvent de massage cardiaque que les hommes.
Les femmes subissant une crise cardiaque dans un lieu public sont moins susceptibles d’être l’objet d’un massage cardiaque que les hommes : une hypothèse qui, si elle s’avère confirmée, pourrait expliquer en partie la surmortalité des femmes dans ces situations. C’est en tout cas ce qu’avance une nouvelle étude canadienne qui n’a pas encore fait l’objet d’une publication mais qui a été présentée la semaine dernière au congrès européen de médecine d’urgence qui s’est déroulé à Barcelone.
40 000 cas d’arrêts cardiaques en public analysés
Plus spécifiquement, l’analyse porte sur 40 000 cas d’arrêts cardiaques extra hospitaliers survenus aux États-Unis et au Canada entre 2005 et 2015. Pour les arrêts cardiaques survenus dans un lieu public (dans la rue, dans une salle de sport…), 68 % des hommes ont reçu un massage contre 61 % pour les femmes.
Un écart qui « augmente la mortalité des femmes à la suite d’un arrêt cardiaque, c’est certain », souligne auprès de nos confrères de l’AFP Alexis Cournoyer, médecin urgentiste à l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal et co-auteur de l’étude.
La crise cardiaque ne se manifeste pas de la même manière chez les femmes que chez les hommes
Les chercheurs ne sont pas en mesure d’expliquer clairement les causes de cette différence. Les témoins pourraient, par exemple, ressentir une gêne à toucher la poitrine d’une femme sans son consentement.
Autre hypothèse : les symptômes de la crise cardiaque ne sont pas toujours similaires pour les hommes et pour les femmes, ce qui pourrait retarder la compréhension des témoins d’un tel phénomène. Une étude publiée en août dernier dans Lancet Digital Health rappelle ainsi que, pour les hommes, celle-ci se manifeste plus souvent par des douleurs thoraciques — le symptôme « classique » et le plus connu de la crise cardiaque —, alors que les femmes souffrent plus souvent d’un essoufflement.
De même, la crise cardiaque est souvent considérée comme un évènement qui touche majoritairement les hommes, ce qui pourrait également empêcher la compréhension de la situation lorsqu'il s'agit d'une femme.
Enfin, l’âge pourrait aussi être un facteur explicatif, mais l’étude a néanmoins constaté que les femmes de tous âges étaient moins susceptibles de recevoir une RCP.
Cette nouvelle analyse fait écho aux résultats d’une étude suisse publiée dans BMJ Medicine en décembre 2022. Celle-ci avait également conclu, à partir des données des hôpitaux suisses, que les femmes étaient moins susceptibles de recevoir un massage cardiaque en cas d’arrêt ou de crise et qu’elles étaient également moins bien prises en charge. Leur pronostic était, de même, moins bon que celui des hommes subissant un arrêt cardiaque. Enfin, leur probabilité de complications était plus élevée et elles risquaient de subir une hospitalisation plus longue.
Raphaël Lichten